Shirley Kaufman/Claude Vigée à Village Voice
Si nous le pouvions,
nous rincerions ainsi
notre esprit de l’impensable.
était l’invité des Lectures sous l’arbre du Vendredi 20 aoà »t 2004 à 21h au Collège Cévenol pour une lecture bilingue (anglais) des poèmes de Shirley Kaufman : Un abri pour nos têtes (Cheyne éditeur).
Poèmes également dans la revue Conférence.
Cette fois c’est à Paris (cliquer sur l’image) :
Thursday May 26th at 7pm
Je me permettrai ici de les réunir (en français) :
Le parapluie d’Ungaretti.
"Ça, c’est le parapluie d’Ungaretti", dit Claude
en venant rapporter un livre. Il s’amène
entre deux averses, pour garder
le parapluie au sec.
Claude se rappelle le tonnerre et la grêle
quand Ungaretti a lu ses poèmes à Jérusalem
mais les mots étaient tranquilles :
Isonzo ... Serchio ...
les noms que portaient ses fleuves .
Tout le monde peut oublier son parapluie,
mais ça, c’est le parapluie d’Ungaretti.
La crosse de la poignée cerclée d’argent
suffirait pour deux mains. "Pourtant, dit Claude,
Ungaretti était un fort petit homme."
Qu’avait-il à faire
d’un si vaste parapluie noir ?
Dehors, la pluie s’est remise à tomber,
douce maintenant comme les fils du ver à soie,
les lacis légers de l’espoir.
Les pins, le cyprès,
les poivriers de l’autre côté de la rue
s’élancent à sa rencontre. Si nous le pouvions,
nous rincerions ainsi
notre esprit de l’impensable.
Je vais faire du thé. Le parapluie
se tient plié dans le coin
comme la manche noire du capitaine Hook.
Nous avons encore besoin d’un abri
par dessus notre tête.