Thierry Raymond, dit Titi / Et le Titi, qu'est-ce qu'il a fait?

La Douceur dans l'abîme / le livre

le site de l'ARS Nancy

Mon grand-père était Belge. Chef forgeron, dans les mines de Charleroy. La Belgique c'est beau. Moi j'ai travaillé à Namur, Bruxelles.

Mon grand-père jouait de l'accordéon. Ah, ils aimaient bien la musique, là-haut.

Mon père est décédé à Nancy, ma mère aussi. J'ai toujours été à Nancy.

Ma mère, elle était femme de ménage. Elle est morte à cinquante-deux ans.

Tout est marqué, je ne l'oublie pas. Tout est gravé.

Quand j'étais petit, j'étais frisé, j'avais une casquette, ma mère m'a appelé Titi. Et mon frère qu'est au-dessus de moi, il s'appelle Lucien, on l'appelait Coco. Mon vrai nom c'est Raymond, et ils m'ont appelé Titi, je ne sais pas pourquoi.

Je connais bien la France. J'ai travaillé en Allemagne aussi. J'ai travaillé au Luxembourg, aux usines à gaz, il ne fallait pas fumer. En Belgique aussi, j'ai travaillé. Et soldat en Algérie, vingt-huit mois dans le Djebel. Soixante degrés de chaleur, la Légion avec nous. On tirait sans sommations. J'ai travaillé à l'entreprise Chollet, je faisais les chapes, pour le carrelage. C'est moi le plus ancien, le carrelage c'est moi qui l'ai posé, ici. J'ai travaillé dans le déménagement, j'ai attrapé une hernie discale, avec un piano. Je travaillais chez des artisans, le boulot était fait, t'avais les sous. J'ai travaillé à la RIMA, comme maçon. J'ai travaillé à mon compte aussi. Je faisais les ramonages, je gagnais de l'argent. Et les gens, ils nous demandaient.

J'ai travaillé un peu partout. Dans la famille on est de la police où on est maçon.

Mon père était sergent-chef : il n'y a pas de déshonneur ?

Le père à mon père était pompier, il est mort en 14. A ce moment-là ce n'était pas comme maintenant, les blessés on les portait dans les bras, c'est comme ça qu'il a attrapé le choléra.

Ses fils ils étaient sapeurs pompiers, trois.

Deux histoires de la rue

 

Sur la place Stanislas, on allait à la préfecture
Un petit gamin de dix ans
Il pleurait
Pas un mot de français
Les parents l'avaient abandonné
Ils l'ont mis dans la voiture et ils l'ont laissé
Je l'ai pris par la main
Je l'ai emmené au commissariat

 

Je demande une pièce pour boire un café
La dame elle me donne dix francs
Elle me dit : Vous avez mangé ?
Je dis non
Elle me redonne dix francs.
Elle était de LÀ-Haut