théâtre et révolution

jeudi 29 juin 2017, 19 heures
librairie Petite Égypte
35 rue des Petits Carreaux
75002 Paris
01 47 03 34 30

Dans le cadre de la résidence à la librairie de Frédérique Aït-Touati, lancement du chantier « La Révolution selon Pommerat » de la revue en ligne thaêtre, avec Marion Boudier, dramaturge du spectacle, ainsi que les contributeurs et contributrices du numéro.

Ce nouveau chantier de la revue thaêtre est consacré au spectacle "Ça ira (1) Fin de Louis" écrit et mis en scène par Joël Pommerat. Avec les contributions de Irène Bonnaud, Patrick Boucheron, Marion Boudier, Eric Feldman, Florence Lotterie, Sophie Lucet, Guillaume Mazeau, Olivier Ritz et Sophie Wahnich. thaêtre est une revue électronique dédiée aux arts de la scène.
"Face à une œuvre revendiquant son refus des effets de clôture et de figement de l’Histoire-majuscule, il nous a donc semblé souhaitable d’ouvrir un espace d’échanges et d’analyses qui échappe à ces écueils et qui privilégie la polyphonie et la contradiction. Ce projet s’imposait d’autant plus que Ça ira a suscité de vifs débats au sein même du comité de rédaction de thaêtre, qu’ils concernent le parti pris de l’actualisation et les enjeux du dialogue noué entre passé et présent ou la capacité du spectacle à faire entendre égalitairement tous les acteurs de l’événement sans orienter le jugement du spectateur.

À transposer la trame révolutionnaire dans des discours et des corps ostensiblement contemporains, Ça ira permet-il d’aiguiser notre regard en congédiant les clichés qui parasitent notre appréhension de cette séquence historique ou n’y ajoute-t-il pas de nouveaux biais qui font eux-mêmes écran jusqu’à semer la confusion ? La contamination des époques par le jeu de l’anachronisme et de l’analogie favorise-t-elle leur confrontation ou vient-elle au contraire écraser la spécificité de chaque conjoncture ? De l’épopée enflammée des origines de notre démocratie au tableau, en creux, de sa déliquescence actuelle, dans quel(s) miroir(s) le public de Ça ira s’est-il reconnu ou découvert ? Au prix de quelles exclusions ? De quelles facilités ? À la faveur de quelles énergies ? De quel désir de faire communauté ? En investissant le territoire directement politique de la lutte des idéologies, des ordres et des classes, l’exigence si souvent affirmée par Pommerat d’abandonner tout apriori pour laisser le sens se construire librement au gré du travail théâtral et de la réception de chacun – ce que Marion Boudier a théorisé sous les termes de « suspension du jugement » ou de « tension vers le neutre » – semble atteindre ici son plus haut point critique. Que l’on trouve semblable posture féconde ou illusoire, habile ou naïve, l’intensité de nos discussions suggère la richesse et la plasticité d’une œuvre réfractaire aux simplifications, et nous a donné l’envie de partager ces interrogations avec d’autres spectateurs, d’autres disciplines."

Extrait de l’avant-propos de Frédérique Aït-Touati, Bérénice Hamidi-Kim, Tiphaine Karsenti et Armelle Talbot.

13 juin 2017
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