Peur animale

« Â Si la bête craint la douleur, elle ne devient violente que dans la peur.  »

La douleur, vive, se faisait de plus en plus pesante. La bête déambulait dans les dédales de Cergy, laissant une traînée de sang derrière elle. Il fallait qu’elle trouve un point d’eau au plus vite, pour s’y cacher, se calmer et se soigner. Mais le choc lui avait fait perdre tout repère, elle ne savait plus quelle direction prendre et marchait au hasard des ruelles. Surtout, ne pas prendre les grands axes, c’est sur l’un d’eux qu’elle avait été percutée, et elle ne ferait pas deux fois la même erreur. Sa patte arrière gauche devenant trop douloureuse, elle se laissa tomber dans un coin sombre. Il fallait qu’elle sache où aller avant de continuer. En face d’elle, une grande horloge, sur un bâtiment. De nombreux humains circulaient, l’endroit n’était pas sà»re. Il fallait qu’elle revienne sur ses pas, qu’elle retrouve les étangs. Mais elle ne se sentait pas de refaire le chemin en sens inverse. Alors elle resta là, la douleur la tenant éveillée. Puis intervint la piqà»re, douloureuse.
« Â Laissez-làs’endormir ! Éloignez-vous d’elle !  » Entendit-elle sans comprendre.
Elle entrouvrit les yeux, une forme floutée apparue. Encore une de ces créatures se déplaçant sur deux pattes ! Son cÅ“ur s’emballa, elle avait peur ! Utilisant ses dernières forces, elle se redressa et sauta crocs dehors au cou de l’homme.

Un vacarme sans précédent retentit sur la place de l’horloge, àCergy Saint-Christophe. Des coups de feu, puis le cri des policiers : « Â Vite un homme àterre, appelez les secours !  », « Â Non ne vous approchez pas d’elle !  ». Les tirs reprirent un instant, entre des cris de douleur. Puis un silence de mort. Sharan osa regarder par sa fenêtre, une créature comme celle qui était passé aux infos le midi, partait en boitant, très lentement, laissant derrière elle une traînée de sang. Plus loin, sous l’horloge, douze policiers au sol, aucun ne bougeait.
Une fois la bête disparue, Sharan se dépêcha de sortir de chez lui, son téléphone àl’oreille...

Kencker Ronan-Guillaume

10 janvier 2017
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