Z
comme Zèbre
» Je serais plus pour commencer
l'alphabet par la fin, c'est-à-dire par la lettre Z parce que je
trouve d'abord que ce serait plus rigolo et pour Z je choisirais Zèbre
: alors parce qu'il y a aussi des zèbres dans mes pièces,
surtout en fait des gens rayés, des pyjamas rayés, des bagnards,
des fous, des déportés, des retraités, des enfants
avec des pantoufles et des pyjamas, tout ça. C'est le costume,
la panoplie de l'enfant et ça c'est important, de l'enfant et un
peu du héros malheureux. Dernièrement j'ai vu un type comme
ça dans le métro, il était habillé normalement
mais sous son pantalon dépassait le pyjama rayé comme ça,
alors je me suis imaginé qu'il sortait de l'hôpital et en
fait il passait l'après-midi en dehors de l'hôpital et il
gardait son pyjama dessous pour l'enlever pour rentrer et c'est une image
qui me marque beaucoup, le pyjama rayé. Je sais pas pourquoi, c'est
comme ça, et donc c'est pour ça que Zèbre, c'est
un drôle de zèbre ce type-là !
Y comme Grec
» Pour trouver l'avant-dernière lettre de l'alphabet, c'est
simple tu prends la première tu fais a, b, c, d, e, f, g, h, i,
j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, i grec et tu t'arrêtes
juste avant le z, donc c'est i grec : donc c'est un grec, c'est l'histoire
d'un grec qui est en pyjama et qui est dans un lit ou alors qui lit en
pyjama et voilà !
X comme inconnu
» C'est l'inconnu x. On connaît pas ce type en pyjama qui
est dans un lit. On sait qu'il est grec mais on ne le connaît pas.
W comme Wagon
Wagon-Restaurant, Wagon-lit, on reste sur le pyjama quand même.
C'est vrai que les mecs qui prennent le wagon-lit et qui se mettent en
pyjama c'est assez rigolo
V comme Moi
» Donc V, à part Valletti qu'est-ce que ça pourrait
être, V ?
» Vin ( Vain ? ) On l'écrit comme on veut !
U comme Injustice
» U c'est quand même une des lettres les plus importantes
parce que d'abord il y a peu de gens dont le nom commence par U et puis
quand j'étais à l'école, je m'en souviendrai toujours
de la lettre U parce que U comme j'ai été eu, vraiment !
J'étais au Lycée Saint-Charles à Marseille, le premier
jour on s'est tous retrouvés et j'étais avec tous mes copains
en quatrième et puis y a un type qui entré et qui s'appelait
Henri, il a dit : » Ah là là ! Y a un problème, y
a un problème dans cette classe, y a trop de gens dans cette classe
et y a pas assez de gens dans l'autre classe qui était la classe
concurrente, l'autre quatrième où on savait très
bien que dans cette autre quatrième c'était un prof qui
était fou furieux qui dirigeait cette classe et alors... Qui veut
y aller ? Personne évidemment ne lève le doigt. Personne
ne se dévoue. » Bon ben alors on va tirer au sort ! Et le prof
avait un chapeau, il s'appelait Monsieur Arrighi et il a mis toutes les
lettres dans son chapeau et le plus jeune de la classe est allé
tirer une lettre dans le chapeau. Ça a été la lettre
U, qu'il a tirée ! Alors le prof a regardé et a dit: » Eh
bien Tomasini ! Eh oui le plus près c'était Tomasini. Alors
moi j'étais soulagé, je venais d'échapper... Et puis
il a dit : » Ah ! mais non, mais non, c'est pas Tomasini, c'est pas Tomasini,
c'est V, c'est Valletti le plus près et en fait à partir
de là c'est moi qui ai été désigné
pour aller dans cette autre classe et j'ai senti ça vraiment comme
une injustice, mais la collusion entre des gens face à un petit
garçon qui n'avait rien demandé du tout... On comprend,
n'est-ce pas! On comprend ! Arrighi & Tomasini ! Ils auraient tiré
V, bon, c'était la faute à pas de chance et j'aurais accepté,
et ça aurait été juste, ma foi ! Mais tirer U, d'abord
penser qu'il fallait mettre la lettre U parce qu'évidemment, ils
ont mis la lettre U mais on savait pas que personne commençait
par la lettre U... Et ça, ça m'a révélé
quand même un travers chez la personne humaine et à partir
de là je suis devenu un très mauvais élève...
T & S
comme Théâtre & Spectacle
En fait c'est plutôt la lettre T et la lettre S ensemble,
c'est-à-dire Spectacle et Théâtre... Bon parce que
le Théâtre est une forme de spectacle et spectacle c'était
d'abord cinéma : à l'âge de six, sept ans, je faisais
des représentations de cinéma chez moi. Donc je mettais
des affiches dans la maison et puis je disais : Ce soir Cinéma
! Je faisais des Pivolos dans le Frigidaire, à la menthe, que je
vendais à l'entracte, et puis il y avait mon père, ma mère
et puis ma grand-mère qui venait. Je mettais des chaises, ma soeur
m'aidait, on faisait à deux, et je découpais des bandes
dessinées et puis je montrais les bandes dessinées avec
un rouleau que je mettais comme un film, puis je lisais les dialogues
et après avec ma sÁur on a fait un vrai film. C'était un
film policier, en bandes dessinées, mais pour projeter. Et on lisait
les dialogues, on faisait la musique, tout... Quand j'étais au
lycée, il y avait un cabaret étudiant à Marseille
et je chantais, j'avais écrit les chansons et on nous donnait un
peu de sous pour passer comme ça, c'était pour chanter.
C'était en soixante-sept. Et j'avais monté un orchestre
qui s'appelait Les Immondices, on était cinq copains. A la fois
on faisait quelque chose qui nous faisait marrer et à la fois on
commençait à toucher un peu d'argent... On avait pas des
besoins extraordinaires, mais quand même le problème du métier,
de l'argent quand tu es petit, très vite ça te préoccupe.
Comment arriver dans cette société à pouvoir gagner
ta vie ? C'est-à-dire à avoir de l'argent pour faire ce
que tu veux. Et alors trouver le système pour que faire ce que
tu veux ça te rapporte de l'argent, c'est quand même l'idéal.
En fait la base du spectacle ou du théâtre c'est qu'il y
a des gens qui payent pour te voir, pour voir ce que tu fais. Si c'est
intéressant, ce que tu fais, y en a qui viennent ! Ils payent pour
voir ce que tu fais ! Si c'est pas intéressant y a personne qui
vient. La difficulté c'est d'arriver à faire quelque chose
d'intéressant sans se dire : Bon, je vais faire quelque chose pour
que les gens viennent pour avoir de l'argent. Il faut arriver à
être assez, peut-être, je sais pas, étonnant pour que
ce que tu fasses intimement et avec le plus de conscience, de sincérité
possible : ça ce soit étonnant !
R comme Restaurants
» J'aime beaucoup marcher, moi, je suis un marcheur. C'est-à-dire
que je marche, ça me détend de marcher, j'aime bien marcher
dans la ville. Ici à Paris vraiment je divague en marchant et le
jour, la nuit, au soleil, sous la pluie, à midi, à minuit
comme dirait l'autre. Non, non, j'aime marcher et c'est vrai qu'à
propos des conversations ce serait plus lié aux restaurants en
fait... J'aime bien aller au restaurant seul et puis écouter les
conversations des gens... J'aime bien faire ça ! Et à partir
de quatre ou cinq phrases dans ma tête reconstituer toute l'histoire
de ces gens qui sont en train de parler à côté...
des rapports entre un patron et une employée, deux amants, un frère
et une sÁur, des cousins et c'est vrai que ça me... ça me
stimule beaucoup... Oui dans la rue ce serait plus les cris, mais en fait
moi dans la rue quand je marche, je pense à... J'établis
des plans, des stratégies de combat pour arriver à faire
ce que je veux et je rêve et puis je me retrouve au coin d'une rue
et je ne sais plus où je vais, mais bon... Voilà... Ce qu'il
y a c'est que je parle tout seul, je me fais des questions et des réponses,
je répète la vie en fait...
» Et ça t'arrive de parler à voix haute ?
» Oui, oui... quand je suis un peu énervé... Oui, enfin
c'est pas systématique... C'est-à-dire surtout quand je
suis en pyjama dans la rue... quand je marche, ça m'arrive parce
que les gens me regardent bizarrement, donc je fais semblant de parler
seul pour qu'ils me laissent tranquille.
Q comme Cul
Facile. Assez évident et facile. On peut passer sur le
Q !
P comme Prison
Ça c'est un réflexe qu'on a un peu tous de... enfin
moi ça m'arrive très couramment... mettons on est tous dans
une pièce et y a quelqu'un qui rentre et qui dit : quelqu'un a
volé un bijou, il faut le rendre... Et moi j'ai toujours l'impression
que c'est moi, que je suis coupable, quoi ! A la limite je suis plus angoissé
quand je suis pas coupable que quand je suis coupable. Parce que quand
je suis coupable, bon, au moins j'ai préparé ma défense
et le problème c'est que j'ai toujours peur qu'on m'accuse de quelque
chose que j'ai pas commis et finalement écrire c'est s'évader,
donc s'évader de quoi ? De cette prison dans laquelle on est, qui
est simplement le corps peut-être, le cerveau, ces choses-là...
Et tout peut être inversé évidemment et moi je m'évade
sur scène et dans ces quatre murs dont un est troué pour
que d'autres gens regardent je suis dans une prison où je fais
des plans d'évasion pour que tout le monde s'évade, pour
que le public s'évade...
O comme Oseille
C'est vrai que c'est le problème principal, c'est de trouver
l'argent pour faire du théâtre et faire du théâtre
pour faire de l'argent... chose insensée parce qu'effectivement
quand tu décides de faire du théâtre et que tu dis
que tu vas gagner de l'argent en faisant du théâtre les gens
te regardent avec des yeux ronds parce que d'abord il y a quatre-vingt-dix
pour cent de chômeurs, une profession sinistrée où
c'est la loi du plus fort dans tous les sens du terme, du plus doué...
Alors c'est de la folie ! Je pense qu'on est quand même là
pour faire des choses folles donc, oui, alors comme le théâtre
parle du théâtre, enfin le théâtre que j'écris,
alors effectivement tous ces gens sont préoccupés par l'argent,
ça c'est sûr ! Par comment vivre !
N comme Nacre
J'aime bien les coquillages, oui l'idée qu'on entend la
mer dedans quand on les porte à l'oreille, quand ils sont vides
ils servent encore à quelque chose, c'est à rapprocher des
textes qui sont des coquilles vides c'est-à-dire que j'ai écrit... Le
coquillage pour vivre produit sa coquille et après il meurt et
il reste sa coquille qui est belle, on peut faire des bijoux avec, elle
peut être habitée par d'autres gens. Et comme ça de
l'extérieur tu ne vois pas très bien en fait si c'est un
coquillage mort ou vivant... Et je pense que les textes c'est un peu ça.
Les textes de théâtre c'est ça ! C'est qu'ils doivent
être produits par la vie, par un phénomène de vie,
de protection naturelle et si ils sont bien faits ils peuvent servir à
d'autres choses, c'est-à-dire à d'autres... Tous les textes
des auteurs anciens sont pour moi comme des coquillages mais vides qui
ne demandent qu'à être réhabités ou réemployés
mais ce qui est fou c'est que la force qui les a créés,
qui est l'auteur qui a écrit ça à ce moment-là,
que ce soit Molière, Shakespeare, Racine ou les Grecs, Sophocle,
Aristophane... cette vie qui a créé tout ça a disparu
mais il reste le texte et le texte est le souvenir de cette vie et c'est
complètement dément de penser qu'un type a écrit
comme Sophocle des pièces il y a des milliers d'années et
que c'est toujours... ou Shakespeare et que dès que tu te
mets comme ça dans l'idée de les remonter ces pièces,
de voir que ça fonctionne encore et qu'on a pas changé,
l'humain n'a pas changé et ça c'est beau... C'est pour ça,
pour moi les coquillages sont la métaphore de cet acte de l'écriture
comme ça théâtrale, précisément théâtrale
à la différence d'un roman qui lui est fini quoi qu'il arrive,
disons qui n'a pas besoin d'être représenté sur une
scène pour avoir sa plénitude. Alors qu'une pièce
de théâtre a besoin, même si on peut éprouver
du plaisir à lire un texte de théâtre, d'abord il
y a peu de gens qui font cet effort-là, et je comprends que ce
soit un effort parce que ce n'est pas fait pour ça, c'est fait
pour être entendu, seulement pour que ce soit entendu il faut le
marquer, il faut que ça passe par l'oeil, par la lecture...
M comme Mer
Je peux rester des heures à regarder la mer. Ça
c'est Zen ! Je peux regarder des heures... C'est-à-dire que tu
t'en vas quand tu as froid. Mais c'est une autre manière de marcher
dans sa tête. C'est le bruit de la mer ! A la fois le bruit et être
au bord de la mer c'est vraiment... Ça oui, c'est lié à
la sagesse... Oui, être au bord de la mer il n'y a rien de mieux
! Ou alors les Caraïbes, voilà ! La mer des Caraïbes
ça c'est formidable ! C'est comme la mer Méditerranée,
c'est aussi beau ! Là-bas j'ai retrouvé vraiment ce que
j'avais vécu à Marseille quand j'étais petit... La
mer comme je l'ai connue à Marseille quand j'étais petit
et d'ailleurs quand je suis parti de Marseille c'était aussi parce
que la mer n'était plus pareille, mais j'étais content de
savoir que ce que j'avais vécu quand j'étais petit ça
existait encore...
L comme Embrouillamini
C'est vrai que ça vient aussi un peu de ma manière
d'écrire qui est de partir sans savoir où je vais et puis
de trouver à la confusion et au chaos un ordre et c'est comme ça
que ça se passe et c'est l'avantage du théâtre, c'est
que les gens qui vont au théâtre, ils s'installent dans des
fauteuils et puis le rideau s'ouvre puis ils sont prêts à
tout, à priori, si ils ne savent pas de quoi ça parle il
faut profiter au maximum de cet état de réceptivité
du spectateur qui est évidemment prêt à tout... C'est-à-dire
que le rideau s'ouvre, la scène est vide, il s'attend à
voir entrer un acteur ou deux acteurs, trois acteurs, quinze acteurs,
un éléphant, une chèvre, un avion, un bateau, un
train, rien, une bouteille de Coca-Cola, je sais pas, il est prêt
à ça, donc moi aussi je suis prêt, donc je cherche
et puis arrive finalement, dans ce qui arrive il y a une logique, il y
a un ordre et c'est ça que j'organise et c'est ça être
auteur de théâtre. C'est organiser cet embrouillamini au
départ dans la tête du spectateur et y trouver un ordre et
y trouver une cohérence, mais au départ accepter que ça
puisse partir dans tous les sens, donc embrouillamini, oui...
K comme Kaléidoscope
R.A.S.
J comme Journal
Journaliste, journal, articles de journaux... erreur dans les
articles de journaux, fierté d'être dans le journal et à
la fois indignité d'être dans le journal. C'est une chose
qui est intéressante à creuser et qui m'obsède, oui,
sûrement et donc j'en parle...
I comme Hilare
C'est ma principale activité d'organiser le rire. C'est
ça j'organise le rire. Et moi je ris de mon propre rire. Enfin
j'essaie ! C'est un plaisir insensé, un grand plaisir... parce
que les spectateurs rient au bon endroit que j'ai prévu et ça
c'est extraordinaire, parce que ça montre à la fois que
j'ai eu raison de penser ce que j'ai pensé et je suis content que
ce contentement donne du contentement à d'autres puisque c'est
agréable de rire à priori, il y a peu de gens qui disent
: Ah ben j'ai ri, qu'est-ce que j'ai ri, c'était chiant ! Et donc
ça me fait rire beaucoup de voir les gens rire. Donc c'est un cercle
vicieux infernal où je finis débile à rire tout seul
en pyjama. Ça c'est sûr ! Mais on est sur la route allons-y
!
H comme Hôpital
Psychiatrique
Ben voilà, oui, c'est un lieu, oui il y a des choses qui
se passent là... Donc je parle des choses qui se passent dans cet
endroit qui existe, qui est la société comme ça,
un peu mise en ordre par des gens qui sont les docteurs. C'est vrai que
ce sont des gens qu'on voit quand on a mal, donc par tout réflexe
pavlovien dès que je vois une infirmière j'ai mal puisque
j'ai été habitué dès que j'avais mal à
voir une infirmière, donc quand j'en vois une j'ai mal, même
si je n'ai pas mal... donc c'est la haine... Non, mais j'ai rien contre
les infirmières parce qu'il y en a qui font un travail formidable...
mais ce sont mes personnages qui ont de la haine... en fait il n'y a rien
que je déteste plus qu'une infirmière méchante, voilà
! Je trouve que ça devrait pas exister et les infirmières
sont gentilles le plus souvent mais je ne supporte pas qu'une infirmière
ou qu'un docteur soient méchants. Je trouve qu'il n'y a rien de
plus terrible... Je préfère un escroc, je ne sais pas n'importe
quoi, un gangster, un pirate, un bandit, tout ce que tu veux plutôt
que quelqu'un qui dit qu'il est infirmier et qui est méchant.
G comme Gâteux
Parce que ma grand-mère comme elle me gâtait beaucoup
je l'appelais la mémé gâteuse... Alors ça faisait
rire. » Tu es gâteuse, mémé !
F comme Firmament
Oui, j'aime bien le ciel étoilé la nuit en Provence.
J'ai acheté un télescope et j'ai regardé Saturne,
la Lune, tout ça et c'est formidable et j'étais fascine
par Saturne, par les anneaux de Saturne, c'est incroyable. Je savais que
ça existait et en fait c'est incroyable parce que quand j'étais
petit mon père m'a amené à Rome et il y avait un
type qui comme métier, avait installé une lunette astronomique
sur la place et puis c'était je crois dix lires pour voir Saturne
et je me rappelle, tout petit, avoir vu Saturne mais c'était tellement
net que j'ai jamais su... » J'en ai parlé avec mon père
et il ne se souvenait plus de cette histoire-là » j'ai jamais su
si c'était pas une blague, si ce type-là n'était
pas un escroc qui en fait avait mis une vague diapositive dans la lunette
avec une lumière derrière tellement c'était Saturne,
avec les anneaux, la boule avec les anneaux autour... Incroyable et quand
j'ai acheté le télescope j'ai pu vérifier que c'était
vraiment ça, ce que j'avais vu quand j'étais tout petit
était vraiment Saturne parce que quand tu le regardes comme ça
c'est vraiment... on dirait un dessin, une image et c'est insensé,
c'est vraiment insensé. Ce qui est fou c'est d'imaginer que bon... on
imagine qu'il y a des extraterrestres, d'accord, déjà c'est
pas sûr, mais admettons qu'ils existent, ce qui est encore plus
fou c'est d'imaginer que ces extraterrestres font du théâtre
aussi, alors ça c'est... J'aimerais voir ce théâtre-là
quoi ! Ça doit être assez dément ! Le rideau qu'ils
doivent avoir ! En gélatine molle !
E comme Ensemble
C'est le problème des solos, dans Souvenirs Assassins le
type il a tout dans sa tête... Je sais pas... Il y a des tas de
gens dans ma tête, il y a déjà plusieurs moi et puis
il y a tous les gens que j'ai connu, puis il y a tous les gens que j'invente,
quand j'écris une pièce par exemple je vis avec les personnages
dans la tête, ils deviennent complètement présents
et je finis la pièce pour qu'ils sortent un peu de ma tête.
C'est sûr ! Donc en fait je suis habité par des gens, c'est
sûr ! Par
des personnages comme on dit, par des noms, des gens, des mots...
D comme Dé
à jouer
J'aime beaucoup jouer, un peu moins maintenant mais j'aime bien
jouer, tout ce qui est jeu... Parce que jouer aux cartes, j'ai toujours
joué aux cartes, aux échecs, aux courses, au loto, à
tout... C'est convivial... C'est terrible le jeu quand ça devient
une maladie ou un vice, c'est sûr, quand ça te mange le cerveau
et que tu ne penses plus qu'à ça ! Ça c'est terrible
! C'est comme beaucoup de choses d'ailleurs ! A consommer avec modération
!
C comme Carton
C'est tout ce qui est en dehors de soi ! Moi j'aime beaucoup le
métier d'acteur parce que tu ne portes rien. Ou alors tu joues
le mec qui porte quelque chose, mais disons que tu as besoin... le seul
outil c'est toi. C'est ton corps. Et tu peux avoir les mains dans les
poches et être acteur. Et ça c'est bien ! C'est un métier
agréable pour ça ! Tu n'as besoin de rien ! Tu as ton costume,
tout ça, mais l'outil principal c'est le corps, donc pour les cartons
c'est tout ce qui est à trimballer, toutes les choses qui t'enchaînent
à la réalité, à la matière et y a rien
de plus chiant qu'un déménagement pour emporter toutes ces
conneries qu'on a dans des cartons et qu'on trimballe, même si ce
sont des bons souvenirs c'est quand même lourd à porter et
c'est difficile de... il faut partir sans rien, quoi ! De toute façon
on partira sans rien... on sera nous dans le carton !
B comme Bateau
Les bateaux, d'abord il y a le rapport avec le théâtre,
parce que les théâtres à l'époque étaient
construits par des marins, par des fabricants de bateaux, c'est la même
construction et c'est la même chose, c'est le même métier,
donc le théâtre est très lié aux bateaux et
puis il y a aussi l'idée que quand j'écris une pièce
c'est comme si je faisais un plan de bateau, tout simplement, un plan
de bateau pour la Transat, la Route du Rhum ou je sais pas quoi, ou le
Tour du Monde... seulement ce n'est qu'un plan, c'est sur du papier avec
de l'encre et c'est tout. Après il faut construire le bateau, deuxième
chose, c'est-à-dire trouver les matériaux, trouver l'argent
pour faire le bateau, trouver l'endroit, trouver le temps pour construire
le bateau, c'est la deuxième étape... La troisième
étape c'est de conduire le bateau pour gagner la course, la traversée
et pour moi l'auteur de théâtre il s'arrête au plan,
le metteur en scène il construit et l'acteur il pilote, c'est l'équipage,
la troupe c'est l'équipage. Et je suis content quand j'ai fait
un plan d'un bateau et qu'il sert à gagner une course. C'est un
vrai plaisir. Mais pendant longtemps j'ai fait mes plans moi-même,
j'ai construit mes bateaux moi-même et j'ai navigué en solitaire
sur ce même bateau et j'ai gagné quelques courses.
A comme Angoisse
Tout ça c'est pour calmer une angoisse sûrement,
mais bon, il faut vivre avec son angoisse, chacun a son angoisse et puis
voilà !
C'est tout !
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