« On a bien rigolé, on s’est bien amusés quand même… »

Mme Gisèle Chaffin, qui fait visiter le musée des forges, nous raconte la vie des familles qui habitaient les logements ouvriers autour de la fontaine, au temps où les forges disposaient d’un bureau de poste, d’un café-épicerie, de jardins maraîchers… Son mari travaillait aux forges. Il régnait une bonne ambiance parmi les 160 personnes qui habitaient dans une quarantaine de logements. Chaque famille avait droit à trois pièces : la cuisine, la chambre des parents, et celle des enfants, qu’ils soient six ou dix. L’octroi d’un logement était lié au fait que le père de famille travaillait aux forges. Dans une même famille, le père et les fils travaillaient souvent tous aux forges. Des Espagnols, des Tunisiens, des Yougoslaves… et des « Ch’timis » ont travaillé là. Des marchands ambulants, y compris d’habits, passaient. La fontaine, au centre de la cour, fonctionnait. On allait chercher le lait dans les fermes de Syam. Sur le muret, vers la route, on s’assemblait le soir et on parlait.
Mme Chaffin était la maman de six enfants, et des trois enfants de sa sœur. Le jeudi elle enseignait le catéchisme à une bande de douze enfants. Elle évoque une fête qui avait lieu à la Saint-Claude, en juin. Ou les frites et les saucisses aux choux qu’on préparait à Noël. Des inondations se sont produites par trois fois vers Noël, on mettait l’électroménager sur la table et l’on se réfugiait à l’étage durant trois jours, en attendant la décrue. Sinon, il n’y avait de l’eau (froide) qu’au robinet de pierre qui servait d’évier dans la cuisine. Les toilettes en commun donnaient sur la rivière.
Mme Chaffin ne pourrait, pour autant, aller vivre dans une HLM à Champagnole. Elle ne pourrait dormir dans la chaleur d’un chauffage central. Les gens pouvaient se procurer du bois dans le cadre de l’affouage que proposait la commune.
Les vacances se passaient aux jardins partagés, où chaque famille cultivait, où tout le monde se retrouvait le soir. Le week-end on allait à la pêche, aux noisettes, aux mûres…
À l’époque où les forges étaient une clouterie, les femmes y travaillaient, de nuit, et les hommes la journée. Elles s’appelaient les frappeuses, parce qu’elles frappaient le fil de fer pour en faire des clous.


Gisèle Chaffin – Exergue


Gisèle Chaffin – Ma venue aux Forges


Gisèle Chaffin et Michel Prost – La Vie aux Forges


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Conditions matérielles


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Chauffage


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Quarante logements


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Le Sentier du facteur


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Les Horaires de travail


Gisèle Chaffin et Michel Prost – L’Alcool au travail


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Les Jardins


Gisèle Chaffin et Michel Prost – La Villa palladienne


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Temps de passage


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Générations


Gisèle Chaffin et Michel Prost – Le Musée


Gisèle Chaffin et Michel Prost – La Clouterie


Le prochain épisode : Des forges de Syam à la verrerie-cristallerie de La Rochère
Le précédent chapitre : « Avec le fer on fait de l’or ! »

4 février 2020
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