« Quelque silence porté au cÅ“ur  »

Enlacement(s) de Raharimanana vient de paraître aux éditions Vents d’ailleurs. C’est un ensemble de trois textes : Des ruines qui a été mis en scène par Thierry Bedard àla Maison de la poésie en 2012, Obscena et Il n’y a plus de pays. Ils bordent, sans le fermer, l’espace de parole qui est celui de Raharimanana : la mémoire nécessaire au présent, les parcours d’exploration de la douleur, l’espérance qui tient le corps debout et le redresse vers le chant et la danse.

Raharimanana sur remue.


 

Des ruines ou Prologue pour une résidence d’écriture [1] :

Prendre espace quand tout est ruine autour de soi. Je me retourne sur ma mémoire. Ma mémoire est du plus loin que je la ressens de douleur et d’espérance. À chaque fois renouvelée, àchaque fois la même, de douleur et d’espérance. Et ma mémoire est d’esclavage, espérance de liberté. Et ma mémoire est de colonisation, espérance d’indépendance. Et ma mémoire est d’indépendance. La liesse et encore l’espérance trahie sur le règne des dictatures et autres impostures.
Sur le temps, je me retourne…





Obscena, pour voix et chorégraphie :

Ce qui entre par la bouche. Me tue. Ce qui entre par la bouche. Me tue. Ce qui entre par la bouche. Me tue. Ce qui entre par la bouche qui me tord qui me tue. Ce qui m’entre par la bouche par le corps par les pores par le ventre par tous les pores de mon corps et qui tombe qui me tue qui tombe qui me tue qui tombe dans la chair de ma chair qui me soulève…





Il n’y a plus de pays, pour chants et chuchotements :

et tandis que je bois àlongs traits
je viens àme regarder dans l’eau puisée
en mes mains je ris de ma soif je ris de
ma gorge palpitante de ce désir d’être
encore, de continuer d’être encore sur une
humanité qui jongle sur sa raison d’être…
je vends vandalise ce que veut vaut l’eau que je boise, pisse, je ripe mon rire àl’aune de ma rage…

3 février 2013
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[1À Athénor, scène nomade (Saint-Nazaire-Nantes).