André Markowicz | Un entretien aléatoire (3)


Vous miroitez de loin,
au nom de l’acte,
et vous portez l’angoisse désirée,
voleurs de vie, coupeurs
de langue en deux, —
la trace inscrite
en est impartageable, mais
où vos pensées,
seules, font leur ravage,
arrachant l’être
à son être lui-même, la mésange
est venue picorer (il suffit juste
— en vain –
de contrôler ses gestes) —, vous
me maçonnez un mur
dans les jours doubles : c’est
mon châtiment à moi,
d’être en demeure.


« Serrez ma main »,
a dit la voix,
mais qui la porte ? c’est plus difficile.
À la fascination
de son retour
ou du brouillard ensuite si
plus de quelques instants
est au-dessus
de toute force humaine, tout
entier tendu —
« serrez ma main, serrez », mais immobile,
oh ! vouloir tellement que cette main
le puisse, il est, le souffle existe,
il est, lui, le moyen de l’envahissement,
et elle, cette voix qui dit
ça, sur la main serrée
(mais à qui d’autre ?), laisse
à son errance la clarté du son.


Et vient,
sitôt qu’on vous l’accorde, la
terreur de son
manque, puisque les yeux
perdent pouvoir ici
sans conséquence.
Un peu de ce cristal
encore et je
saurai t’attendre, qui
n’es pas même nerveuse dans l’approche pour
défigurer, et ronges tant
que j’attendrai toujours,
que tu
sois là ou non, — oh certes cette
attente et ce
délaissement —
un jour, et tout le corps n’est que
frénésie d’être vide — retenir la main.


Où le cercle est posé,
brandes « fanées, farouches », l’air
n’est pas plus corporel.
Celui qui dure
est du côté du sang et du
silence, la froideur
sauve — mais la distance
et votre oscillation d’un monde
à l’autre, autour
du sang soustrait
creusent. Je ne dors plus.
Pour l’une, charbonnière,
et l’autre, bleue,
l’une, mon éloignée,
l’autre, mon intouchable, l’une
à votre merci, l’autre sans chair,
je suis entré dans le miroir des jours
où je n’aurai plus même une ombre à moi.

31 mars – 3 avril 2011.


15 septembre 2011
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