Ronan Le Breton | Pulp Littérature Remix

« Â Pulp Littérature Remix  »Â : une résidence d’écriture

« Â Pulp Littérature Remix  », mon projet de création littéraire, soutenu par la Région ÃŽle-de-France, dans le cadre du programme de résidences d’écrivains, a pour objet de réinventer les romans d’hier afin de les adapter aux goà»ts et aux usages d’aujourd’hui.
Le concept se décline ainsi : j’écris des feuilletons parodiques de romans français du XIXe siècle, àla manière des mashups de Seth Grahame-Smith (auteur de  Orgueil et préjugés et zombies et Abraham Lincoln, chasseur de vampires). Depuis janviers 2018, je mets en ligne chaque semaine un nouveau chapitre sur la plateforme Wattpad.
En parallèle de mon travail de création, j’anime des ateliers d’écriture en lycée, dans l’esprit de « Â Pulp Littérature Remix  ».

« Â Pulp Littérature Remix  »Â : des ateliers d’écriture

« Â Pulp Littérature Remix  » est pensé entre autres pour les adolescents. Les jeunes ont du mal avec cette littérature d’un autre siècle, qui manque de rythme, de cliff-hanger, de scènes d’action, d’effets spéciaux…
Il ne s’agit pas de trahir nos classiques, mais de les rendre au public, qu’ils puissent se les réapproprier. C’est aussi l’occasion de leur apprendre une autre approche du français, loin des impératifs et des consignes académiques.
Depuis janvier, j’anime des ateliers d’écriture dans des classes de seconde dans l’Essonne (Orsay et Palaiseau). C’est idéal. Les élèves n’ont pas d’épreuve de baccalauréat en fin d’année. En revanche, le programme officiel du Ministère exige qu’ils aient lu un nombre conséquent de romans du XIXe siècle, époque cible de mon projet.

Les ateliers en classe

Baccalauréat oblige, les cours se terminent début juin, ce qui met fin àmes animations. En revanche, j’ai eu la chance de recueillir, àl’issue de ce semestre d’ateliers d’écriture, les témoignages détaillés des élèves du lycée d’Orsay. Les mots et les phrases qui revenaient dans leur bouche sont :
– « Â liberté  » (de changer la trame narrative, d’imaginer, de s’inspirer de leur références : jeu, TV, cinéma, BD, romans de genre)
– « Â le travail en groupe  » (qu’ils trouvaient plus motivant et plus ouvert : ils avaient l’autorisation de parler entre eux pendant le cours, ce qui n’est pas le cas normalement)
– « Â des ateliers en demi-classe  » (j’ai eu l’opportunité, une évolution très positive de l’enseignement dans le secondaire, d’intervenir dans des classes réduites, ce qui rend la configuration idéale pour un atelier vivant et réactif : environ 15 élèves)
– « Â ludique et amusant  » (le contenu et le cadre de ces ateliers ludiques et décalés d’écriture transformative ont manifestement été mieux reçus que les cours en classe entière… allez savoir pourquoi 😉…)
– « Â La réalisation d’un strip BD  » a énormément plu (le rapport privilégié àl’image des jeunes n’y est pas étranger)
– « Â mon intervention Skype  ». Suite aux difficultés posées par les grèves SNCF, j’ai été obligé d’intervenir àdistance, via Skype, lors d’une séance. Non seulement l’atelier s’est très bien déroulé, mais les élèves ont adoré cette approche originale et, làencore, peu orthodoxe dans un établissement scolaire.

En ce qui me concerne, je suis satisfait du dispositif. J’ai pu valider le concept de mon projet. Les élèves ont apprécié cette proposition de réécriture ludique et décalée des classiques du programme de français de seconde.
Cela m’a permis également de les initier àl’écriture collective, la fanfiction, le mashup, le crossover, la parodie, bref les écritures transformatives au sens large telles qu’elles sont pratiquées aujourd’hui sur le web et ailleurs.
C’était enfin l’opportunité d’aborder autrement la lecture et l’écriture en classe. Plus exactement, leur montrer que le français est une matière essentielle, engageante, valorisante et bien plus diversifiée que ne le laisse penser le programme officiel.
C’est d’ailleurs le message que je leur ai transmis àla fin. La littérature n’est pas un objet figé qu’on expose dans les musées, mais une matière vivante, qui évolue avec le temps et les publics. Le storytelling est une compétence essentielle dans notre monde d’aujourd’hui pour transmettre une idée, un message, une vision, une histoire...

18 juin 2018
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