Marc Perrin | février
Cette image, je l’ai prise début janvier 2014. Passant devant ce petit parc, j’ai vu ce banc déserté. Puis, après quelques pas, j’ai fait demi-tour, j’ai attendu quelques instants. Et j’ai pris cette image. Un peu inquiet, un peu terrifié. Et plus tard, un peu amusé me rendant compte que l’image (celle vue, celle prise) était une surface de projection. Ce qui avait vacillé en moi était l’idée de la disparition. Parce que j’ai toujours été très ébranlé et inquiété par les chaussures laissées dans la rue, souvent au bord d’un trottoir, par les vêtements étalés dans l’absence des corps sur d’autres trottoirs ou routes des villes. Mais l’on pourrait sans doute envisager d’autres interprétations, d’autres chemins d’imagination...
J’ai donc soumis la photographie autour de moi à différents auteurs avec comme proposition la saisie libre de cette image. Voici donc une variation d’écriture et de lecture.
(afghanistan)
nu complètement nu à poil je marche depuis le 25 février 1972 les talons aiguilles depuis longtemps défaits par la marche longue de ces 42 années vécues dans la patrie nation grise morne mes poils ont poussés maintenant longs comme crinière je marche parmi vous
nu en complet nu je suis un de la horde chevale humaine depuis longtemps mes talons ont troué le cuir des fines chausses aiguilles depuis longtemps mes talons de peaux humaines chevalines s’affermissent au contact direct de la terre grise patriote, morne nationale et mais mon cœur
nu dans la marche mon cœur bat parmi les chevaux humains de la horde marchant ce 22 février 2014, côte à côte, foulant le bitume de la rue du calvaire à nantes tandis que nous pensons à 14h18 précisément aux vitrines intactes de h&m, zara, c&a, naf naf, monoprix, promod, andré, pimkie, eurodif, armand thierry, flamant home interiors, oxybule éveil et jeux, maison du monde, hsbc france, moémie cosmétic, liptherm center, thomas cook, agence club med
On retrouve l’ensemble des contributions ici.