Voyage de lycéens à travers les littératures arabes
Le dimanche 4 juin à 15h30, à l’Institut du monde arabe, dans le cadre de « L’Atelier, les littératures arabes en mouvement », le metteur en scène Wissam Arbache propose une rencontre avec des lycéens bilingues qui donneront à entendre un pan des littératures arabes. Francophones et arabophones, ils porteront la voix de ceux qui écrivent pour leur monde et donnent accès à l’universalité de ces cultures. Une manière de poursuivre le partage des littératures arabes avec les francophones qui les découvriront et de les rendre aux arabophones qui n’y ont pas toujours accès.
Les lectures seront accompagnées par le contrebassiste expérimental David Chiesa.
Institut du monde arabe
Salle du Haut Conseil (niveau 9)
1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris 5e
Entrée libre dans la mesure des places disponibles.
Qu’il écrive les détails oubliés par les (des) dormeurs
Tandis que tu fais danser le flanc de la flamme sur le râle du sommeil
Et accomplis ce peu de mort
Que requiert la vie pour s’éveiller
Un peu d’huile sur « Si le Peuple » suffira
Pour que « Si le peuple » se pare de beauté
La famine te donne rendez-vous entre la galette lointaine
Et les réunions des langues à blanc...
Et tu n’es pas pauvre
Mais les gardiens de tes vignes ont donné la grappe aux bourreaux
Et nous avons fêté notre poète quand il voulait vivre
Et sont arrivés les tortionnaires
Ils ont dit : Votre bien-être est dans la mort
À nous la terre – ils ont dit - et ses biens,
Et ses habitants,
Et ses côtes fabuleuses
À vous
Le panier de la misère
Et l’ignorance
Et le parti
Et les journaux mensongers
Dédicace à Mohamad Bouazizi
(traduit de l’arabe par Hala Omran et Wissam Arbache).
En voyant mon poil blanc et ma tête chenue.
Je répondis : Une heure au plus, pas davantage,
Si j’en crois ma raison ou me fie à ma vue.
Il me dit : Comment donc ? Explique-moi cela,
Tu viens de proférer une chose insensée.
Je lui dis : La maîtresse à qui mon cœur se lia
M’a laissé, un beau jour, lui voler un baiser.
J’aurai beau prolonger mes années ici-bas,
Je ne compte pour vrai que cette heure passée.
(traduit de l’arabe par Hoa Hoï Vuong et Patrick Mégarbané).
Je suis celui qui m’empêche d’arrêter de faire des erreurs
Je suis celui qui me gronde dès que j’arrête de boire pour pleurer
Je suis celui qui me console
Je suis celui qui pleure pour moi
Je suis celui qui fait mon lit et me borde
Celui qui m’offre un grand oubli
Et laisse une porte ouverte pour les enfants
Je suis ce qui me reste
De tous ceux à qui j’ai fermé les yeux
Je suis celui qui les a pleurés
Et qui a réuni leurs portraits dans le seul cadre qu’est mon corps
Je suis le passé
Dont on a brûlé le cadavre et déposé les cendres en moi
Je suis celui qui garde les morts de ma famille
Et celui qui se regarde dans le miroir pour prier pour ses ancêtres
Je suis celui à qui je caresse le visage que je regarde avec pitié
Parce que ses traits me rappellent un mort qui lui ressemble
Je suis tout cela
Et quand je mourrai
Je veux mourir comme une famille entière
Pour qu’il n’y ait plus personne à qui annoncer la nouvelle.
(traduit de l’arabe par Dima Abdallah).
Prochaine rencontre consacrée au romancier égyptien Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature 1988, le dimanche 2 juillet.