Nils Trede | La Vie pétrifiée

Un premier roman de Nils Trede chez Quidam Éditeur.


La Vie pétrifiée, premier roman de Nils Trede, nous plonge en un éclair dans un univers inquiétant et étonnant. Où solitude et intranquillité prennent place.

D’abord le décor : une ville et deux îles séparées par un pont. Pas de localisation précise mais quelques détails climatiques disent que l’on se trouve plutôt au nord qu’au sud.
Ensuite le narrateur : un homme et deux métiers, l’un (gérant d’un restaurant appartenant à sa mère qui se meurt à l’étage) sur l’île principale et l’autre (médecin de police) sur l’île numéro deux.

« Je prescris presque exclusivement des médicaments contre la douleur, contre la peur, contre les brûlures à l’estomac, contre la dyspnée, contre l’insomnie, contre le manque d’héroïne et contre les attaques de panique. Tout se passe très vite. Sauf si je prescris la méthadone. »

C’est un fragment de la vie de cet homme qui se dit « proche de tout » et qui ne cesse pourtant de mettre (parfois à son insu) de la distance entre lui et les autres, que Nils Trede nous propose de suivre pas à pas. Cet homme, fasciné par l’arrivée un soir de pluie d’une jeune femme dans son restaurant et dès lors désireux de mieux la connaître et de tenter de partager quelques désirs et idéaux avec elle, cet homme, dont on appréhende la personnalité trouble, et parfois schizophrénique au fil des pages, va peu à peu commencer à nous faire peur. C’est d’ailleurs là que réside l’une des grandes forces de l’auteur. Ce Xavier qu’il met en scène très sobrement, d’une écriture précise, sans jamais noircir le trait, semble capable de tout et peut, à tout instant, porter non seulement le malaise là où il le provoque dans le texte mais également dans la tête du lecteur !

« L’enterrement de ma mère, je voulais qu’il soit digne d’elle, mais les moyens pour cela étaient très modestes au temps de la glace. J’ai demandé aux pompes funèbres d’utiliser une pierre des murs du restaurant pour la tombe. J’ai désigné une pierre du coin où j’avais l’habitude de m’installer pour attendre les clients. Ainsi la pierre de la tombe représenterait le restaurant et moi, et comme ces deux choses signifiaient tout pour elle, la pierre contiendrait toute sa vie. »

Un itinéraire, celui d’un déjanté ordinaire (riche et élégant), efficacement restitué, par petites touches et courts chapitres, par Nils Trede. Celui-ci, né à Heidelberg en 1966, écrit en français et exerce la profession de médecin généraliste dans la région parisienne.


Nils Trede : La Vie pétrifiée, Quidam éditeur.

14 septembre 2008
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