Texte de Catherine (3.16)

Moi je me rappelle quand j’étais petite, j’ai 7 ans, 8 ans, et mon frère 5 ans et demi, et le soir on n’a pas l’électricité chez nous, il fait nuit dehors, y a un puits dehors, et dans le puits il y a quelqu’un, il sort la nuit, et ma mère le soir, elle me demandait d’acheter de l’huile pour les lampes, et moi j’étais petite et mon frère aussi, après là on va acheter le gaz, sur la grande place, on va chercher le gaz avec une petite bouteille, pour allumer la maison, et chaque fois on passe là, je te jure on court on court on court on court comme des fous, et chaque fois, une fois mon frère il est courir avant moi, il est parti avant moi, et moi je suis derrière lui et j’ai tombé, j’ai plein de gaz sur moi, le gaz il est cassé, oh là j’ai plein de gaz plein de gaz tout cassé parce que la bouteille en verre, j’ai peur le monsieur va sortir du puits, et il va m’attraper, un djinn du puits, il s’appelle Bir Makill, parce que c’est le djinn du puits, et je cours je cours, et je suis arrivée à la maison, avec mon frère il est parti, moi j’arrive, plein de gaz sur moi, je sens le gaz, tous mes vêtements, tu m’allumais je serais à brûler, je suis entrée ma mère elle me dit Ohlalalala Mais qu’est-ce qui t’arrive, j’ai dit Du puits le djinn il va sortir là moi j’ai peur j’y vais pas, la nuit c’est fini c’est fini j’y vais plus, et j’y allais plus c’est terminé, ma mère elle me tape elle me tape et j’y allais pas, ah oui j’y allais plus parce que j’ai tellement peur, oh oui j’allais là-bas je te jure y avait quelqu’un là-dedans il va sortir, et c’est resté des années des années des années, et c’est mon grand-père qui partait acheter, ou dans la journée on n’a pas peur, dans les journées j’ai pas peur, mais le soir, là-bas en Tunisie, où j’habite, il y a pas les lampadaires comme ici, on n’est pas éclairés, on est éclairés avec le soleil, on est éclairés avec la lune, on voit la lune, les étoiles, tout ça, on voit vraiment, mais on n’a pas l’électricité partout, et là moi j’ai peur, et j’allais plus acheter le gaz.
Je dormais avec ma grand-mère, parce que je dors pas avec ma mère, je dors avec ma grand-mère, depuis toujours j’aimais dormir avec ma grand-mère, je dormais au milieu avec mon grand-père et ma grand-mère, mon grand-père m’engueulait m’engueulait m’engueulait, j’adorais ma grand-mère, j’adore c’est vrai, vous savez j’ai pas aimé beaucoup ma mère, j’ai adoré ma grand-mère, elle était magnifique ma grand-mère, et puis le soir mon grand-père il dit Allez vas-y vas-y allez chez toi allez chez toi vas-y vas-y, moi je dis à ma grand-mère S’il vous plaît s’il vous plaît, merci beaucoup merci beaucoup, et j’allais vite vite monter parce que c’était un lit, un grand lit, mais un lit en bois, c’est un lit on monte avec un escabeau en bois, là-haut, je monte comme ça je me cache sous la couverture, j’entends ma grand-mère qui vient, et mon grand-père il dit Allez allez allez, va voir ta mère, va voir ta mère, c’est pas possible tu es toujours là allez vas-y, l’est pas content mon grand-père, et moi je reste avec ma grand-mère, et mon grand-père un jour mon père il m’a passée, il me prend le bras, il dit Prends ta fille, mon père il m’a pris chez nous, mais j’arrive pas à dormir, et après, à 1 heure du matin je viens, mon grand-père il dort là-haut avec ma grand-mère, et mon oncle il dort en bas, tu sais les trucs des militaires, comme les trucs des militaires, les lits de camp, parce que mon grand-père il avait été militaire, mon oncle il était en bas, moi je suis montée, à côté de ma grand-mère, j’ai tapé mon grand-père, et mon grand-père il tombe et mon grand-père il crie La maison tombée la maison tombée, le plafond tombé, le plafond tombé, et ma grand-mère elle est réveillée et tout le monde est réveillé et mon père il est réveillé, mon oncle il est par terre, mon grand-père sur mon oncle, Tu vas voir toi, c’est fini, tu dors chez toi tu dors chez ton père, je me rappelle mon grand-père qui criait, à 4 heures du matin tout le monde sont réveillés, ils croyaient c’est le plafond qui tombait, c’est vrai c’était vraiment c’était la belle époque hein, on n’a pas comme maintenant, on était, on était, on pense pas, on pense comme maintenant, ma grand-mère c’est ce que j’ai de plus précieux au monde, je l’adore plus que ma mère, elle est gentille ma grand-mère, elle est trop gentille, plus que ma mère, c’est vrai, elle comprend, elle écoute, elle a du cœur, c’est elle qui m’apprend beaucoup de choses, qui me raconte des histoires, qui fait plein de choses, elle est gentille ma grand-mère.
Et une autre histoire, on était avec les cousins, la grande maison, et grande maison beaucoup de chambres, et là, il fait trop trop trop trop chaud, trop trop chaud, et des cailloux arrivent dans la maison, on sait pas d’où ils viennent, c’est comme le diable qui tape ça, ça fait tic tic tic tic tic tic et tu vois personne, tu vois les cailloux parce qu’il fait trop chaud, et puis tout il bouge tout seul, et on a peur, on ferme la chambre et on reste comme ça c’est vrai hein, on était tous on était moi et mes cousins et ma cousine tous les enfants comme ça, beaucoup d’enfants après on a vraiment peur hein, tu vois les cailloux qui viennent partout, tu sais pas où ils viennent, c’est une vraie histoire, j’étais petite, j’ai 7 ans, 8 ans, toujours avec ma grand-mère.
Parce que ma grand-mère, y avait son grand-père, son grand-père et un oncle, ils sont deux, ils sont comme les prophètes, pas le dire comme ça mais bon, j’ai parti un jour et ils sont partis avec ma grand-mère, j’ai 6 ans 7 ans, y a une maison, et une maison y en a une tombe, et la tombe une femme qui parle, une morte qui parle, et beaucoup de personnes qui viennent, et la dame elle parle, elle dit ça et ça ça ça ça, moi je l’ai pas vue la dame, et j’ai écouté la voix, après elle a dit pour moi, elle me dit mon destin, elle me dit Oh cette pauvre fille, là, ohlala, elle reste pas en Tunisie, elle le destin très très loin, la pauvre tu vas souffert, tu vas avoir tout beaucoup de souffrir, elle aura beaucoup de malheur cette fille - ma grand-mère elle dit Non non c’est bon - elle va marier un Tunisien elle part et c’est vrai hein, j’ai passé toute ma vie dehors j’ai partir, après et tout le monde il vient, y a beaucoup beaucoup de personnes, et tout le monde il vient, après le monsieur les hommes ils sont pas d’accord après ils ont tapé tapé cette personne après cette personne elle est partie, après c’est fini, ils veulent plus, c’est terminé, mais c’est vrai elle disait la vérité, pour tout le monde, pour moi j’ai dit c’est pas vrai c’est pas vrai mais tu vois c’est la vérité, j’étais petite, je me (le) rappelle toute ma vie, c’est pas une blague hein, c’est tout, ça s’arrête là.

25 août 2016
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