Laurent Grisel, Journal de la crise de 2006, 2007, 2008, d’avant et d’après
14h25, message de la liste d’information du GISTI, le groupe d’information et de soutien des immigrés.
Il est signé de huit organisations : Act Up-Paris (sida), Cimade (protestants, aide aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, existe depuis les années 1930), Comede (comité médical pour les exilés), Fasti (fédération d’associations de solidarité avec les travailleurs immigrés), Gisti (juristes), LDH (droits de l’homme), MRAP (contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), Collectif des sans-papiers du 9e arrondissement de Paris.
Elles se sont procuré le texte gouvernemental concernant l’entrée et le séjour des étrangers en France et le droit d’asile, elles le rendent public. Texte daté du 18 décembre 2005. Nom raccourci : CESEDA, Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
Ce texte, explique leur message, « [...] prépare la disparition du droit au séjour pour les familles, les conjoints, les enfants, de toutes celles et ceux qui construisent leur vie en France. Il entérine la quasi-disparition de cet outil d’intégration qu’était la carte de résident. Il s’attaque aux malades ».[…]
Trop de nouvelles et de toutes sortes. Émotions instantanées et certitude qu’il n’en restera dans deux mois ou un an ou deux qu’un brouillard, des élancements, aucune réflexion achevée. Aucune résolution.
C’est terrifiant.
On change de monde. Il y a une course de vitesse dans laquelle nous gagnons et perdons des batailles.
Je ne peux plus me contenter de garder ces courriels empilés dans le logiciel de messagerie, à lire et se souvenir plus tard, à la merci d’une catastrophe informatique.
De toute façon je suis oublieux, tout le contraire de mon frère l’historien.
Il faut transcrire dans un journal. On verra après.
Le Journal de la crise commence le jeudi 5 janvier 2006.
Comme au début de tout projet en littérature, Laurent Grisel ignore vers quoi il avance précisément et pour combien de temps.
Il a juste cette certitude humaine et intellectuelle : il lui faut noter, raconter ce qu’il voit, ce qu’il lit, ce qu’il perçoit du monde qui arrive jusqu’à lui.
Il s’en explique dans le sommaire.
La première semaine, du 5 au 8 janvier 2006, s’intitule Le monde a été créé en sept jours, point. Qu’allez-vous chercher d’autre ?
La publication du Journal de la crise se poursuivra à raison de deux parutions par semaine, les lundi et jeudi, sur Œuvres ouvertes, le site de Laurent Margantin que les premiers lecteurs de remue connaissent bien puisqu’il fut une des chevilles ouvrières de l’action contre la vente Breton en 2002.
On peut suivre le Journal de la crise sur twitter.