Une anthologie
Une anthologie
Une Anthologie de Laurent Grisel a paru en 1996 aux éditions du Lérot, ce sont cinq explorations, récits, proses ? comme des voyages de langue à partir d’une donne formelle précise - sans doute c’est le meilleur de ce qu’on peut les uns aux autres s’offrir : des explorations d’écriture qui ouvrent le paysage pour ceux qui suivent - parmi ces cinq récits, deux se donnent le défi formel d’un départ depuis l’art du tricotage, « point noué » ou « point d’astrakan » - on sait que nombreux sont les bibliothécaires, les libraires, à visiter remue.net : c’est la raison d’insérer, dans ce dossier, un texte déjà publié, déjà introuvable...
François Bon.
Cela vous est arrivé, à vous aussi : surprise, émotion, sensation de réussite devant un texte qui n’est pas fait pour ça.
En voici un choix : un article sur une campagne de forage du Glomar Challenger, des extraits d’un manuel de crochet, une lettre de M. Paul à la revue Phénomènes spatiaux, etc. - tout sauf n’importe quoi.
Ils sont accompagnés de commentaires qui s’attachent aux beautés du sujet ; aux rapports que celui-ci entretient avec le texte ; aux effets de miroir, ; aux rapports qui s’établissent entre auteur, sujet et lecteur ; enfin aux inventions.
Ce qui est en jeu, ce sont les rapports au sujet multiple. À vous, qui n’avez pas attendu cet essai pour aller, de continuer votre chemin, si possible pas entièrement seul.
Laurent Grisel.
POINT D’ASTRAKAN, quatrième partie
POINT D’ASTRAKAN
Ce point imite parfaitement la fourrure : il se travaille sur l’endroit ; il faut donc l’exécuter en rond ou casser le fil à la fin de chaque rang.
Monter une chaînette puis une maille simple ; dans la seconde maille de la chaînette, introduire le crochet, ramener une bouclette, ce qui donne deux bouclettes sur le crochet, faire cinq mailles en l’air, et à la dernière maille laisser glisser la bouclette restée sur le crochet, piquer le crochet dans la maille suivante pour faire une maille simple et ainsi de suite.
En faisant les cinq mailles en l’air, tenir ces mailles entre le pouce et l’index de la main gauche.
Aux rangs suivants, alterner les boucles en faisant la maille simple au dessus de la boucle du rang précédent, et le point bouclé au dessous de la maille simple.
DÈS SA CULOTTÉE promesse initiale l’auteur s’impose et nous emmène avec lui.
Les choses sont ainsi, elles ne se discutent pas : le point se travaille sur l’endroit ; il faut donc. Il n’y a que deux possibilités. Il faut ou exécuter le point en rond ou casser le fil à la fin de chaque rang.
Il faut donc à double face : impérieux mais aussi, bien obligé, rien d’autre à faire dès lors que le point se travaille sur l’endroit. Le fil est docile à condition de le prendre comme il faut.
Imiter parfaitement la fourrure : voilà l’objectif fixé. Cette netteté de vision qui vaut pour l’ensemble vaut aussi pour chaque pas. Où introduire le crochet ? On vient de le voir : dans la seconde maille de la chaînette. Où laisser glisser la bouclette restée sur le crochet ? à la dernière maille que l’on vient de faire. Ainsi tout s’enchaîne, du précédent au suivant. On avance pas à pas et avec une vision d’ensemble.
Monter une chaînette... Dans tout le texte il y a de ces attaques impératives : Ramener une bouclette... Piquer le crochet...
Non seulement des coups d’archet définis et répétés mais aussi le geste tenu, duré : tenir ces mailles entre le pouce et l’index de la main gauche. Continuité maintenue jusqu’à la fin où les gestes s’enchaînent sans difficulté : Aux rangs suivants, alterner les boucles...
Alterner : le texte et la démonstration qu’il indique s’arrêtent sur ce pur mouvement, abstraction de tout ce qui précède. Le travail continue de façon indéterminée.
Dans ce mouvement (dessus, dessous) subsiste seul le fil : maille simple, boucle, point bouclé, maille simple. Plus de maître ni d’élève ; on allait vers cela depuis le début.
Ainsi, dès les gestes précédents, monter, piquer... l’apprenti n’a sans doute pas de raison d’exister davantage. Son existence est ramenée au geste qu’il doit faire.
Quant à l’auteur, il impose sa manière, une certaine façon de prendre tout cela en main. Non pas seulement le geste mais aussi la façon de faire, de le conduire. Prêtez attention au ton du maître, à sa façon de tenir le fil : pas le moindre doute sur sa fermeté ; regardez sa façon d’introduire le crochet, de ramener une bouclette : la précision du geste ; et, à la dernière maille, comme il laisse glisser la bouclette : cette douceur ; - restée sur le crochet : l’intelligence du crochet. Voyez comme on reconnaît à son geste de piquer le crochet sa marque : ne jamais abandonner l’initiative. Enfin, entendez et ainsi de suite, cette chute qui donne à la fois la clairvoyance du maître, l’enchaînement des gestes et la continuité du fil.
C’EST COMME CELA que se fait l’imitation de la fourrure : mailles, chaînette, bouclettes ; alternativement dessus et dessous ; le fil laissé glissé et le crocheteur qui vise, pique, introduit, ramène ; la maille simple et le point bouclé - toutes ces dualités nouées d’un mouvement clair et net, précis, rythmé, maîtrisé par la vision de ce qui est, a été, sera.
Comment ne pas s’emmêler ? Ne pas se tromper ? Évidemment en faisant preuve d’autorité ou plus précisément de maîtrise. Et en allant d’un bon rythme, en suivant les conseils décisifs du maître en la matière. De sorte que sa façon de prendre les événements en main, dans leur rigoureuse succession, colore, ordonne et forme tout : le tissu qui imite parfaitement aussi bien que les gestes précis et les rapports rigoureux entre les gestes et leur tissu de résultats, les relations entre maître et élève et entre geste et tissu, etc.
Il y a une correspondance obligée entre les gestes et leur résultat. On passe dessus, dessous, c’est à l’image du tissage général.
Tout se suit, ne se mélange pas, se répond, sûrement parce que chaque élément (ou niveau ou espace peu importe), vit dans ses propres durées et que celles-ci, distinctement senties, permettent de situer chaque niveau en lui-même et par rapport aux autres. Ainsi voit-on non seulement le temps de faire le point geste après geste, mais aussi le temps que le fil met à coulisser, glisser, couler en nœuds, celui que le maître prend pour expliquer, et aussi le temps de la lecture - celle que fait l’apprenti exécutant (l’un montre, l’autre reprend, répète) comme le suggère et ainsi de suite.
Un dialogue s’installe entre la vivacité, les attaques répétées de celui qui pique, lance, ramène, tient, fait alterner - et ce fil qui donne deux bouclettes, qui reste sur le crochet, qui forme une maille simple, et ainsi de suite, de sa vie de fil. En somme une façon bien particulière d’alterner la maîtrise, la prise, la tenue - avec la compréhension.
Il y a dans donne une forme de reconnaissance dans tous les sens du terme : on voit, on identifie en même temps le processus et le résultat. Ce qui vient et prend forme sur les genoux de l’exécutant - et ses équivalents en d’autres dimensions, le texte en train de se constituer, mais aussi les rapports entre maître et élève, entre fil et geste, etc. qui s’établissent, se complexifient. Reconnaissance qui a lieu sous le regard de celui qui montre et explique, qui raconte la parfaite imitation de la fourrure en train de se faire.
En train de se faire : finalement le mouvement compte plus que le reste. Aux rangs suivants, alterner... Tout y est : alterner les boucles, le dessus et le dessous, l’auteur et l’apprenti, etc.
EN CERTAINS ENDROITS, l’auteur se montre davantage, mieux ; et simultanément on voit le fil mieux, davantage.
...ce qui donne deux bouclettes ; voila une pause après toutes ces actions. Et on est passé, petit décrochage, de l’action au résultat du geste qui en est comme le commentaire.
Et il y a aussi en même temps un autre petit décrochage, Ce qui donne : ce n’est plus le « je » fortement affirmé du premier mot de la première ligne de ce texte qui est le sujet essentiel, mais Ce, un complexe, cela qui se fait sous nos yeux, du fait des gestes, par la nature continue du fil.
Avant cette reconnaissance du fil par le narrateur-démonstrateur, lui et ses gestes étaient indissolublement liés. Le commentaire crée un espace, ce qu’il désigne se met à exister, et d’emblée, par lui-même, de sa propre souplesse. (Aucun commentaire n’a assez de force pour créer ce qui n’existe pas. Au lecteur de vérifier par lui-même ce qu’il en est. D’interroger ses propres sensations, si c’est de cela qu’il s’agit.)
À un autre moment, qui dure plus longtemps à la lecture et qui produit un effet plus sensible aussi, l’auteur est mis à distance. Le fil prend la première place et l’auteur s’il existe n’est plus que déduit de la position du fil : ...à la dernière maille laisser glisser la bouclette (premier temps) restée sur le crochet (deuxième temps) - le décalage cette fois-ci encore est double. De ce mouvement ce n’est plus, à ce moment, l’auteur qui en est à l’origine, mais la bouclette qu’il n’y a plus qu’à laisser glisser : elle existe ainsi de par sa pesanteur libérée. Puis, lui succédant, restée sur le crochet est un retour en arrière, un bref mais frappant regard en arrière, une rupture dans ce qui était jusqu’à présent progressif, continu et indiscuté.
Restée... un rappel, un regard très juste et précis, aigu. Il y en a plusieurs de ces coups d’œil obligés. A l’image de l’ensemble de l’ouvrage : il faut être absolument précis et décisif dans ses gestes, dans ses rapports avec le tissu en formation, l’œil lui aussi doit être vif.
La bouclette est d’autant plus présente qu’elle est restée sur le crochet. Sa présence attire le regard, ramène à l’instant juste passé. Elle glisse au présent. Le fil resté là sous forme de bouclette se rappelle à notre souvenir.
C’est un moment où deux façons d’être dans le temps, l’animation de celui qui fait les gestes, la tranquillité du fil, s’opposent ; l’une et l’autre sont d’autant plus sensibles à la lecture qu’elles sont conjointes et contrastées.
C’est le maître du point d’astrakan qui tient les choses en main. Aussi, dès qu’on le distingue de ce qu’il fait, dès qu’il émerge en tant que tel, pendant que le fil continue d’être noué, on ne peut que les voir l’un et l’autre. Contiguïté obligée de ces deux événements : l’auteur s’affirme, son point aussi.
POUR LE LECTEUR, pour l’apprenti, le deuxième paragraphe est une succession ininterrompue de surprises jusqu’au retour de la maille simple, l’initiale, la bien connue par quoi le paragraphe avait commencé ; et ainsi de suite indique la répétition du cycle.
Déclenchement de ce et ainsi de suite. Pour l’apprenti, pour le lecteur, était-il vraiment prévisible que ce serait à ce moment-là qu’il se produirait ?
Le lecteur (apprenti, spectateur des rapports entre maître et apprenti, geste et fil) s’attend à un retour, l’inconnue ne porte que sur le moment. De celui-ci dépendra la forme finale de l’ouvrage.
De ce que ce soit forcément l’auteur qui le déclare, on tient là sa majeure affirmation de maîtrise, de connaissance de son sujet.
Alors, à cet instant, sur l’injonction du maître, sur la seule foi de sa déclaration, l’imagination peut boucler : vagabonder la continuité, le cycle, jusqu’à ce que bon lui semble, jusqu’à ce qu’elle peut.
Mieux : imaginer le mouvement non jusqu’à une borne éloignée, de façon déterminée, mais dans son bouclage lui-même, dans sa répétition indéfinie elle-même. (C’est sans doute la raison pour laquelle tenir les mailles entre le pouce et l’index fait tant d’effet : en revenant sur cet épisode le troisième paragraphe fait ressentir le contraste maximal entre une tenue à l’arrêt et l’affirmation magistrale de la nature de l’ouvrage : sa continuité.)
Et ainsi de suite renvoie donc au lecteur, à sa propre appréciation du point d’astrakan. Mais aussi et surtout au geste et au fil. Est-ce que ce ne sont pas eux que, libéré de l’incertitude par le maître, le lecteur poursuit ? Le lecteur, l’apprenti, attachés au fil, allant à l’ouvrage résultant.
Ainsi, en même temps qu’il affirme de façon majeure sa maîtrise, le maître libère l’élève, le renvoie à sa propre liberté d’appréciation. Simultanéité nécessaire, le maître déterminant l’élève.
Qu’a été l’auteur jusqu’à et ainsi de suite ? Celui qui donnait le point et le rythme ; les mouvement de lacet, ceux de rupture ; les regards en avant, pendant, en arrière ; une façon de guider l’alternance de ceci à cela - et de s’y soumettre, de les reconnaître ; la continuité, la maîtrise, l’alternance.
Tout ceci étant donné, lancé, et n’ayant plus qu’à se répéter à l’identique, on se passe de maître aussi bien.
...en faisant les cinq mailles en l’air... tenir ses mailles entre le pouce et l’index de la main gauche est la dernière injonction imprévisible.
...aux rangs suivants... le premier rang étant fait, place à tous les autres. La main mise en évidence laisse la place à la répétition libre, sans fin définie, des gestes montrés. Cela est possible puisque maintenant tout s’est constitué : le mouvement des mains, celui du crochet, celui du fil, les rapports entre maître et apprenti. Tout cela tissé, entremêlé au texte et au tissu.
L’ultime paragraphe, lui, est par définition prévisible, c’est une synthèse ou la sommation, le sommet, de toutes les alternances précédentes. Il n’y a d’ailleurs nul besoin que cette alternance soit suivie d’un et ainsi de suite (lequel est pour ainsi dire inclus dans son énoncé même, du seul fait que cette alternance est énoncée).
Ce qui est imprévisible est ce moment où la lecture dépend tout à fait du mouvement donné par l’auteur. Ce qui est prévisible est ce moment où le lecteur avec ses anticipations joue sinon le premier rôle du moins un rôle. Peut, par construction, en jouer un. Il y a toujours de ces endroits où la possibilité pour le lecteur d’exister est aménagée dans le texte, où le lecteur est inclus dans le texte : moments en roue libre où la lecture peut aller. (Quant à la manière dont le ou les lecteurs se débrouillent effectivement, c’est une autre histoire).
Cet espace peut être ménagé de différentes façons mais qui ont toutes un point commun entre elles : au moment où l’auteur regarde le fil lui échapper, le lecteur voit tout d’un coup l’auteur individualisé en même temps et pour la même raison qu’il voit le fil se libérer.
Le maître est celui dont le regard, le geste, donc la durée réglée, donne à voir, à sentir, à comprendre, à vivre la durée, la continuité, les alternances de fil bouclé, tenu, coupé ou non à la fin de chaque rang. Mais le maître est aussi celui qui, de sa place, a créé les interstices et les répétitions par où le lecteur se glisse (un lecteur réel peut donc être le maître de ce jeu là). Le maître donne le ton mais le fait est que c’est lui, par sa mise en avant, qui donne la possibilité de prendre ses distances. Ce sont ses pas que l’on emprunte, mais il y a aussi la possibilité d’un envol propre hors ce tissage vers d’autres tissages possibles, d’autres alternances de dessus et de dessous. D’autres résonances, toutes possibles, entre l’ordre du maître d’astrakan et celui de tel lecteur à tel moment, et aussi les successions obligées, l’allure libre d’un fil ou de tout autre choses, etc.
Aux rangs suivants alterner les boucles... jusqu’au dernier paragraphe l’auteur s’adresse à la fois au fil et au lecteur. Il se parle à lui-même : c’est le geste qu’il est en train de faire ; il parle au lecteur : c’est le geste qu’il convient de faire. Ainsi, alterner fait image pour l’ensemble du texte et pour tout ce dont il traite et pour les rapports de l’un à l’autre mais aussi, encore, pour les rapports, inclus dans ceux-là, entre auteur et lecteur, parfois joints, parfois disjoints, toujours indissolublement liés entre eux et liés, dans leur rythme d’apparition et disparition, aux cycles de vie du texte et de son (ses) sujet(s).
L’AUTEUR FAIT LUI-MÊME place à un lecteur dans le texte. De là à déduire que le lecteur (celui qui lit effectivement, non le lecteur possible qui est inclus dans le texte) dépend de l’auteur, ce serait ignorer l’interstice créé entre l’auteur et son sujet dès que ce dernier apparaît mieux, dans son entier et dans son développement propre. Espace où peuvent se loger aussi bien l’ironie que l’approbation d’un quelconque lecteur lisant. Beaucoup alors dépendra de la façon de considérer ce qui s’est tramé, tissé. La distance parcourue par le lecteur entre sa façon de voir et celle de l’auteur peut être plus ou moins longue, parcourue une fois ou de multiples fois, etc.
Rien n’empêche d’imaginer un lecteur (vrai, hors-texte) en harmonie avec le ton magistral. Un autre en opposition de caractère avec ce que ce ton implique. Et toutes les nuances possibles. Imagine, toi qui me lis en ce moment, un auteur se figurant avoir trouvé quelque chose... le lecteur le regarde agiter l’air de ses bras... Que l’on adhère ou que l’on s’oppose, que l’on suive le point de vue donné ou que l’on construise le sien propre en opposition, en contraste, en appuis... toujours restera le point qui s’impose et informe la lecture, imite parfaitement la fourrure.
Quand le lecteur voit l’auteur (au moment où il voit le fil se libérer) il prend toute la mesure des différences qui existent entre l’ouvrage proprement dit et la manière de le faire, de le dire ; il prend pleinement appui sur le sujet.
La maîtrise du maître d’astrakan est mesurée par la liberté du fil, son glissement, sa tenue et la réaction en cascade qui s’en suit. Un réseau de relations, pris tout entier par ce qu’imposent les nœuds, les boucles, la maille simple... peut se tisser sous nos yeux.
Le lecteur jauge l’un et l’autre, le maître et le fil. Il dispose de toute la distance nécessaire pour les regarder, l’un et l’autre, d’un œil critique. Placé dans une situation idéale. Voyant à la fois et le fil et le maître et tout ce qui s’ensuit de leurs navettes alternantes. L’un et l’autre sont en relief, en durées relatives, chacun sur son quant à soi et dans sa marge de liberté propre ainsi que dans leur conditionnement réciproque.
Précis et puissant, délicat, ce dispositif. Il faudrait peu de choses pour le défaire. Catastrophe première : qu’un texte ne respecte pas les durées incompressibles du sujet dans le texte. Le lecteur, alors, aurait toutes les difficultés pour prendre appui sur le point. Ne serait-ce que de son fait à lui lecteur. Par exemple n’imaginant pas le point... incapable d’anticiper le retour... ou d’accueillir l’inattendu... ou encore, c’est fréquent, parce que l’auteur, tout d’un coup, cesserait de se référer au sujet ou plutôt irait à une idée qu’il s’en fait, posant en premier un commentaire tel qu’il voile l’un des événements fondamentaux de la succession, ou en change l’une des dimensions.
Imaginons encore un auteur se référant non au point mais à une image qu’il a de lui même, Monsieur dévoué, Chef écouté, que sais-je. N’importe quoi qui détruise ou seulement déplace le rapport au tissu. Ainsi d’une excessive fatuité qui le ferait accumuler les incises, déplaçant cet instant décisif où le fil se détache... Ou encore imposant au lecteur la présence encombrante de considérations inutiles.
On trouvera sur le site de Laurent Grisel, imagine3tigres.net, une présentation d’Une anthologie et le texte des dix-huit thèses sous-jacentes, la lettre de M. Paul Faiveley au magazine Phénomènes spatiaux, et le texte de la troisième partie.