Francis Giauque, Å’uvres

Qui se souvient assez de Francis Giauque ? On sait bien que la réception des Å“uvres ne répond pas aux exigences de la justice... et de quelle justice se plaindre, d’ailleurs ? Est-il juste qu’on se souvienne de vous, est-il plus juste qu’on se souvienne de vous en bien, qu’en mal ? Est-il injuste de souffrir, de mourir écrasé par le malheur, ou plutôt par la vie, par l’infecte vie sans cause ? L’édition des Å“uvres de Francis Giauque aux éditions de l’Aire (coll. L’Aire bleue 2005) répond àl’apostrophe d’une existence foudroyée qui implora le monde de ne pas la pleurer, de la laisser éclore « dans une terre humide  », pour enfin s’élever « dans la nuit au son clair  ».

Avec reconnaissance pour celui qui est allé "toujours du côté de la plus grande douleur" selon le mot de Roger Laporte, et qui ne s’est jamais abrité du mal. Le poème partage la douleur.

ne trouvons plus de mots assez aigus
pour exprimer l’ampleur du désastre
vivons disloqués
dans les convulsions de l’angoisse
parmi les remous d’un désespoir si absolu
que rien n’en altère la cruauté
sommes réduits àmendier les caresses de la mort
àaccepter l’horreur pour s’en faire une défroque
dérivons vers les ravines de boue
jaillirons enchaînés du centre putréfié de l’humiliation


image : Vincent Gessler et Sandrine Rudaz

voir le site d’hommage àFrancis Giauque

28 août 2005
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