(3) Qui sont les écrivains sélectionnés ?

Je ne les connais pas encore tous. Nous sommes une vingtaine. En décembre, le Conseil régional nous a réunis. Chaque écrivain était venu en binôme avec un responsable de son lieu d’accueil.

C’était la première année que le Conseil régional réunissait les lauréats avant le début des résidences.

En tout (avec le personnel du Conseil régional, deux représentants de remue.net, une personne en charge de la Maison des écrivains), nous étions presque cinquante, assis les uns à côté des autres, dans une grande salle avec une table immense (sur laquelle des micros avaient été incorporés pour chaque participant).

Ça ressemblait à un décor de film. Un film dans lequel les écrivains auraient pris le pouvoir. J’ai voulu sympathiser avec ma voisine de gauche (qui je crois n’était pas écrivain) ; j’ai dit : « C’est romanesque cet endroit. » « Vous trouvez ? » Son ton était sec. Elle s’est levée et a changé de place.

Claudie (la responsable des médiathèques de l’AP-HP) m’accompagnait. C’était la première fois qu’on était en tête à tête ensemble. Un peu plus tôt, on avait déjeuné rapidement (j’avais commandé une omelette). Elle m’avait expliqué la différence entre les « médiathèques » (qui disposent d’un budget et d’un personnel formé) et les « points lecture » (gérés par des bénévoles). Sur les 37 hôpitaux de l’AP-HP, une vingtaine environ disposent d’une médiathèque ; les autres se contentent de « points lecture ». Ce sont les directeurs d’hôpitaux qui décident d’allouer ou non un budget pour la lecture.

Dans la salle immense du Conseil régional, un tour de table commence. Patrick et Guénaël nous expliquent comment fonctionne le site Remue.net. Ce site, créé par François Bon, a noué un partenariat avec le Conseil Régional : les auteurs en résidence peuvent disposer de leur propre page ; ils peuvent l’aménager.

Seuls les écrivains parlent. Les responsables des lieux écoutent. Pendant plus d’une heure, chacun à tour de rôle explique son projet en quelques minutes (l’un travaille en prison, une autre à la Croix-Rouge, un troisième dans une librairie. Il y a un tourbillon de projets ; un homme parle de son père : il était en prison, à vingt ans, parce qu’il était collabo).

Après la réunion, autour d’un jus d’orange, on signe nos conventions.

Le Conseil régional m’accorde une bourse de 2000 euros par mois ; elle financera les frais liés à ce projet à hauteur de 5000 euros (l’AP-HP participera également au financement des frais, à hauteur de 5000 euros).

Je cours m’acheter une tarte aux abricots. Les fruits glissent. Olivier et Olivier, deux écrivains qui ont également obtenu une résidence, discutent en souriant devant une double porte.

Je me sens léger. Démuni face à toute cette énergie.

20 janvier 2014
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