Disparition de Stacy Doris

L’écrivain et poète Stacy Doris est décédée ce 1er février 2012 à San Francisco. Elle était née à Bridgeport dans le Connecticut en 1962. Parallèlement à ses textes en langue anglaise – Kildare (1994). Conference (2001), Knot (2006) – Stacy Doris avait publié quatre livres en français aux éditions POL.

La vie de Chester Steven Wiener écrite par sa femme (1998) et Une Année à New York avec Chester (2000) chroniquent la vie d’un couple d’intellectuels New-Yorkais, dans un français parfois absurde. « Pour donner un tout petit exemple, [Chester] ne range pas les assiettes et les bols en fonction toute bête de leur taille et usage, comme tout le monde le fait ; il les range selon un système à la fois esthétique et pratique. La vie de Chester est pleine de petites merveilles pareilles. » Écrite (ou ré-écrite) en français en 2005, la tragicomédie Parlement donne voix à une multitude de personnages-objets/animaux/artistes/signes qui forment une assemblée cacophonique. Le dernier livre paru en français, Paramour, a été traduit par Anne Portugal et Caroline Dubois en 2009. Il reprend le thème « bien conservateur » du poème d’amour, mais en l’inscrivant dans un kaléidoscope de formes savantes et populaires (chants et danses, palindromes, chansons pop, calendrier de l’avent,) où « se rencontrent Sire Vuitton et Dame Wi-fi ». L’œuvre de Stacy Doris allie netteté de langue et grande variété formelle, certain humour, donc rythme, et certaine virtuosité, donc fantaisie :

« Chers amis êtres vivants », elle commence, c’est moi votre Général de guerre divine personnalisée, messagère de toute invisibilité. (...)

Lavez les mains de la vie et devenez un personnage de bande dessinée.

On a une unité. Elle s’appelle [signe intranscriptible], et elle est domiciliée là où les langues et les imaginations naufragent. Son bain est bouillonné par les chants de cent couleurs. Elle est pareille à l’envie.

Comment mesurer la lune par les poissons ?

Pour franchir ce qui ne finit jamais, jette tout ce que tu peux.

Ne Compte pas sur toi.

(Avertissement de Bel’Bel, in Parlement)

Stacy Doris était également traductrice de l’espagnol et du français. Elle avait traduit en anglais des textes de Christophe Tarkos ou Dominique Fourcade, et dirigé des anthologies comme Twenty One New (to North America) French Writers.

Deux pages « auteur » lui sont consacrées sur le site POL : en tant que Stacy Doris ; et en tant que « sa femme » (livres sur Chester Steven Wiener).

À voir également la vidéo sur le site de Double Change (seconde vidéo de la page) où Stacy Doris écoute « sa » lecture. Double Change


Frédéric Laé

4 février 2012
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