Aventuriers, irréguliers et libertins méconnus du Siècle des Lumières


Bibliothèque de l’Arsenal, 1 rue de Sully, Paris 4e

cycle Lundis de l’Arsenal

les lundis du 27 mai au 17 juin 2013

18h30 – 20h

entrée libre sur réservation 01 53 79 49 49


Jusqu’en juin 2013, la bibliothèque de l’Arsenal accueille l’écrivain Cécile Guilbert en résidence, avec l’aide du Service Livre du Conseil régional d’Île-de-France. Durant cette résidence, Cécile Guilbert anime des ateliers d’écriture avec les lycéens sur des thèmes liés à la littérature du XVIIIe siècle, époque au cœur de son projet d’écriture, en interaction avec les collections de la bibliothèque. C’est dans ce cadre que s’inscrit ce cycle de conférences.


27 mai

Fougeret de Monbron, un aventurier misanthrope

Lectures par Gérard Desarthe

Prototype du « mauvais sujet » à l’indépendance d’esprit intraitable, souvent emprisonné ou expulsé, Louis-Charles Fougeret de Monbron (1706-1760) a mené une existence aventureuse à travers l’Europe très solitaire. Sa devise ? « Contemni et contemnere » (mépriser et être méprisé). Longtemps considéré comme un écrivain mineur, il est pourtant l’auteur d’une œuvre hétéroclite et singulière côtoyant le burlesque et le grinçant. On lui doit notamment Margot la ravaudeuse (1748), fameux roman de prostitution interdit dont la destruction pour outrage aux bonnes mœurs fut aussi ordonnée en 1815, 1822 et 1869.


3 juin

Le gai libertinage du mystérieux Chevalier de Nerciat

Lectures par Nicole Garcia

Autant l’existence vagabonde d’André-Robert de Nerciat (1739-1801) est remplie de zones d’ombre, autant son œuvre est lumineuse et hardie. Sa morale ? Le plaisir n’est jamais un crime mais l’innocente manifestation d’un certain bonheur. Militaire, poète, musicien, employé dans deux petites cours allemandes, il émigre en 1792 et devient agent double. Remarquable par sa grande inventivité dans les scènes amoureuses, son œuvre romanesque (Le Diable au corps, Les Aphrodites) se caractérise par un charmant mélange de crudité et d’esprit. À commencer par Félicia ou Mes fredaines (1772), confession d’une gaie délurée, vraie « philosophe » du libertinage au féminin.


10 juin

Mirabeau, amoureux et libertin

Lectures par Jean-Claude Dreyfus

Diplomate, franc-maçon, journaliste mais surtout révolutionnaire et tribun, on ne présente plus Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau (1749-1791). Néanmoins, avant de jouer le rôle politique que l’on sait, « Monsieur l’ouragan » (dixit son père) eut une jeunesse libertine des plus aventureuses et romanesques. Plusieurs fois emprisonné pour dettes, exilé, fuyard adultérin aux côtés de Sophie de Monnier, condamné à mort par contumace et incarcéré à Vincennes, sa passion de la liberté chevillée au corps rappelle celle de Sade. Auteur de Ma Conversion, on lui doit également Hic-et-Haec et Le Rideau levé́ ou l’Éducation de Laure où se manifestent, autant que sa hardiesse, sa formidable vigueur.


17 juin

La Morlière, escroc, maquereau et vaurien

lectures de William Mesguich

Synonyme de honte et de scandale, le nom de Jacques Rochette de La Morlière (1719-1785) a fait passer toute son œuvre à la trappe de la postérité hormis Angola, élégant conte de boudoir satirisant jusqu’au sarcasme les mœurs oisives et papillonnantes des « petits maîtres » qui connut à sa parution en 1746 un vif succès. Son auteur ? un curieux personnage, scélérat au bagout impudent et désinvolte, maître chanteur et spadassin qui exerça sa tyrannie de cabaleur en chef durant cinquante ans aux Italiens et à la Comédie française. Habitué des « affaires de mœurs », escroc et SDF, sa fin misérable est à l’image de celle des parasites qui hantent la bohème littéraire de ce temps : mal payés pour leurs besognes, végétant entre tripots et taudis.

20 mai 2013
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