Retards légendaires de la photographie
D’une pierre deux coups (voire trois) :
- la revue N4728, défricheuse de poésie contemporaine installée en Pays de Loire, change de nom pour devenir N47, et lance une campagne de soutien et d’abonnement, qu’on ne peut que soutenir. La revue vaut plastiquement et par ses choix, ouverts et attentifs. Abonnez-vous :
- Durant le festival Midi-Minuit, excellent rendez-vous nantais, début octobre, nous fûmes plusieurs auditeurs amis mais aux goûts fort distincts à avoir cette étrange sensation de se frotter encore les yeux longtemps après la belle lecture de ce quasi-inconnu, Thierry Froger, un moment d’étrange douceur, de ces grandes choses qui n’ont pas besoin de se surligner.
- Alain Girard-Daudon est un libraire, récemment retraité (fondateur de Vents d’Ouest, institution nantaise) et activiste qu’on ne présente plus - ou, si, on peut encore présenter le lecteur gourmand, attentif, cultivé et précis qu’il est. En avant-première de ce nouveau numéro de N47, sa recension de ce premier livre, important, de Thierry Froger.
Thierry Froger
Avant poète, Thierry Froger se présenterait sans doute comme plasticien. Né en 1973 à Chalonnes, il a étudié aux Beaux-Arts à Nantes et enseigne aujourd’hui les arts plastiques. Son travail personnel questionne l’image, son transport, sa projection, ce qu’elle dit, ou n’arrive pas à dire. Ce qui cherche à apparaître malgré l’imperfection, les « retards » inhérents à l’acte photographique. Plusieurs expositions, notamment aux Sables d’Olonne, témoignent de sa recherche.
En même temps Thierry Froger écrit, sans songer tout de suite à publier. Le temps venu, il réunit plusieurs ensembles poétiques qu’il propose à Yves di Manno. Celui-ci séduit par la force et la singularité de ces textes les publie dans la belle collection « poésie » chez Flammarion, sous ce titre magnifique : « Retards légendaires de la photographie ». Thierry Froger a dédié ce recueil à son grand-père qui tenait un magasin de photo-cinéma. C’est là, sans doute, qu’est né son intérêt pour ce qu’il appelle les dispositifs de projection.
La langue poétique est ample, élégante, précise, on a envie de dire classique. Une partie du recueil est même composée de sonnets. Il n’y a ici nulle volonté d’artifices, nulle obscurité inhérente à tant de recherches contemporaines. La poésie de Thierry Froger n’est pas hermétique, elle est étrange, étrangement envoutante. Si elle nous émeut tant, si elle nous met en joie autant qu’en désarroi, c’est bien qu’elle touche à quelque chose d’essentiel en nous.
Thierry Froger : Retards légendaires de la photographie. Éditions Flammarion 2013
N47, n°25, janvier 2014
Bulletin d’abonnement :
Sommaire / Edito / Plein Format … présentation de Serge Nuñez Tolin par C. Vogels / Cécile Guivarch par C. Vogels / Marie Huot par Y. Jouan / Thierry Froger par A. Girard-Daudon / Cahier plastique / Amandine Marembert & M.Durigneux P. Longchamp / Plurielles / Patrick Argenté / Benoît Berchoud / Julien Boutonnier / Estelle Cantala / Emilien Chesnot / Jacques Demarcq / Erich Fried / Jean-Marc Gougeon / Emmanuèle Jawad / Patrick Le Divenah / Régis Lefort / Isabelle Levesque / Béatrice Machet / Hélène Page / Clara Régy / Yannick Torlini / Jean-Marc Undriener / Cahier plastique / Philippe Longchamp & Nélida Médina / Sentiers Traduire, écrire présentation : C.Vogels / Elisabeth Gardaz / Julio Guimaraes / Camille Loivier / Jean Miniac / Ian Monk / Notes de Lecture par... / A. Bertot, A Gellé, A. Girard-Daudon, B. Machet-Franke, A. Emaz, Y. Jouan /