Ça sent bon, un livre



On n’aurait jamais cru, pas vrai ?
Ça sent bon.
Jamais cru que ce petit livre, il soit làun jour, entre les mains qui soupèsent, tournent, retournent, tâtent, en respirent les pages.
Et on lit et on rit en ce dernier jour de l’atelier de juin.
Ça sent bon l’écriture imprimée, l’encre de ce que vous avez livré pendant toute l’année,
entre deux étés et àla merci de l’inconnu de vous, avançant au travers des tumultes intérieurs, échappées, renoncements, reconnaissances et détresses pudiques.

Ça impressionne chacun, chacune.
Ce livre.
C’est de nous ?
C’est de vous.
Parce que vous êtes venus et revenus, fidèles, curieux, fervents d’énergie, d’humour et d’inventivité malgré.
Parce que, une fois le pas franchi, une fois la porte ouverte, aucun d’entre vous n’a renoncé, malgré.
Parce que quelque chose s’est passé, qui aurait pu ne pas être mais qui, entre nous,
a été là, et tout de suite.
Anne-Lysette, Barbara, César, Dominique, Elisabeth, Fred, vous êtes le début de tout l’alphabet, avec une lettre en plus.
Une lettre invisible que nous avons fait apparaître àl’atelier.
Personne ne sait ce qu’elle est ni ce qu’elle nomme.
Car 27 d’entre vous, semaine après semaine, dans le silence de cette petite salle aux murs jaune clair, ont rêvé sans dormir, voyager sans bouger, et creusé les fondations d’une maison qui est la vôtre, celle de l’intérieur, tout au fond, làoù ça brille avec ardeur et d’où personne ne viendra vous déloger, quoi qu’il arrive.
Les beaux miracles sous le stylo qui rature, l’inépuisable source, l’accueil, toujours.
Ce livre.
C’est de nous ?
C’est de vous.

Parce que vous êtes venus et revenus àvous.
Parce que je suis partie (en résidence), me suis perdue un peu beaucoup (dans ma propre maison) et suis revenue àmoi, malgré.
Grâce àvotre confiance, admirable persévérance, preuve par 27 de l’existence d’un seul.
Soi.
Grâce àvous, ànous.
À la lettre nouvelle ajoutée, celle qui complète l’alphabet de chacun.
On n’aurait jamais cru, pas vrai ?
Ça sent bon, d’écrire, si bon.
Vaille que vaille, malgré.
Alors merci de tout cœur.





10 juillet 2012
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