Mutique | Béatrice Machet

Mutique. Une densité dans un espace qui refuse en bloc. Un entêtement serré. Comme poing comme un front et les courbures de leur surface sous la force. Arque-boutée. Un point de rupture un air d’inflexion pour que la voix dans la saisie du corps échappe. Une corde nouée jetée depuis une fenêtre et seuls ouverts deux yeux pour un regard qui prend toute la place.

Mutique. Mais avec souffle. Et cimes. Les sens flairent le vide. Massif. Léger comme un silence. Après la corde et les nœuds devenus sourds sauf àla marge. De la rencontre. Du sauvage. Souple du ruissellement. Présence du rien n’est pas l’absence du tout. L’obstination. Ce qui infinitive ce qui infiniment dans les voix au secret et ça fait mains textuelles. Cohésion comme un doux glissé.

Mutique. Libéré d’un réel où tête prise et cœur en battance. Les soupirs comme foudre. Les doigts passent. Indémontrables. Nerveux. Mutiques impossibles àtaire. A terre se plaquer. Et comment sinon contre lui. Ne plus lâcher. Par les chenaux passer et lui abandonner. Ma langue.

Mutique. Non méthode. Contraction folle. Grain brillant dans l’immensité du jour. La nuit le multiplie. Alors le vent. Rotation plus frottement plus énergie solaire plus pression. Anticyclone et les milliards d’étoiles. La question du trou noir.

Mutique. Un il. Tentation circonflexe et masculins deux sourcils. Géométrie du regard. Il l’autre il l’entre et son voyage vers moi récurent comme un rêve. Il volontaire m’offre son port ses docks pour que j’y débarque son exil.

Mutique. Vola-t-il. Alors out il. Gentil passant qu’on n’a pas retenu. Mais trois puisque paire et fil. La dialectique du ciseau. Ouvrir pour que circule et surtout que ça sorte. De profil. Après la tête l’épaule sinon un péril. Tombé. Perdu en mer.

Mutique. Le tournant viril. La tentative de mise àplat d’un horizon. Elle le voudrait subtil. Pour l’embellir. Sera-ce de transparence ? (Ne pas penser ce que ça coà»te…il…)

Mutique. Un faux départ début avril. Un coup de fusil. Pour le havre repasser demain. Pour le il au fond de terre. N’est pas fourni nécessairement avec le pain. Le vin n’est pas levain. Rien fait jaser. Mais insonore.

Mutique. Elle s’en va vers la ville. Des mains trouées et des poches. Plus les yeux. Un ciel noir sans froufrou. Les étoiles font la grève du feu. Braise-il. Une destination qu’elle entrevoit. Désir ne suit pas. Une fièvre pourtant. Amarile. Dans les jaunes. Lui se voit dans les bleus. A l’aune du nombril. A tor(t)il.

Mutique. La lune. Une humeur métallique. La tentation du blanc. Une rumeur de vagues. Les loups au-dedans. Endigués comme le temps. Clair. Brillant. Suspens qui n’est pas point d’arrêt mais de déchargement.

Mutique. Une masse d’avant-coup et son poids de mort un instant. Mourir pour plus tard n’avoir pas àdérailler. L’après-coup plus serein. Ne se jette pas. Reconnait les quais plutôt que la voie. Voulait pas devenir pragmatique. Pourtant malgré soi marcher côté remblai vous fait oublier les drapeaux les banderoles. La bouche ne sait plus donner prise au vent. Juste une consigne. Perdu le code.

Mutique. C’est la vie et ça danse sans essoufflement. Pas qu’on soit mal. Et même bien. Mais sans la joie. Dirait-on émoussé ? Ce qui n’est plus aigu et qui permet que bifurque que bifide que double langage et dichotomie. Mutique comme morcelée. Comme éboulée. Grand glissement silencieux. Cil en cieux décolle et rejoint l’idéal. Une lame au fond du cÅ“ur. On le sait que ça saigne. Il le faut. Couler.

Mutique. Un revenir incertain. En douce. Sans pente. A la ligne. A la fuite. Une échappée pour que le froid ne blesse ne rattrape pas. Ni sillons ni ravines ni fossés rien que lisse. Dirait-on pas somnambule ?

Mutique. Mais voyage et son contenu. L’envie de dire comme atterri sur la plaque tournante de l’amour. Préhistoire c’était comment ? On s’exclame hub on explique augure. Un dépli des possibles présentés. Centre et transport. L’élan de virer et son aiguille. Zone de turbulence. Et alors ?

Mutique. Rien que la pointe. Rien que le bout de la flèche. Tout autour froissé frissonne et murmure et chantonne et donne de la voix àcelle qui savait parler.
Lui faire crier. Maintenant. Il. Sa position dans le mil.


Béatrice Machet écrit en français et en anglais des textes qu’elle destine àune lecture silencieuse ou àvoix haute. Plongée depuis longtemps dans l’univers des Indiens d’Amérique du Nord, elle est en relation avec des auteurs Indiens contemporains dont elle traduit poèmes et romans.

27 avril 2015
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