Vous dire qu’il est encore temps...

Vous dire qu’il est encore temps...

* d’aller voir l’exposition Philippe Jaccottet et les peintres, àla Galerie Alain Paire d’Aix en Provence présenté par Jean-Marie Barnaud.

* de découvrir les inédits du cahier de création  :

Charogne de Joë l-Claude Meffre

« Lolo, Lolo, t’es quoi, toi, maintenant ?  », B. s’est dit. « T’es quoi ? Une ombre ? Une ombre qui te suit et qui ne t’obéit pas ? Qu’elle aille où elle veut, cette ombre, qu’elle parte au diable ! Tu ne chasseras jamais avec une ombre.  » B. a désormais sa chienne qui continuera de puer dans sa mémoire, parce qu’il lui a trop peint la peau de son ventre avec le grésil noir comme du bitume. Et l’odeur âcre du grésil restera collée dans son nez.

La fin de l’orange d’Hélène Frédérick

Il nous reste bien toutes nos mains, et tous nos ventres. Nous touchons pour voir. Sur le plancher saumon, de l’eau, du sucre, je n’ai plus de robe, c’est la fin de quelque chose. Pourtant plus de lise. Que de l’eau. Lisse. Une crue. Derrière les oreilles, des nids. J’ouvre un bras, et dans le coude, une marelle noire. Un petit pois, une craie taillée en bisot.

Elle dit de devande. Introduction àtrois récits ( « Les Essarts  », « Dix ans  », « Gisse  ») liés en un ensemble intitulé Des Aires. Brève histoire du temps, sur quinze années, pour quelques personnes prises dans un monde, dans des relations, de plus en plus indéfinissables.

Elle dit :
Il n’y a pas d’étoile. Quand on dit les étoiles on ne dit rien. On part d’une immobilité pour arriver àune autre immobilité. Il ne dit pas. Il a longtemps refusé de parler. Je parlais pour nous. Un faux nous faux jumeaux. Sa voix, il n’y a que moi qui l’entendais. On est restés longtemps comme ça. Puis, on a commencé àle torturer. Ce désir de normalisation qui hante tous les parents. Tous sans exception. Alors il a parlé. Il faisait ses gammes. Cherchait son débit.

Sans effusion de Cécile Portier en vingt-huit fragments.

6- Puis s’intercale un nouveau vertige, entre la chair et la peau il s’immisce. Épluche tout le corps, de bas en haut, en commençant par la nuque. Lentement. Les flancs s’écaillent en frissons froids. Plus bas : le vertige trouve une fissure. Un acide particulièrement suave s’y déverse. Une douceur fomente et s’aiguise.

8- C’est comme marcher sur l’eau, marcher au dessus du gouffre. C’est marcher en étant femme.

Marasme de Béatrice Mauri, une "partition qui annote le réel ; déplace l’oeil pour mieux voir".

vaille que vaille des yeux pleurent sans lumière ils savent écouter le sable de loin près des strates sinueuses couvertes d’eau traces laissées sous la lune descendante en gueule qui respire dans les poumons de l’anémone balisée nue entourée de flaques sillonnées de mémoire qui remonte comme un signe mais cela baisse encore ça lâche sous le poids de l’asphyxie plus d’écume un chagrin esseulé qui au milieu part en savonnage un désordre ou rien ne peut plus prendre même si la marée tient au coeur accroché sur la balise plus de gueules dans le désert ici les limaces laissent leurs baves en signe de désespérance

Loin de Kafka où Cécile Wajsbrot s’étonne : Autrichien Kafka ? Vraiment ?

* d’explorer des propositions de lectures  :

Joseph un récit de Yun Sun Limet que Martine Sonnet a entendu lire, a lu et a aimé.

Et soudain quelque chose s’effondre. L’enfance peut-être se termine et s’ouvre le temps de l’incertitude où l’on découvre la vie avec effroi.

Le Désert et sa semence de Jorge Barón Biza. Reprise d’une chronique de Jean-Yves Bochet rédigée pour l’émission Mauvais Genres sur France Culture.

Cultivez votre tempête d’Olivier Py. Une lecture de Dominique Dussidour qui remarque que dans l’œuvre d’Olivier Py," il n’y a pas lieu de distinguer d’un côté l’écriture des textes qui seront portés sur une scène par la voix et le corps des acteurs, de l’autre des textes destinés àexpliquer et convaincre de son engagement artistique."

des second & premier de Dominique Quelen qui nous en avait confié des pages alors inédites. Lu ici par Ludovic Degroote.

et bien sà»r les lectures fidèles de Jacques Josse :

Lignées de Françoise Ascal

Je ferme les yeux et laisse le mot venir, le mot qui bouge sous ma plante de pied, le mot que je froisse àchaque pas mais qui se redresse toujours, graminée têtue, chiendent de consolation

Visage vive, de Matthieu Gosztola ; Abalamour de Paol Keineg, avec des dessins de François Dilasser ; Le Secret secret, de Laurent Albarracin qui anime depuis quelques années Le Cadran ligné, une collection de petites plaquettes où chaque titre ne comprend qu’un seul poème.

* de faire un détour par
Abolition des frontières, quatre extraits filmés de la lecture-performance réalisée par Pedro Kadivar aux Ateliers Berthier dans le cadre de sa résidence au théâtre de l’Odéon. Où, àpropos de langue, d’exils et de territoires, l’auteur-metteur en scène illustre comment l’intime rejoint le politique.

* de humer l’air confiné de la cellule du Marquis de Sade àla Bastille où nous entraine Dominique Dussidour.

* àmoins que vous ne préfériez jouer avec Catherine Pomparat qui se met en six pour vous : en six pas (où il est aussi question de soutien au CipM et en [six noms].

ps : On n’a rien dit des Monostiques, du Bonhomme Pons, des Mémoires tziganes, du Devenir Jimy Hendrix et des dizaines d’autres lectures, ateliers et performances réalisés dans le cadre des résidences d’Ile-de-France, parce que tout est là.

©photo - fabienneswiatly

8 juillet 2012
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