Faire corps a débuté !

À travers un travail en « électron libre » dans la ville, jusqu’à décembre 2015, je suis l’auteure-glaneuse sur le « tout terrain » d’Ivry, dans la rue, dans les murs, privés, public. Je laisser la part belle aux rencontres peu classiques et purement spontanées qui m’amènent, par capillarité, au contact de personnes et de cercles insoupçonnés. Partant du constat que bon nombre de Français se retrouvent isolés, inquiets, mécontents et pour autant mutiques, je rejette le repli sur soi et ambitionne de « faire corps ».
À la rencontre des Ivryens là où ils se trouvent, je collecte des paroles sur la précarité dans sa plus large occurrence : psychologique, matérielle, physique, affective, sociale, etc. Je suis convaincue qu’en donnant la parole à chacun sur notre sentiment de précarité, on peut réinjecter de l’histoire collective, favoriser l’expérience individuelle forte et encourager l’intérêt pour autrui.
En tant qu’artiste, je vais chercher à travers la diversité des témoignages collectés, un fil conducteur, qui permette d’imaginer un outil, une piste pour opérer une rupture avec cette situation délétère. J’observerai ce qui se dessine à travers ces textes, le partage d’un sentiment prégnant en lien à la précarité, afin de mettre en valeur nos points communs, ce qui nous rassemble dans nos individualités et nos expériences bien distinctes. Je chercherai dans ces textes une trame pour créer un axe commun pour FAIRE CORPS !
Le pari littéraire de FAIRE CORPS est de faire émerger, à partir de cette expérience de terrain, une trame, un fil solide, un lien fort, une forme de Parlement populaire… des temps d’Agora. Nous partirons des textes. On y traitera les doléances, certes, on y parlera de nos peurs, de notre détresse, de nos espoirs, mais pour en faire un moment de communauté de pensée en vue d’imaginer ou de renouveler les champs de l’action collective. En partant de la rencontre mutuelle et du partage du geste littéraire avec des personnes qui en sont souvent écartées (les entretiens sont ré-écrits à 4 mains dans la mesure du possible), je désire prendre le temps. Le temps de mettre l’artistique et la militance au service de la rencontre et des idées. Le temps d’une démocratie participative, tant appelée de nos vœux, redonnant l’envie et le plaisir d’être ensemble pour penser et construire des perspectives concrètes.