Deux vaches qui rient s’il vous plaît.

Deux vaches qui rient s’il vous plaît. Deux vaches qui quoi ? Ah, deux vaches qui rient. Bien, les voilà. Ça vous ferez mal au derrière de vous pousser un peu ? Non mais dis donc, un peu de respect jeune homme. Ce n’est pas pour dire mais la personne qui photographie les alentours m’a l’air un peu … un peu évasive sur les bords. Mais c’est ça qui est bien. Evasive ? Comment vous dire ? Elle est tout àfait respectable et entraînée. Deux heures de routes pour aller se promener en calanques. Grecques ? Pas les calandes, Monsieur, voyons. Je vous parle de nos belles calanques. Y en a làdedans, hein ?

Les voilàtous positionnés autour du bateau. Apprêtés, ils mangent sur le pouce et s’avancent vers l’eau turquoise.

Mais dis donc, c’est qu’on voit parfaitement làdessous.
Manquerait plus que ce ne soit pas le cas. On paye le voyage, tout de même.
Taisez-vous ! Sentez les embrums sur votre peau et...
C’est qu’il serait poétique celui-là.
Pas de mesquinerie, Gilbert s’il te plaît.

A la une. A la deux. Noooon !!!! A la trois ! SPLASH. J’adore ces moments là. Espèce de cons ! Salauds. Vendus ! Oh, ça va, juste un peu d’eau dans les oreilles, ça ne fait pas de mal. J’voudrais t’y voir toi. Viens si tu oses. Respire, calme-toi. Il fait tellement chaud ici qu’un peu plus un peu moins … L’un dans l’autre. Arrêtez avec vos expressions toutes faites ! Le premier qui recommence, j’le met àla flotte aussi sec. C’est qu’elle serait agressive la p’tite. Allez, remonte. Je vais t’aider. Nan ! Quoi « Â nan  » ? J’te dis que je ne veux pas de ton aide. Pourtant, si tu veux remonter, faut bien compter sur quelqu’un ici. Tu peux compter sur moi, Marianne. Je t’assure. Allez, ne boude pas. T’es en mauvaise posture de toute manière. Ok. Ok, remonte-moi. Ouch, c’est que tu pèses ton poids. Non mais tu te moques de moi ? Je plaisante, allez fais pas la bougre. Prends ma main. Je voudrais bien un peu d’aide. Hé ho, mais qu’est-ce que tu fais. Arrête, je ne suis pas chatouilleux de toute manière. Arrête, j’te dis. Non mais aidez-moi au lieu de faire ça. Arrêtez, non mais sérieusement, arrêtez ! Ahhhh ! Et deux hommes àla mer, deux. Abrutis, va ! Marianne, calme-toi. Comment veux-tu qu’on y arrive. Allez, faites pas les marioles. Remontez-nous. Promis, on sera sage. Mais non, Madame Dupin, on ne vous flinguera pas votre chapeau. Ni votre appareil photo. Promis. On fatigue là. Soyez pas vaches. Nous sommes des êtres raisonnables. Gilbert, tenez donc la perche pour les aider. Ils s’éloignent là. Grouillez-vous, Marianne devient toute bleue. Ok. Mais je n’arrive pas àvous remontez. Vous n’essayez pas bien, Gilbert. Ma mie, faite-le àma place. Je vous en prie, soyez pragmatique et raisonnable. Je suis bien frêle comparée àvous autres. On doit revenir au bateau pour 18 heures 30 au plus tard. Et alors, voyez pas qu’on est dans de beaux draps. Non mais lui alors, toujours plus de paroles que d’actes. Aidez-nous bon dieu. Mais aidez-nous. Lâchez votre livre et mettez la main àla pâte.

Solène Lécuyer

5 juin 2017
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