Emmanuelle Guattari | Journal 5

Les textes qui sont venus aux enfants leur ressemblent, àleur âge, àleurs préoccupations, àleurs fantasmes et imaginaire, et c’est tant mieux. Pas de textes naturalistes donc, mais des textes où tout est imbibé de leur enfance et leur liberté ; ils n’ont que neuf ans après tout, et un pied, et parfois deux, dans un réel poreux, où en l’occurrence les animaux sont rapidement des super héros, des monstres ou des hybrides.

Dans leurs histoires, les animaux dans le petit quotidien d’une journée, en ville, vivent et survivent, tuent pour cela, mais aussi s’ennuient, volent, se battent, collaborent, ont des rendez-vous avec des filles, font des bêtises, des erreurs, jouent àla PSP ; et ont souvent des enfants àprotéger. A la réflexion, on peut remarquer que ces animaux ont peu de rêves. Leur vie est assez âpre, sauf de très rares hédonistes, bien plutôt délinquants ày regarder de près. Cependant, la question de la délinquance dans la cohabitation entre les animaux sauvages et les humains dans les villes est une question réelle, des singes qui rackettent les touristes en Indonésie, aux pigeons prêts àvenir chiper une frite sur un plateau, jusqu’aux ours s’approchant trop près des poubelles dans les résidences américaines, etc.

Les poubelles justement, grande actualité de nos vies urbaines, ont une certaine importance dans les textes, parce que, outre que leur contenu complète ou modifie le régime naturel des animaux, ces poubelles permettent àceux-ci de contourner la question de l’argent pour accéder aux biens.

Et comment éluder la question de l’argent quand on est un enfant, soi-même limité pour satisfaire ses envies économiques (acheter des pizzas, des bonbons par centaines), en ayant encore àla conscience le net souvenir d’avoir été écarté longuement, jusqu’àl’âge de raison, de cette transaction majeure et centrale de la vie des humains adultes ? Finalement il apparait bien aux enfants que les animaux sont pour leur part définitivement exclus, définitivement impuissants et ils ne peuvent avoir que poubelles, miettes, reliefs ou s’affranchir de la frustration par le vol, ce que les enfants ne manquent pas de mettre en scène.


L’histoire du crapaud Crapul (Arsène)

Je m’appelle Crapul.
Je me réveille de bon matin, il fait bon aujourd’hui. Je me dirige vers la sortie de ma flaque d’eau qui se trouve en dessous d’un buisson. Je dis àCrapalute, mon ami :
– Bonjour
C’est mon copain crapaud, de classe.
Je me dirigeais alors vers la poubelle du parc, quand soudain une poussette roula vers moi, je me décalai, puis la poussette passa àcôté.
Je vais manger, puis je vais aller jouer avec les autres crapauds.
Le soir arriva àgrands pas et, je rentrais quand soudain… une voiture s’arrêta juste devant moi, un humain sortit de la voiture et me décala pour faire passer sa voiture.


La fourmi (Ewann)

La fourmi est perdue. Son ami Da Trang est mort.
Moi la fourmi qui suis perdue dans la ville : – Oh ! Qu’est-ce que c’est ? Une maison ou un terrier ? Il y a plein d’êtres comme moi, il y a même une reine ; c’est trop chouette, ils ont plein de provisions et si je mange le midi ici et passe la nuit ici, c’est trop bien.
– Bonjour tout le monde
– Bonjour, bonjour, bonjour, bonjour, bonjour, bonjour.
Et la reine :
– bonjour, bienvenu au pays des fourmis !
A l’heure de midi, chouette, on mange des miettes de pizza.
Oh, il se fait tard, je vais me coucher.
Pendant la nuit : Oh, mince ! je viens de me réveiller. Tiens, je vais faire pipi et me recoucher. Oh, mais c’est un labyrinthe… ouf, je viens de trouver les toilettes et c’est bon, je me recouche.

Ma fourmi pense que les camions sont des monstres.


(Edwin)

C’est un aigle avec deux enfants, il avait perdu sa femme, l’aigle s’appelle Rapator, le plus fort des aigles. Un jour un chasseur avec des armes de mort.
Rapator cacha ses enfants en vitesse et se disait, j’ai déjàperdu ma femme maintenant. L’aigle et ses enfants habitaient en Australie, et le chasseur àParis, un moment le père fait un piqué sur le chasseur, mais celui-ci avait aperçu l’aigle et l’évita, prit les enfants de Rapator dans sa voiture et retourne àParis pour les mettre au zoo. L’aigle le poursuit et arrive àParis et se disait : c’est quoi leur truc qui tourne. Un moment il trouve le zoo et ses enfants et fait un piqué sur la cage et dit au chasseur :
– Vous êtes cruel d’emmener mes gosses dans ce pays moche et pollué,
et repart avec ses enfants et les emmène manger un kébab.
L’auteur : Edwin


(Laura)

Je me lève, je fais ma toilette et je nettoie mon petit renardeau puis je vais chercher un autre terrier pour la nuit car les humains ont trouvé notre terrier donc je vais changer je vais chercher un nouveau terrier et j’en profite pour chercher àmanger mais je ne trouve rien et j’aimerais bien trouver quelque chose àme mettre sous la dent et celle de mes petits. Enfin je trouve une petite souris, je m’approche et je la tue et je la rapporte au terrier ; mes petits mangent mais ils ont encore faim. Donc je retourne chercher àmanger, je vois un oiseau et je le tue, puis en revenant je vois un terrier qui a l’air confortable, je vais au terrier où sont mes petits et je leur donne l’oiseau, ils mangent, et je les emmène dans le nouveau terrier làoù je vais dormir avec mes petits. Mais il y a un bruit qui me dérange, on dirait que ça vient d’en dehors de la forêt. Je vais voir et je vois une chose en métal qui roule et il y a des humains àl’intérieur, c’est bizarre. Je retourne me coucher puis je vois un humain, il me fait peur je vais vite àma tanière et je protège mes petits.
Après quelques minutes, l’humain part, je suis très soulagée, j’avais peur qu’il me prenne mes petits. Je reste quand même sur mes gardes donc je reste éveillée toute la nuit, donc le matin je suis fatiguée donc je dors pendant que mes petits se lèvent.


(Zakary)

C’est un chat qui s’appelle Addidas : le matin il fait…
Addidas : – je ne sais pas quoi faire ? je m’ennuie, je n’ai pas envie de retourner dans mon trou àrat. Tiens ! des nouvelles têtes brà»lées-choc thermique je vais aller en acheter ; bon en vrai c’est voler ; je vais au centre commercial.
Il marche dans un rayon avec son sac et voit un rayon entier de têtes brà»lées. Il les vole toutes.
Le midi… il mange toutes les têtes brà»lées.
Le soir : il prend une petite douche.
La nuit… : je ne sais pas encore quoi faire, tiens je vais voler des pizzas et après voler une glace.
Bon pour tout vous dire, vu mon comportement vous avez deviné, je suis un voleur, en gros, un chat voleur, s’appelant Addidas.
Tiens je vais voler une Wii et une PS4.


Renard (Mandiallo)

Je me demande s’il fera beau aujourd’hui.
GRRR, il fait froid, je reste dans mon terrier, je n’ai plus de nourriture, je vais bientôt mourir donc je suis obligé d’aller chasser, je sors de mon terrier et j’ai parcouru des centaines de mètres.
Un moment, on me tire dessus, tous mes poils étaient presque partis et un temps précis je vois quelque chose, je me suis avancé : c’était un autre animal avec une personne qui s’est blessée et cet animal était un faucon et je les ai aidés et ce faucon était très fort et après on a rencontré un chat qui vole des pizzas et une éléphante qui était très fatiguée ; elle avait cinquante ans. Donc on a fait un feu ensuite un loup est venu nous attaquer et je lui ai mis un coup dans le derrière ensuite un coup dans la figure, le faucon il le porte et le jette aux ordures. Le chat qui volait des pizzas lui coupa la queue.


Le faucon (Adam)

Le faucon Zisibo se lève. Hier, il pleuvait, aujourd’hui Zisibo trouve une flaque d’eau et commença àse laver. Son bain est terminé, il va chasser son déjeuner, il vient de trouver un pigeon, il fonce sur lui à238 km/h, 350 km/h. Et il l’attrape ! Zisibo a bien mangé.
Le soir, il dort un peu et recommence àchasser, cette fois il attrape un rouge-gorge ! La nuit il commença àdormir tout en haut d’une tour pour échapper aux prédateurs.


(Kaywan)

Oh làlà, ça fait beaucoup de bruit les gros machins qui roulent sur les grosses barres. Ça ne finit jamais. Mais, bref…
Le matin je me réveille, et le midi et le soir, je mange ce que je trouve sur les barres. Tout dure ici, ça ne finit jamais et la nuit je fais jusqu’àune heure du matin la même chose.
C’est le soir ; au fait je suis une souris et je m’appelle Ewann.


(Brune)

Je suis un moineau. Je vis dans un jardin d’une petite fille. Je suis bien tranquille dans mon nid. Oh, j’ai oublié de me présenter : mon nom tout d’abord, je m’appelle Charlotte. Ce matin, je vais dans une flaque d’eau. Hier soir il a plu. Puis je vais àla chasse aux miettes ! c’est affreux on doit se bagarrer pour avoir une miette !
Ouf fini la bagarre, je n’ai ramassé qu’une petite miette de rien du tout !
Après je vais me promener. Oh ! une école, tiens si j’allais voir comment c’est ? Oh ! comme les enfants sont sages. Oh tiens il y a plein d’enfants en bas, peut-être qu’ils voudront jouer avec moi ! EH LES COPAINS ! ATTENDEZ-MOI !!!
– Oh, c’est quoi cet engin rond avec lequel on joue avec le pied ? et c’est quoi cette corde où on saute ? Vraiment les humains sont vraiment bizarres !
Zut mon ventre gargouille. Allez ! àla chasse aux miettes ! Ah ! il n’y a personne : LE DÃŽNER EST SERVI !!! Oh mon ventre est lourd, si j’allais me reposer.
ZZZZZ ! Soudain, boum ! Quelqu’un vient me déranger pendant ma sieste. J’ouvre un Å“il puis l’autre. C’est la pie voleuse de nid, ma voisine (ma pire ennemie) Elle me dit :
– EH EH Charlotte ça boum ? Passe-moi ton nid et ton goà»ter !
Oui, je l’avoue, j’avais pris des provisions pour le goà»ter. A chaque fois je me fais avoir, elle me prend tout, et mon nid. Mais cette fois, je ne me laisse pas faire : « NON ! NON ! Et NON !!! Je ne donnerai pas mon nid ni mon goà»ter  » et je la poussai en dehors du nid ; elle me dit :
– OH ça va, je me vengerai.
Puis elle s’en alla.
Je m’endormis dans mon petit nid.
Et c’est parti pour une nouvelle journée.


(Manon)

Le renard, ce matin, il dort.
Le midi, il se promène, le soir il va dans les parcs ou les forêts, la nuit il chasse il trouve des souris, des béliers, il trouve quelque chose, c’est du poison et il meurt.
Mais c’est la vie du renard.

5 juin 2017
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