John

C’était encore une nuit sombre et humide, où la moiteur de l’air embaumait les âmes. Jean, ou John pour les intimes, avait décidé de rester au labo pour prendre à bras le corps cette histoire de monstre. Il fallait bien que quelqu’un s’y atèle. "La créature de l’Oise", "Une ombre s’abat sur le Val d’Oise", "La lueur s’éteint dans le 95", "- Que veux-tu nous dire ? Qu’est-ce que ta présence signifie ?" griffonne t-il sur un morceau de papier qui traîne sur la paillasse. Face au mur recouvert d’une vague d’articles épinglés concernant cette mystérieuse chose, une créature tantôt terrestre, tantôt fluviale, John passe la main dans ses cheveux souples lavés la veille et pose son regard au sol d’un air ténébreux. Le verre d’absinthe bon marché qu’il vient de se servir se vide, sans que rien ne se passe. Les minutes filent, il faut s’y mettre. La tâche qui l’attend est ardue, il s’est donné la nuit pour réécouter les témoignages, celui de cette jeune femme qui l’a pris à parti sur la scène de crime le laisse encore fiévreux... Lui a t-elle laissé ses coordonnées ? Il s’en grille une, se relève les manches et met son magnéto sur la table de vivisection.

« Jean ? Mais... Enfin... Qu’est-ce que vous foutez là ?!". Le patron de Jean se tient sur le seuil de la porte, il est revenu semble t-il pour reprendre sa chemise. »
— « Eh bien, euh...j’enquête... »
— « Et les analyses ? »
— « Quoi ? Hum pardon. Comment ? »
[Soupir, il retire ses lunettes, se frotte les yeux avec un air d’affliction] - « Jean... Jean... LES ANALYSES DE QUOI ? A VOTRE AVIS ?! VOUS ETES BIEN AVEC NOUS EN JOURNEE NON ? »
Silence
— « RÉPONDEZ-MOI ! »
— « Ou..Oui... »
— « BIEN. On vous a laissé venir avec nous sur le terrain il me semble hier ? »
— ...
— « Et bien ?! »
— « Oui. »
— « Bon, et de quoi êtes vous chargé rappelez-moi ? »
— « D’enquêter... De récolter... »
— « Mais de récolter quoi une fois pour touteuuu BON SANG ? Je vous rappelle que si votre professeur de chimie, monsieur Brache, n’avait pas insisté pour qu’on vous prenne en stage en laboratoire, vous ne seriez pas ici ! Vous seriez A VOTRE PLACE, EN COURS AVEC LES GENS DE VOTRE AGE ET DE VOTRE NIVEAU ! [Essoufflé] [Un temps] [Remet ses lunettes]... C’est à dire bien bas. »
— « Mais ne me regardez pas comme ça ! Ca fait deux semaines que vous êtes là.. Vous n’avez rien foutu ! [Silence], [Le regarde] [Il soupire], Bon. Alors. Dites moi maintenant ce que vous êtes censé faire depuis deux jours. Et vite, s’il vous plait. »
[Silence]
— « Et bien, quoi, parlez maintenant ! »
— « Je... Vous m’avez chargé d’analyser les différents échantillons de boue des berges de Conflans où à été aperçu le sujet qui... s’est enfui. »
— « Bon. Et mettez votre col de blouse correctement.. Pff ! Ridicule, je vous jure... Je vous jure... »