De retour àVillepinte

Jeudi 15 octobre 2020

Nous sommes de retour àVillepinte. Enfin. Après sept mois d’attente, nous pouvons Vincent et moi retrouver les enfants, échanger avec eux, inventer des histoires, dessiner... J’ai besoin de retrouver ces petits de trois àcinq ans pour découvrir leur énergie, leurs rêves, les histoires qui leur trottent dans la tête, les jeux qu’ils inventent, les petites douleurs qui les traversent. Je prends un immense plaisir àles observer, àécouter leur silence, àessayer de déchiffrer les petites phrases qu’ils prononcent, pour certaines ou certains àpeine audibles. Le projet d’écriture se nourrit de cette écoute.

Nous travaillons cette semaine avec deux classes de maternelle, des "moyens" (3/4 ans) et des "grands" (4/5 ans). Nous les retrouvons tous les jours pendant une heure sauf le mercredi. Le groupe des "grands", c’est celui que nous avions rencontré l’année dernière. Nous avons donc pu reprendre les deux histoires que nous avions commencées alors. Avec les "petits", nous inventons ensemble une nouvelle histoire. Et nous dessinons avec Vincent, àpartir de taches ou, comme ils disent, de "gribouillages". Ce sont des moments très joyeux et drôles.

Les trois histoires avancent bien. Je n’imaginais pas (comme souvent) qu’ils proposeraient ces récits. Il est question de labyrinthes, de pirates, d’enfants perdus, d’îles désertes, un mélange de traces de contes de fées et de quotidien, de rêves diffus et de terreurs enfantines. Je me rends compte aussi que la difficulté pour eux, c’est de ne s’en tenir qu’àune seule histoire... Si je les écoutais, il y aurait des rebondissements toutes les trois secondes, de nouveaux événements àchaque phrase, des personnages nouveaux et extravagants déboulant sans crier gare en plein milieu d’une histoire où ils semblent n’avoir rien àfaire... J’aime leur invention et leur liberté, leur frénésie de création même si je dois un peu les retenir pour que notre histoire puisse rester partageable et lisible. Je note aussi leur plaisir infini de la répétition, des comptines : dans leurs histoires, les îles s’ajoutent aux îles, les naufrages aux naufrages... Et ils ne craignent pas les dénouements tragiques. Les différents héros de nos histoires sont déjàmorts plusieurs fois, dévorés par des lions, noyés, dépecés par des crocodiles, tombés d’un arbre, jetés àl’eau par des pirates, et nous aurions dà» avoir beaucoup de nouveaux héros si je n’avais pas employé toute mon énergie àressusciter les anciens.

Et la résidence est aussi l’occasion de rencontrer d’autres enfants et familles àl’occasion de lectures et de manifestations.
Mercredi à14 h 30, nous avons présenté Aimer aimer àla médiathèque de Villepinte devant une dizaine de spectateurs familiaux et un groupe de centre aéré.
Samedi nous participerons àune Lecture en famille, avec une maman et ses deux enfants, nous répéterons un texte de théâtre jeunesse et nous le présenterons dimanche matin à11 h devant les voisins et les amis.
Dimanche à16 h, nous redonnerons le lecture dessinée Aimer aimer mais àla Ferme Godier cette fois, où nous espérons que le public sera nombreux... Nous avons la chance de ne pas être touchés par les mesures sanitaires actuelles, les enfants se couchent tôt... mais nous pensons àtous ceux qui doivent en urgence trouver des solutions àcette situation.
La semaine prochaine, pendant les vacances, nous serons toujours àVillepinte, mais dans un centre aéré pendant une semaine, avec des enfants. Des "géants" pour le coup, entre huit et dix ans, avec lesquels nous serons en immersion autour du théâtre, de l’écriture et du dessin.

Nous reviendrons àVillepinte en novembre pour une dernière semaine de résidence où nous retrouverons nos deux classes et finirons les histoires et les dessins. Avec les maîtresses on aimerait bien en faire des petits livres artisanaux qu’ils pourraient ramener chez eux, une petite trace de cette aventure créatrice. Cette rencontre avec les plus petits était pour moi indispensable pour pouvoir me lancer dans mon projet d’écriture. Celui-ci est un peu chamboulé dans sa temporalité, mais reste le même, nourri de l’observation et de l’écoute de ces boules d’énergie et de curiosité.

19 octobre 2020
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