écrire à la main 4 : mots sur toile

Je voudrais être quelqu’un qui a toujours le temps.
Inspirée par le lieu, tendre une toile comme une feuille géante. Plusieurs feutres de couleur, choisissez votre tonalité. Une feuille géante sur laquelle les mots timides flottent, se blottissent contre la marge gauche pour se rassurer. Pour tromper les habitudes, le haut et le bas se confondent : dans un sens, couchez vos envies. "Un jour, je ...". Et dans l’autre, sonder l’intime : un petit mot pour soi. Qu’ai-je à me dire ? Les deux pôles se font écho et créent un mouvement giratoire qui oblige à tourner et retourner le support.
Et aux antipodes, les mots flottent timidement. Ils se rangent dans le cadre d’une feuille invisible, sur des lignes invisibles. Le conditionnel l’emporte sur le futur. Les habitudes ont la vie dure.
Invités à déborder du sujet, à le piétiner, vous n’osez pas. Et dans ma langue, je peux ? Alors se dessine un entrelacs de phrases et de langues, une Europe se côtoie en noir, en bleu, en rouge. Le tout en équilibre sur une jambe noire unique. Plus de femmes que d’hommes. Les hommes s’effacent et tendent le stylo à leur femme. Alors la parole se libère. Elle flotte, libre comme l’air, s’échange entre quatre murs, ne se grave pas.
Je voudrais être quelqu’un qui a toujours le temps.
Un jour, je resterai petite.
Là, j’aperçois un hors-piste : Le piante sono tutte vive : e noi ? Les plantes sont toutes vivantes : et nous ?
Un jour, je serai pilote.
Un jour, je comprendrai
Un jour, je serai fière de moi !
Un jour, je ferai un marathon
Un jour, je gagnerai un marathon
Un jour, je serai maman
Un jour, je serai moi
Un jour, nous aurons notre petit Pinpin
Un jour, je saurai nager
Aux antipodes, pour soi, quelques mots jetés, plus désordonnés, comme s’ils se débattaient pour jaillir :
PURA VIDA
restons zen
Ta vie est belle !
Relativise
tout va bien, ça va
Gravis le premier échelon
Take a time
Prends un temps. Un tout petit temps pour soi.
Un jour, je serai quelqu’un qui a toujours le temps.

21 mai 2019
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