Poursuite

Je trouvais un endroit, un recoin calme et réconfortant. Je m’y lovais pour dormir un peu. La journée serait difficile demain puisque je pensais accélérer la cadence et parcourir plusieurs kilomètres. Mais pour l’heure, je fermais les yeux, rêvant des choses rassurantes que je connaissais. Mon inconscient essayait de me rassurer. Les lueurs de l’aube me tirèrent de mon sommeil, tranquillement. J’étirais mon corps pour le réveiller, mon esprit vagabondait un peu. Après m’être trouvée un petit encas, je décida de partir sur-le-champ, poussée par un élan aventurier. Sans perdre un instant, je me mis en route. Plus tard, j’étais aveuglée par les rayons du soleil. Mais je nageais sans discontinuer. Je voyais des fils dans l’eau avec au bout des vers mais je savais qu’en aucun cas, je ne devais m’y approcher. Cela était trop dangereux, c’est ce que m’avait raconté un jour un ancien. Ces hommes faisaient preuve de beaucoup de patience et d’inventivité pour pêcher de quoi se nourrir, ou pour s’amuser m’avait-on dit. Un loisir des plus curieux pour moi. Ce que je voyais dans l’eau me laissait perplexe. Des tas de choses en fer, des bouteilles, des sacs plastiques. C’était ça qui était le plus dur pour moi. Je devais me méfier de ces sacs, qui ressemblaient étrangement àdes méduses. J’en avais ingurgité un, deux jours auparavant. C’était indigeste, j’ai cru m’étouffer. L’éco-système était différent ici. Les poissons ne ressemblaient pas àceux dont j’avais l’habitude. Mes habitudes culinaires aussi étaient modifiées bien malgré moi. Je devais tenir bon malgré tout cela et continuer d’avancer. La traversée ne s’est pas faite sans quelques désappointements. Mais je faisais fi de cela. Rien ne devait me perturber ni me contraindre àm’arrêter. Et puis, aux abords du troisième jour, je fis une pause. Je m’arrêtais dans un coin tranquille. Je ne voyais que les pattes des mouettes, posées sur l’eau, dérivant au fur et àmesure des remous. Je décidais de les taquiner un peu, histoire de ne plus rester seule. Mais dès que je m’avançais vers elle, elles partirent àma grande déception. Et alors, je vis ce qui avait possiblement dérangé ces mouettes. C’était un truc énorme, au moins trois fois ma taille s’avançant lentement sur l’eau. Je ne sais pas comment mais cela se dirigeait droit vers moi. Je m’empressais de rejoindre les abords de la berge. Je voulais sortir au plus vite. Mais les vagues étaient trop nombreuses. Je dus me contenter de rester accrocher au mur. Cela dura environ dix minutes le temps que ce truc disparaisse de ma vue. Brrr … J’avais échappé belle.
Je dérivais sur cinquante mètres, bien décidée àmettre autant de distance que possible entre cette chose et moi. Je risquais une sortie. J’avais faim d’herbe. Personne aux alentours. La voie était libre.

Solène Lécuyer

27 février 2017
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