Bien porter l’habit quand la crise ravage... ça tranquillise !


Une fille : Je suis cette peau faite de muscles et de nerfs qui va porter ce tailleur-laÌ€. Ce tailleur qui sent le frais. Je suis cette peau faite de laine et de coton ou de fibres meÌ langeÌ es. Ouais, c’est ce qui est eÌ crit sur l’eÌ tiquette. « Textiles mixtes  ». Une deuxieÌ€me peau. Une deuxieÌ€me allure, plutoÌ‚t mince. Poser mes doigts sur mes coÌ‚tes et me sentir en vie. Me deÌ visager avant meÌ‚me d’enfiler la veste sur la peau. Glisser sous la veste une chemise bleue, ne pas oublier, qui contraste avec mes yeux. Au bout de la jupe, deux chaussures bien cireÌ es, sinon aÌ€ quoi bon. La jupe sans les chaussures, aÌ€ quoi bon ?! VoilaÌ€ ! EÌ‚tre nue et soudain cette envie furieuse de s’habiller. Prendre le tailleur, l’enfiler et m’entendre toujours penser la meÌ‚me petite phrase : je ressemble aÌ€ qui ? Ou plutoÌ‚t, aÌ€ qui voudrais-je ressembler laÌ€ ? Ou encore, est-ce moi dans la glace, laÌ€ ?

Me dire qu’il m’arrive des choses incroyables, des sourires, des « je te tiens la porte  », par-ci, du « madame » par-laÌ€, du travail, en veux-tu en voilaÌ€, un petit coup de fil sympa, un restau ?

Le tailleur me va comme un gant. Il me va, cela va de soi. Il me va et m’habille. Je ne suis plus la même. C’est à peu près cela. Je mets le tailleur et me voilà une autre.

Tous ces habits-laÌ€, ceux des mercis, des « je te tiens la porte  » par-ci, par-laÌ€... je les garde. Ceux qui donnent une bonne mine et m’apportent des connaissances, des surprises. Oui, les habits du bonheur, je les appelle. Ces habits-laÌ€, j’en fais une collection. Petit col remonteÌ , jupe serreÌ e, robe eÌ vaseÌ e appreÌ‚teÌ e... Tous, je les garde, tous. Je les garde comme habits feÌ tiches. J’aime tant les habits qui m’apportent de belles nouvelles.

Il y a un tailleur, un deuxieÌ€me, un troisieÌ€me, des tonnes, serreÌ s les uns contre les autres, une avalanche dans ma garde-robe. De toutes les couleurs. Un arc-en-ciel de veÌ‚tements. La garde-robe de folie d’une actrice italienne des anneÌ es Magnani... VoilaÌ€ ouÌ€ j’en suis. Me dire je suis cette actrice italienne ! Une qui se mire avant de sortir, ne jamais oublier le miroir dans le sac. Ne pas oublier le miroir au cas ouÌ€ je devrais me refaire une petite beauteÌ . Me parfume, me passe de la creÌ€me sur les joues, dans le cou. Je marche de long en large, mes semelles de cuir craquent, des semelles fines, le dessus, le dessous sentent le neuf. Ce que j’aime cette odeur de neuf ! D’habits neufs !


Une fille :

Une Italienne deÌ ambule sur les trottoirs, les mains dans les poches. La laine de ses cols rouleÌ s est blanche, lui donne un teint frais et dispo. C’est moi, j’arrive. Je marche tranquille et toutes les hommes tombent aÌ€ mes pieds tellement je sens bon, tellement je suis belle dans mon tailleur.

Et pourtant, calme et poseÌ e, je reste sur le qui-vive, s’ils croient que je vais me laisser surprendre ! Je fais bien attention aÌ€ mes habits neufs, elle couÌ‚te bonbon ma collection ! Je ne veux pas qu’on me l’abiÌ‚me. Il manquerait plus qu’ils se jettent sur moi. Dit en passant, le tailleur, je peux en changer quand je veux. Mon armoire est pleine aÌ€ craquer.


Une fille :

Là, tout à coup, Gorgii.

Gorgii Armanovit me vient comme ça, tout d’un coup. Toute une ligne qui se dessine aÌ€ travers ce preÌ nom accoleÌ aÌ€ ce nom. Ma vie en est-elle changeÌ e au point d’oublier d’ouÌ€ je viens ? Armanovit, c’est neuf comme toujours. Neuf comme « sempre ». Si ce n’est Armanovit, ce sera Versazzio, Armanovit, Versazzio, tout le monde connaît. Tout le monde sait qu’on ne porte pas Armanovit par hasard ni Versazzio par hasard.
Le tailleur donne des ailes. Qui es-tu toi pour t’habiller en Armanovit ? Qui es-tu pour deÌ sirer porter du Armanovit ou du Versazzio ?

Essayer un autre tailleur. La veste laÌ€, la jupe, laÌ€. Look italien, coupe de cheveux aÌ€ l’italienne. Se rappeler, je ne suis pas comme les autres, je ne veux pas en rester laÌ€, dans ma banlieue, et ne pas avoir la chance de porter du Armanovit, Versazzio, impossible. L’esprit ailleurs me rappelant sans cesse que les autres et moi, ça fait deux. Je suis italienne, je suis une actrice de cineÌ ma italienne avec un tailleur bien tailleÌ , des poches et des revers comme il faut...


Un garçon :

Je me souviens des jeunes filles qui couraient les rues en talons aiguilles, jupons aÌ€ poids ou en mousseline retrousseÌ s, deÌ couvrant l’amour dans des voitures deÌ capotables, le samedi soir, au drive-in. Des films en technicolor. Ce coÌ‚teÌ italien fou des productions Cine CittaÌ€. Ouais, ces Italiens-laÌ€, c’est ça. Je veux leur ressembler. Pourquoi ? Pourquoi vouloir leur ressembler ? Je me dis italien comme ceux qui ont le sex-appeal, ivres de liberteÌ . Ivres de sex-appeal. Je veux revenir aÌ€ ces anneÌ es italiennes-laÌ€, costumes clairs, laines chaudes et douce, le samedi soir. Me mirer avant de sortir, eÌ‚tre attendu par une cohorte de femmes qui aiment les deÌ capotables et le drive-in. C’est comme ça, je n’y peux rien, je suis nostalgique des films en technicolor. Une fille qui sort des films en technicolor de la Cine CittaÌ€.

Tout est alleÌ si vite, me voilaÌ€ italien jusqu’au bout des ongles faits. Des mains fines, des pieds camoufleÌ s dans du cuir de vachette, des polos preÌ€s du corps. Un jeu de jambes. Une coupe de pantalon qui court. Je retrousse mon col et avance dans la nuit ameÌ ricaine aÌ€ Cine CittaÌ€. J’oublie d’ouÌ€ je viens.


Une fille :

Je freÌ quente la fashion week, la haute couture sur les boulevards, un tissu monteÌ qui donne l’illusion d’habiller tout le monde. Un veÌ‚tement et dedans, un mannequin. Comme un robot, les yeux riveÌ s, le regard, face, bien droit, elle avance, balance son corps. Elle a ce « plus  », elle. Elle habille le veÌ‚tement. Le veÌ‚tement de luxe n’habille pas, il met aÌ€ nu. Il fit savoir s’y glisser.

Il faut savoir le porter. Ce n’est pas juste se mettre dedans, c’est exister avec.

Je regarde le mannequin avancer sur la piste. Elle se preÌ cipite sur la sceÌ€ne de la fashion-week, lance son corps dans le vide, des tressautements de corps, et de ronds de jambe. Elle a quoi dans la teÌ‚te ce mannequin ? A quoi pense-t-elle quand elle marche, quand elle gravit les marches du podium avec son couturier avec des effets, des revers d’effets. Des effets qui riment avec look. Et moi soudain, j’ai un gros doute.
C’est difficile de porter le tailleur « Armanovit  » quand on n’est ni actrice italienne ni mannequin ? Si on le porte mal, on ressemble aÌ€ coups suÌ‚rs aÌ€ Cendrillon, non ?
J’avance en Armanovit et me dis qu’Armanovit n’y est pour rien ! C’est moi qui le porte et pas Armanovit qui me porte. Je me demande si... je serai aussi belle dans un jogging, la teÌ‚te presque raseÌ e ou les meÌ€ches coiffeÌ es en rasta ? C’est ça que je dois me dire tous les matins en descendant les marches de mon immeuble de ma CiteÌ , serais-je aussi belle avec ou sans une marque cousus au veÌ‚tement ?


Un garçon :

En mille neuf cent soixante-quatorze, « Armanovit  » sort sa ligne pour homme et Rocchito ne peut meÌ‚me pas se payer un Armanovit. Et moi avec mon « Armanovit  », j’ai l‘air de faire un’ ossessione, una fissazione.

Bien porter l’habit surtout quand la crise ravage les plus deÌ munis, ça tranquillise ! Oh que oui, ça n’a l’air de rien mais « Armanovit  » donne du baume au cÅ“ur aux deÌ munis ! On se dit qu’on est encore vivants. Un looser ne porte pas du « Armanovit  » ou du Versazzio, ça tout le monde le sait aÌ€ Balzac. Bisness de l’eÌ leÌ gance. Une petite griffe poseÌ e-laÌ€ dans le dos. Tout le monde connait la griffe « Armanovit  » !

Les petites gens comme moi gardent la classe aÌ€ l’italienne en « Giorgii Armanovit  ». Une contrefaçon de la deÌ gaine. Parce que si tu crois qu’avec mon salaire de minable, je peux me payer un « Armanovit  » ? Je suis comme Rocchito, je bave. Et aÌ€ force de baver, j’acheÌ€te des costards « Giorgii Armanovit  », chez les petites frappes qui font des costards leur bizness. Et tu sais pourquoi ? Pour reÌ‚ver. Eux reÌ‚vent qu’ils sont les rois du bizness, nous qu’on est les rois en les achetant. Pour que tous soient aÌ€ la hauteur des illusions. Le faux « Armanovit  », le costume du pauvre. J’avance dans un froc qui couÌ‚te moins que le vrai. Je le sais. Je sais ce que je porte, c’est entre moi et moi. Sans Armanovit, je resterais comme Rocchito et ses freÌ€res, dans la citeÌ ouvrieÌ€re de Milano. Et ça, je dis non, pas question de regretter le manque de fric comme un manque crucial. Impossible de se sentir deÌ muni jusqu’aÌ€ l’os. Je preÌ feÌ€re ne pas bouffer aÌ€ ma faim et deÌ ambuler en « Armanovit  ». Le frigo passera apreÌ€s, c’est dit. D’abord la deÌ gaine, la taille fine et les joues creuses, c’est dit. J’ai choisi de resplendir meÌ‚me si je creÌ€ve la dalle.
Le reÌ‚ve en paillettes et dorures cacheÌ es dans les coutures, doublure soyeuse... Juste un petit jeu d’eÌ paules et c’est fait, je suis celui que je veux eÌ‚tre, pas plus compliqueÌ .


Une fille :

Quand je sors c’est pour aller danser et m’eÌ pater. Je change de marque, je suis la mode, le principal c’est suivre et m’eÌ pater, sentir bon, oublier d’ouÌ€ je viens. Une soireÌ e pour eÌ‚tre une princesse. La princesse. S’habiller, c’est un besoin de douceur, de frais, de parfum fruiteÌ , sucreÌ ... j’oublie mes soucis... Sans cesse en dehors du temps aÌ€ me dire, c’est ma soireÌ e. L’art de se s’habiller, c’est attendre que quelque chose arrive, de fort, de vrai, d’inquieÌ tant. Quelque chose qui remue.

Le veÌ‚tement change le regard des autres, le maquillage change le regard des autres, une robe, une jupe, un bikini changent le regard des autres... Tous les veÌ‚tements changent le regard... Et moi j’attendrai le prince charmant sans lever le petit doigt ?

Je m’habille en Cendrillon. D’autres aiment le petit chaperon rouge, moi, c’est Cendrillon. D’autres Juliette pour leur RomeÌ o ou Desdémone pour ce fou d’Othello...

« Cendrillon, m’a dit un copain, c’est celle qui fait le meÌ nage pour ses sÅ“urs !
— Moi j’ai des freÌ€res, je lui ai reÌ pondu.
— Pour tes freÌ€res, alors ! Et quand elle pose le balai, elle reÌ‚ve au mariage ! Tu parles d’une vie ! Faut reÌ fleÌ chir ma petite, ouÌ€ ça ameÌ€ne les habits...  »

J’ai trois freÌ€res et ils adorent que je m’habille comme eux avec des caleçons et des baskets, alors quand je peux, je pense au prince charmant ! Juliette et Desdémone suivent leur amoureux contre leur famille. Moi je n’irai pas contre l’avis de ma famille... ça ne se fait pas... Et je ne reÌ‚ve pas non plus d’eÌ‚tre empoisonneÌ e comme Juliette ou comme Desdémone, eÌ trangleÌ e par Othello, son mari jaloux ! Tu vois ouÌ€ ça les ameÌ€ne les filles quand elles deÌ cident de faire la belle pour elle-meÌ‚me ?


Un garçon :

Je n’aime pas les pantalons hyper larges. Le pantalon qui tombe sur les fesses. Le baggy style, c’est baskets sans lacets et grands frocs ouÌ€ les taulards peuvent y glisser leurs flingues... les EuropeÌ ens copient les taulards alors qu’ils sont libres !
Je preÌ feÌ€re les costumes mais ce n’est pas dit que les costumes m’aillent ! Et ceux qui me regardent passer me sourient l’air narquois parce que je nage dans mon costard ! Ma foi, on ne se voit pas toujours comme on est et le costume fait ce qu’il peut. Parfois, il peut peu.


Un garçon :

Tu connais l’histoire des freÌ€res Pepito et Drasco ?

Tu prononces « Impossible is nothing  » et tu prends du galon. Tu deviens quelqu’un. Tu existes rapport au veÌ‚tement que tu portes. MeÌ‚me les petites frappes de la citeÌ se donnent de l’allure, du mordant, du chien en Pepito. Ils reÌ‚vent tout haut et finissent par y croire aÌ€ fond. Pour tous les jours de la semaine, du mois, de l’anneÌ e. Toujours. Une vie entieÌ€re habilleÌ s comme des seigneurs. Pepito, un nom qui sonne juste aÌ€ ton oreille, celle de ton voisin, et de toute la CiteÌ .

Pour toi, la vraie vie, c’est Pepito. Faut pas te la faire, c’est dit, c’est « vu aÌ€ la teÌ leÌ Â ». La teÌ leÌ ne te parle qu’aÌ€ toi, rien qu’aÌ€ toi, c’est une amie aÌ€ ne pas neÌ gliger. Tu te saignes et parades en Pepito. MeÌ‚me plus la peine de parader, tu sais qu’avec Pepito, tu es beau comme un dieu, et ça va de soi, tu es laÌ€, tu portes du Pepito, et voilaÌ€. Il suffit d’enfiler ton « Pepito » et dans ta teÌ‚te, tu es le roi. Tu fais partie des gagnants. Si tu es habilleÌ en Pepito, c’est qu’il y a quelque chose qui va bien dans ta vie. Mieux, quelque chose qui s’est installeÌ , un confort, une façon de vivre, une reÌ ussite, cela durera, suÌ‚r !

Et ta meÌ€re, meÌ‚me si elle ne connaît rien dans les marques, elle a vu Pepito aÌ€ la teÌ leÌ , et c’est fait. Alors quand elle ferme la teÌ leÌ , il reste en elle, ce quelque chose qui la happe, elle est devenue accro. Elle fera tout pour que Pepito rentre dans la maison. Toutes les trois minutes, il passe un slogan qui lui fait de l’œil. Tu parles qu’elle ne va le rater. La pub lui modeÌ€le de l’inteÌ rieur des veÌ riteÌ s qui ne trompent pas. Ce sera ta marque, personne ne pourra dire le contraire. La marque « Pepito  », les loosers ne la portent pas, son fils en portera.

« Impossible is Drasco  » Now !!! Drasco, ça alors ? Drasco, ça me fait tout bizarre ! Drasco attaque le marcheÌ . Drasco sort les griffes. Toutes ses griffes. Drasco met le paquet. Drasco rivalise avec Pepito sans que l’on l’ait vu venir. Drasco ne convole plus depuis longtemps avec Pepito. La famille deÌ cousue de l’inteÌ rieur. Drasco terrasse Pepito, le laisse K.-O., sur le bas-coÌ‚teÌ . Les petits 8 % de Drasco se transforment en 80 % du marcheÌ . Et Pepito est recaleÌ au rang des moins que rien. Je cauchemarde.

« Fini, rentre chez toi, termineÌ .  », qu’on me dit, tu oses encore mettre un Pepito !!

Non seulement, Drasco prend la main, mais est meÌ‚me devenu inaccessible, tellement cher. Le freÌ rot gagne, retour de baÌ‚ton dans la famille. Le petit Drasco s’en frotte les mains, attaque le marcheÌ mondial en Afrique. Et moi ? Qu’est-ce que j’attaque ? Rien. Je suis juste habilleÌ en Pepito. Je n’ai pas eu le temps de me retourner que Drasco a mangé le capital de Pepito.

Je deviens quoi sans mes fringues ? Je deviens quoi, une moins que rien, un lambda qui porte les restes d’une vie ? Je deviens fou sans Pepito. Et puis je me ravise. Je me dis et pourquoi pas, Drasco ! Pourquoi pas. Il a eu son temps de gloire Pepito. La roue tourne et il faut eÌ‚tre dans le vent. Je porterai du Drasco comme j’ai porteÌ du Pepito. Puisqu’on me fait comprendre que « ...l’avenir, c’est l’Afrique et Drasco ! Pepito du passeÌ !  »

Drasco, tu comprends, c’est le life-style, le raffinement, pas eÌ tonnant que Drasco ait fini par avoir Pepito en douceur, sans qu’il le sente. La douceur rien de mieux pour surprendre !

Je remballe ma camelote, je la plie. Je ne pourrais plus rien eÌ changer. Surtout pas Pepito contre Drasco, pour passer pour un peÌ rimeÌ !


Un garçon :

Si tu veux chausser la « Magistralala  », celle qui donne l’impression de jouer pieds-nus avec crampons, tu devras deÌ bourser deux cents euros. Ta meÌ€re ne les a pas pour remplir le frigo, et toi tu oses faire le queÌ queÌ habilleÌ en Drasco ! Comment tu vas t’y prendre pour avoir du bleÌ , tu es au choÌ‚mage ? Tu le prends ouÌ€ le bleÌ pour t’habiller. Tu as vu les prix ? C’est impossible que tu ne travailles pas et puisse te payer la « Magistralala  » ? Et ta meÌ€re, elle ne dit rien ?

« Ma meÌ€re adore la « Magistralala  » !
— Ah.
— Ouais parfaitement, tu y vois quelque chose aÌ€ redire que ma meÌ€re aime la Magistralala ? »

30 juin 2016
T T+