58 – Rêve de Enzo, 37 ans

Je suis dans une voiture, àl’arrière, allongé sur la plage arrière, contre la vitre. Je dors.
La route est bordée de platanes, derrière les platanes, des champs, derrière les champs, une rivière.
La route tourne, et c’est dans ce virage que l’action se fige, au ralenti.
Dans ce virage, où je me retourne et où je vois, poursuivant la voiture, une vache.
Une vache qui court sur la route goudronnée, qui court derrière la voiture. Je ressens de la peur, mais aussi de la tendresse pour cette vache. Mais comment une vache peut-elle être sur la route, et courir, aller aussi vite qu’une voiture ?!
Dans ce virage, la voiture roule mais n’avance pas, la vache court mais ne me rattrape pas. Sans fin. La vache est blanche, tâchée de noir. Dans ce virage une oppression. Sans fin, le son des sabots de la vache sur le goudron gris. Tout autour le vert des arbres, les platanes défilent mais rien ne bouge.
Puis la vache approche de la voiture, très près, je suis àgenoux sur la banquette arrière, je la regarde, hypnotisé. Tout àcoup, la vache s’approche, rattrape la voiture, rentre par le pare-brise arrière, et vient se poser sur la banquette ; elle y arrive, elle trouve sa place, elle a l’air bien. Elle est là, àmes côtés, dans ce virage d’où la voiture n’est pas encore sortie, la vache est àcôté de moi, je me fige, je sens son souffle fort sortir de ses naseaux, j’entends aussi mes battements de cÅ“ur, sons sourds, amplifiés et déformés.
Mon cœur bat fort, je ne bouge plus, mon cœur tape, tape, tape.
Je me réveille.

Enzo

28 avril 2013
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