L’invitation au théâtre selon Bougouniéré

Le kotèba est une mise en représentation ritualisée des problèmes de la société et de ceux qui la composent. Les kotèden, qui jouent cette représentation, travaillent sur l’adresse au public, le burlesque et la satire sociale. Dans les années 1980, des artistes bamakois ont adapté le kotèba de village àla scène et aux réalités de la grande ville.

Le maana est la grande récitation publique telle que la pratiquent les griots ou les chasseurs-donsow. Épopées, contes, leçons de sagesse en sont les différents genres. Le maana se développe dans une stylistique, un rapport au public et une implication du récitant.

S’appuyant sur ces deux formes théâtrales de l’aire mandingue (Afrique de l’Ouest), la compagnie malienne BlonBa présente en France Bougouniéré invite àdîner, sa quatrième création, conduite par Alioune Ifra Ndiaye et Jean-Louis Sagot-Duvauroux.

BlonBa, structure malienne de création artistique et d’action culturelle, a été créée àBamako en 1998. Il s’agissait de prolonger l’accueil reçu par l’Antigone du Mandéka Théâtre (adaptation de Jean-Louis Sagot-Duvauroux avec Habib Dembélé, mise en scène de Sotigui Kouyaté) et de lui donner un ancrage malien durable.

Dirigée par Alioune Ifra Ndiaye, BlonBa s’efforce d’assurer son autonomie de création et de production. Ses protagonistes proposent une ouverture àune vie artistique malienne partagée entre un secteur classique toujours vivant, mais sclérosé par sa coupure d’avec le reste du monde, un secteur « international  » profondément excentré dans ses financements comme dans ses critères artistiques, l’emprise de plus en plus forte des standards marchands dans l’unique secteur guigné par les industries culturelles : la musique.

Le projet doit en outre composer avec les effets culturels du découragement et de la dépression éthique qui accompagnent le sentiment que toute perspective collective est bouchée, maladie planétaire particulièrement aiguë en Afrique.

Le Retour de Bougouniéré reprenait les personnages d’une pièce qui avait marqué le renouveau du kotèba dans les années 1980 et réunissait des comédiens très populaires de la scène bamakoise. Le spectacle a inauguré un travail de rencontre entre une forme classique malienne de représentation et le théâtre « international  ».
Ce travail s’est poursuivi avec la création de Ségou fassa, inspiré du maana, puis aujourd’hui avec Bougouniéré invite àdîner, qui tente un nouveau pas dans le kotèba. Cette volonté s’accompagne d’une large ouverture àl’échange avec les autres lignées artistiques. Elle s’enrichit du concours de créateurs venus d’ailleurs, qui choisissent de s’inscrire dans ces perspectives.


Où et quand peut-on le voir ?

Limoges : Festival des Francophonies en Limousin / Rencontres de La Villette (05 55 10 90 10) les 7, 8, 9 octobre 2005

Angers : Centre dramatique national (02 41 88 90 08) les 11, 12, 13, 14, 15 octobre 2005

Fontenay-sous-Bois : Halle Roublot (01 48 76 11 10) le 20 octobre 2005

Aubervilliers : Espace Renaudie (01 48 34 42 50) le 3 novembre 2005

Fresnes : La Grange Dîmière (01 49 84 56 90) les 12 et 13 novembre 2005

Luxembourg : Centre culturel de rencontre de l’abbaye de Neümunster
(352/26 20 52 1) le 17 novembre 2005

Saint-Ouen : Mains d’Å’uvres avec Espace 1789 (01 40 11 02 27) entre le 23 novembre et le 1er décembre 2005

Veynes (Hautes-Alpes) : Le Fourmidiable (04 92 43 37 27) les 3 et 4 décembre 2005

Choisy-le-Roi : Scène conventionnée (01 48 90 89 79) les 9, 10, 11 décembre 2005.


Information sur Africultures.

Jean-Louis Sagot-Duvauroux, écrivain et philosphe, est l’auteur de On ne naît pas Noir, on le devient (Albin Michel, 2004).

4 octobre 2005
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