Les mots miraculeux

Les mots viennent de très loin.
Mais, ils sont là. Miraculeux.
Ils ont été écrits, de vendredi en vendredi. Et puis, ils sont lus. Les voix sont fragiles, entêtées, cassées, elles ont la douceur des voix qui un jour se sont tues et pensaient que c’était pour toujours.

Nous voulions présenter une part du travail mené depuis septembre. Chaque adhérent a choisi les textes qu’il avait envie de lire. Depuis septembre, je les garde tous précieusement, comme autant de trésors, dans la poche intérieure de mon cahier noir. J’ai travaillé chez moi à un montage de tous ces mots, arrachés au silence, à l’oubli, à la nuit. Il y avait l’enfance, il y avait des souvenirs de ce qui, un jour, a existé, il y avait des rencontres, il y avait le réel, il y avait des autoportraits. J’ai tapé chacun de ces textes.
Je me souviens, le jour où je les ai tapés, m’être souvent interrompue, moi qui pourtant tape très vite, moi qui pourtant ce jour-là disposais de peu de temps - j’étais bouleversée.
J’ai écrit, moi aussi, entrelacés à leurs mots, mes mots, pour tenter de raconter ce chemin ensemble, eux et moi, depuis septembre.
Puis, le vendredi d’après, j’ai apporté les textes, et nous avons choisi des musiques pour accompagner la lecture.

Vendredi dernier, au GEM du IXème Les Neveux de Rameau, là où nous menons les séances d’écriture, nous avons lu. Il y avait des représentants de la Fnapsy, des représentants du Conseil Régional. Ceux, par lesquels, grâce auxquels, tout ce travail a pu être mené depuis septembre.
Nous avons lu, à tour de rôle, chacun, notre partition.

Les mots viennent de très loin.
Mais, ils sont là, miraculeux.

Les mots viennent de l’au-delà d’une frontière que nous ne connaîtrons jamais. La frontière, pour chacun, est différente. Elle appartient à notre histoire. L’écriture a permis de passer la frontière. L’écriture a permis cette traversée-là.
Les mots auraient pu ne jamais être.
La frontière aurait pu être la dernière ligne droite. La fin de l’histoire. La ligne qui ne se franchit plus. Celle au-delà de laquelle on tombe dans la nuit.
Ce n’était pas la fin de l’histoire. Ce n’était qu’une frontière.
Et les mots ont été là, miraculeux.

25 février 2013
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