Gérard Haller, Figuren

Le dimanche 26 novembre à14h30, Gérard Haller, Isabelle Baladine Howald, Edmond Lopez, et Sylviane Poirier liront Figuren, un texte composé par Gérard Haller, dont remue.net a déjàévoqué la voix exigeante.

Ce texte de théâtre a été composé par Gérard Haller àpartir de Robert Antelme, Charlotte Delbo, Filip Müller, Max Picard, David Rousset, Elie Wiesel, ainsi que des témoignages rassemblés par Claude Lanzmann pour Shoah, et du scénario de Hans Jürgen Syberberg Hitler, un film d’Allemagne.

Gérard Haller prolonge la présentation par ces mots qui résonnent :

« Dans Shoah, des témoins racontent comment ils devaient sortir les cadavres des fosses pour les brà»ler et faire disparaître les traces. C’est pour désigner ces cadavres qu’il fallait dire Figuren. Les nazis avaient interdit les mots « mort  » ou « victime  ». Il fallait dire Figuren, c’est-à-dire « marionnettes  », « poupées  ».
Mise en scène encore. Accomplissement obscène d’un programme qui, parce qu’il prétendait réaliser le mythe, incarner la figure mythique de la « Communauté  », ne pouvait conduire qu’àradicalement éliminer tous les corps de l’Autre qui l’interdisaient – Juifs d’abord, mais aussi Tziganes, homosexuels, opposants, malades mentaux… Jusqu’aux morts eux-mêmes qu’il fallait encore finir de nier.
Car « le mort est plus fort que le SS, écrit Robert Antelme. Le SS ne peut pas poursuivre le copain dans la mort [...]. Il touche une limite  ». Les SS peuvent tuer – ils auront inventé pour ça un enfer nouveau, une chaîne de mort sans précédent. Mais ils ont beau s’acharner, « ils ne peuvent pas décider, àla place de celui qui sera cendre tout àl’heure, qu’il n’est pas. Ils ne peuvent pas le changer en autre chose  ». Ils ne peuvent pas faire qu’il ne reste jusqu’au bout un homme. Comme eux. Un qui même réduit àrien continuera de se dresser contre eux.
Expérience inouïe des hommes là-bas, qui, si défigurés qu’ils soient, ne ressemblant plus àpersonne, n’ont peut-être jamais été si près de se reconnaître pour eux-mêmes « sacrés  ».
Dire cela ne répare rien. Ce n’est ni pour consoler, ni pour sauver quelque chose de cette « mort sans phrases  » que fut la mort des déportés. Mais pour apprendre, ànotre tour, la limite : irréductible et toujours de nouveau àdécider, infiniment fragile àcause de cela, cette simple présence de chaque un àchaque autre qui fait la seule communauté vivable qu’il y a.  »

Calendrier Lectures le dimanche à14 h 30, tous les deux mois. Participation aux frais : 5 euros.

Prochaines dates : 26 novembre, Figuren ; 21 janvier, Jean-Luc Nancy

Coordination Gérard Haller, 01 43 58 77 66, haller.g[arobase]wanadoo.fr, Isabelle Baladine Howald, 03 69 09 33 26, isabellehowald[arobase]club-internet.fr

Accueil Marlies et Pierre Schoch, L’Instant, Chambres et tables d’hôtes, 39 rue du Eck, 67140 Le Hohwald, 03 88 08 35 95, instant[arobase]lehohwald.com

7 novembre 2006
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