Tout est dans le possible

Je me souviens de la naissance de notre fille.

Le mariage n’oblige pas à avoir des enfants, mais c’est quand même une bonne initiative. Avoir un enfant, c’est dans la possibilité. Peut-être est-ce le but. C’est le sens d’avoir une propre vie et de créer une nouvelle vie.
On m’a posé la question à l’hôpital : Voulez-vous assister à la naissance de la nouvelle vie ?
Ma femme était bien d’accord. Moi, j’avais des petits doutes. Mais en fait, j’ai accepté d’assister.
Drôle de truc pour un mec, mais tout est dans le possible.
Ma femme a tenu mes mains avec une force inimaginable.
Je reste et je donne le petit sourire amoureux et amical. C’est long, cette donne de vie. Ça dure longtemps. Elle, elle a certainement des crampes au ventre. Moi aussi, des crampes, mais dans ma main.
Enfin, ça sort. Tout va bien, je me suis dit. Le meilleur n’est pas encore arrivé.
La tête en premier. Après le petit corps, accroché à un long fil.
Une infirmière me donne un ciseau et me dit avec un grand sourire :
– Coupe !
– Couper quoi ? Vous êtes devenus fous !
Mais elle me répond :
– Coupe ! Je suis là et tout va bien se passer.
Alors je prends mon dernier courage. Je ferme les yeux et je fais ce qu’on m’a demandé. Bien passé.

Mais elle n’est pas finie, cette histoire.
L’infirmière me donne le baby dans les bras et me conduit à la salle de bains.
Encore une fois, mon tour. Je baigne mon bébé. Ça bouge, ça vit, c’est bien.
Je retourne vers la maman. Bébé ne voit rien mais trouve tout de suite.
Bébé a soif. Il crie et boit sans arrêt. Ça fatigue.
Papa, maman et bébé, KO technique.
Eux, ils dorment maintenant. Moi, je quitte ce drôle d’endroit.
Je prends ma voiture et je rentre chez moi.
Bébé boit. J’attends d’arriver à la maison pour boire aussi, par jalousie.
Une bouteille de vin entier.

Bonne nuit !


Henri

Extrait de l’atelier du 6 février 2012.
© Tous droits réservés pour les textes.



14 février 2012
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