Isabelle Bonat-Luciani | Track 10 : Barbara Carlotti



Hier quelqu’un m’a interpellée

dans la rue.

Il m’a pris pour quelqu’un d’autre.

C’est pas faux.

Il était sà»r de lui.

J’ai bien vu qu’il croyait que j’aurais pu être Elle

un Elle bien particulière

parce qu’il était un peu engoncé

un peu timide

un peu rouge aux joues.

Il m’a donné des preuves

que j’étais bien cette autre

qu’il avait croisé un jour dans le train.

Je l’avais ému ce jour là

démuni même,

parce que les filles qui pleurent

dans les trains

il m’a dit que ça le touchait

plus qu’une fille qui pleure dans la rue.

Peut être parce qu’on a le temps

dans le train

de se raconter un voyage

une histoire pour chaque personne

àtravers un geste

un livre qu’elle tient dans la main

une bouche ouverte les yeux fermés

une petite ou une grosse valise.

Un regard ou un regard qui en fuit un autre.

Il m’a dit ça ému.

Les larmes.

Je me souviens très bien

parce qu’elles couraient en silence

entre deux sourires légers

si bien qu’on ne savait pas comment

raconter mon histoire.

Moi non plus.

Je pleure toujours dans les trains.

Je ne sais pas quitter.

Dans les trains on quitte toujours

quelque chose de trop

ou quelque chose qui va manquer.

Je ne sais pas devenir.








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31 août 2014
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