Devant l’immense | Rebecca Elson, Sika Fakambi 5/5

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Les derniers animistes
Ils disent que nous nous sommes éveillés
D’une longue nuit de magie,
De soifs insatiables,
Feu pour feu, terre pour terre.
Un vent se lève.
Les oiseaux remuent dans les pigeonniers.
Il est si clair dans cette lumière glacée
Que le firmament tournoie en musique,
Que lorsque les étoiles forgent
Les atomes de nos êtres
Nul ferronnier à ce labeur ne sue.
Le jour pointe.
Le frimas de la raison s’instille
Dans les os de la matière
Mais la matière est impénétrable.
Les mathématiques plantent leurs dents parfaites
Dans la chair de l’espace
Mais l’espace est insensible.
Nous disons que les rêves de la nuit
Sont en nous
Comme le sang dans la chair
Comme l’esprit dans la substance
Comme l’unicité des choses
Comme dans la poussière des pigeons
La blanche lumière des ailes.
The Last Animists
They say we have woken
From a long night of magic,
Of cravings,
Fire for fire, earth for earth.
A wind springs up.
The birds stir in the dovecotes.
It is so clear in this cold light
That the firmament turns with music,
That when the stars forge
The atoms of our being
No smith sweats in the labour.
Day dawns.
The chill of reason seeps
Into the bones of matter
But matter is unknowing.
Mathematics sinks its perfect teeth
Into the flesh of space
But space is unfeeling.
We say the dreams of night
Are within us
As blood within flesh
As spirit within substance
As the oneness of things
As from a dust of pigeons
The white light of wings.
"Les derniers animistes" (voix et clarinette)
Crédits voix :
Cecilia Sá Cavalcante Schuback
Crédits musique :
Paul Lequesne, clarinette
Pour découvrir le poème 1/5 de la série, c’est ici !