Atatao, lecture de Philippe Rahmy

Atatao de Caroline Sagot Duvauroux

Caroline Sagot-Duvauroux nous fait don, avec Atatao (Corti 2003), d’un poème qui renvoie la critique àsa propre insuffisance, en raison de l’écart irréductible marqué entre le parler du poème et la parole du poème. À propos de ce texte, en guise de commentaire de lecture, la question muette posée àl’espace littéraire...

Est-il possible de parler de littérature, sachant que la critique pèche tant par insuffisance àdire son admiration que par impuissance àtaire son euphorie, sachant encore que le texte qui s’objective àla lecture, se creuse de ce qu’il lui soustrait : sa justification que nul art poétique, nulle intelligence, nulle intuition ne saurait saisir absolument ?

L’irréductibilité d’ Atatao, qui marque une dénégation àl’effort de connaissance, tient au fait que ce texte déborde sa réception lorsqu’il se montre, justement, par la limite où il s’abolit, c’est-à-dire lorsqu’il infléchit son intentionnalité, stratégie d’auteur, par sa seule disponibilité àla littérature, sa seule non-compromission. Cette affirmation, posée comme appel, non comme savoir, signifie de façon assez convaincante l’impropriété de la critique àrépondre aux besoins de ce même savoir, critique dont la motivation implicite, ressort d’appropriation, contredit voire offense la gratuité, la beauté du surgissement littéraire.


Atatao a paru en 2003 chez José Corti.

Lire également dans Le Matricule des Anges.

6 mai 2003
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