Emmanuèle Jawad | PLANS D’ENSEMBLE (fragments)
cartes, récits
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l’emplacement même, au lieu du discours, à la chute, en face,
le théâtre national, au sol, damier à carreaux minuscules noirs et blancs, plafond cerclé d’un néon vert, rassemblement d’une dissidence,
retour d’une figure majeure, effet froissé de la porcelaine contenant,
édifice désossé sur l’artère centrale, pulvérisation de ciment, mèches
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le discours d’investiture est un poème, le théâtre national, une enclave dissidente,
un plafond cerclé d’un néon vert couvre l’édifice, en contre-plongée,
un forum des années cinquante, le tramway marque l’angle arrondi du café,
dans l’alignement des baies vitrées, puis rectiligne, en marge du quai,
il revient à l’endroit, s’étonne du rendu graphique, stabilise l’image
l’extrême plat, gravite autour, circulaire pan de poudre neige,
d’un doigt ganté, une césure que forme, un disque, échancrure tracée à l’index, volute en conséquence énigmatique, il s’allonge au sol,
l’expertise d’un non-sens, une sensation froide à l’endroit du dos,
il emporte les fragments qu’il enregistre, modifie
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dans l’application rigoureuse des programmes aléatoires, l’allure des pas
à embarcation variable, modulée, une précipitation soudaine
puis le rétrécissement de leur mesure, à pas, se chevauchent, quasi mêmes,
sur place, il revendique l’inadéquation au monde, arpente la portion restreinte
du territoire imparti,
une mise à mal du mouvement d’un film, circulation d’images mentales
à portée fixe, presque identiques, portraits d’Anna coupés à hauteur d’épaules, il consulte des répertoires anciens, obliques scindent le plan
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l’excavation des pistes improvisées, en ciel clair, croisement des appareils
à faible altitude, de dos, en bordure de route, dans le terrain défait, il attend,
valises posées dans séquence mythique, reprise, modifiée à peine, blés,
champ d’un désert urbain, personnage en lutte sous la menace, debout,
se retourne, rien ne vient, un camion file trop, s’en dépoussière
histoires, frontière
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mur souvenu droites métalliques hachurent à peine un volume d’air
sur la longueur morcelée, une dissipation des repères, il confond,
on y passe à travers, rétablir une époque sur une carte récente, s’y perdre,
la juxtaposition des traces nécessitent ou non leur conservation, l’épaississement soudain du signal d’une frontière par l’enclenchement d’un mur
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vers Anna, la frontière ténue s’amenuise jusqu’à l’épuisement, il repose
la question à quelle intersection se mesure l’anfractuosité des sols, un relief perdu
dans le lissage de contrées neuves
Notice bibliographique
Emmanuèle Jawad vit à Paris. Elle a publié des textes dans les revues Propos de campagne, boXon, ouste, 22 MDP, chroniques errantes et critiques, Action restreinte notamment ainsi que dans les revues électroniques RoToR et sur sitaudis. Son premier livre les faits durables a été publié en 2012 (éditions ixe). Elle collabore également pour des chroniques aux cahiers critiques de poésie du cipM ainsi qu’au site libr-critique.com