Ecrire le mouvement, la danse
Le 16 octobre, les 1B1, 2R2, 2P2 se sont rendus au Théâtre de Sénart pour voir le spectacle « Allegria », dans le cadre du partenariat qui lie cette année le lycée au théâtre et qui permet aux élèves de suivre un parcours du spectateur et de participer à des ateliers pratiques.

Chorégraphié par Kader Attou, « Allegria » mêlait le hip-hop et l’art du cirque, et réinventait la possibilité, aujourd’hui, d’encore une allégresse.
Le lendemain du spectacle, les élèves ont écrit à partir de leurs impressions de spectateurs. Quelle écriture pour être le relais d’un autre art, quelle écriture pour être le lieu où se souvenir d’hier l’élan, hier la joie ?
Poème surgi des traces mémorielles et des sensations, monologue intérieur (d’un danseur, d’un spectateur, de la semelle gauche d’un danseur...), dans leurs écrits les élèves ont souhaité rendre compte de cette « allegria » moderne, qui re-rêve l’époque et la danse.

Monologue d’une semelle d’un danseur (Quentin 1B1)
Ah non, non, pas encore !
C’est la 3e fois cette semaine,
En plus sa chaussette est trouée
Bon, tant pis !
Eh oh me serre pas trop quand même !
Tu m’étrangles !
3 2 1 ça commence,
Aie aie aie aie
C’est pas facile la vie de semelle
Tu l’as dit
Euh quoi qui a parlé ?
Bah c’est moi voyons
Ah, salut semelle gauche, je t’avais pas vue
Tu as regardé le match de foot hier ?
Oui, 2-1 pour les Nike, en même temps les Adidas étaient pas dans leur assiette
Oh oh oh, attends, je crois que c’est le moment où l’on saute
Et... hop !
Il est trop bien ce passage
Parle pour toi, à chaque fois moi j’ai le mal de mer
En parlant de mer, comment va la tienne ?
Oh, pas très fort tu sais, son dernier ballet s’est mal passé, maintenant elle est décousue
Aie aie aie aie
Pourquoi il nous frotte toujours par terre ?
C’est vrai ça, en plus ça couine et c’est usant
Ça y est on sort, c’est fini !
Non, c’est juste une pause.
Quoi ? Attends, ça veut dire que...
Oui, oui, c’est le final !
Oh non !
Et hip hop, aie ! Ouille !
Couine
Et on s’envole
Eh non pas encore, je crois que je vais pas résister cette fois,
Blurp, blurp, blurp
Tiens bon c’est presque fini
C’est super tous ces applaudissements
Ouais, c’est la meilleure partie
Ça y est, de retour en coulisses
Bravo gauche
Merci, bien joué, bien dansé, droite !
Attends, pourquoi il nous reprend
Ah non, non, non !
Pas la machine à laver...blip.blop,blip, blop !
Allegria, corps de la danse (Paul 1B1)
Les cheveux, pour les effets
La tête, pour tourner
Les épaules, pour bouger
Le dos, pour retomber
Le ventre, pour ramper
Les mains, pour se rattraper
Les coudes,comme des ailes d’oiseaux
Les genoux, pour glisser
Les jambes, pour sauter
Les fesses, pour rebondir
La terre, comme le ciel
Le ciel, comme la terre
Le public, comme des ombres
La lumière, comme le jour
Les ténèbres, comme la nuit
Les sauts, comme le vent
Les roulades, comme la terre
Le rideau, comme l’eau
Les mouvements saccadés, comme le feu
Les retombés, comme du tonnerre
Les saltos, comme un plongeon
La lumière et les ténèbres, comme le crépuscule
Les toupies, comme la vitesse de rotation
Les chevilles, pour s’articuler
La valise, comme l’enfer
Les masques, comme l’imaginaire
L’estrade, comme un podium
Le visage, comme une grimace
Les applaudissements, comme une récompense
Les cris, comme la joie
Les gens debout, comme des trophées
Le salut, comme la fin d’un rêve
La valise d’où un jour la danse... (Ema)
Je vois cet homme qui pose sa valise et qui avance et regarde au loin. Non ! Ne laisse pas cette valise seule ! Il arrive, il arrive par derrière et vient comme si de rien n’était pour la prendre. J’aurais voulu te crier « retourne-toi » pour éviter cet affrontement. Trop tard. Soudain, les mouvements s’enchaînent. Puis tu disparais et le drap tombe. Vous marchez tous, les uns derrière les autres en haussant les épaules. La lumière d’un bleu puissant laisse seulement apparaître vos silhouettes sur une musique plutôt rythmée. Vous vous ressemblez tous et j’ai du mal à vous distinguer. Je n’arrive même plus à vous compter. Vous êtes tous mélangés et mon regard se perd. J’admire seulement la beauté de cet instant. Puis vient le moment où le drap recouvre la scène et d’un coup des vagues rouges apparaissent. Et comme pour braver ces vagues déchaînées, vous passez les uns après les autres et vous dansez. Vous dansez parce que c’est ce que vous aimez et les vagues sur lesquelles vous dansez vous transportent, et toujours avec cette lumière rouge d’une intensité subjuguante et qui nous emporte à notre tour dans un rêve éveillé. Moi aussi j’aurais voulu être sur scène et parcourir cet océan déchaîné à coup de mouvements rythmés sur la musique douce et mystérieuse qui vous accompagnait. La seconde d’après, le drap disparaît de nouveau et dévoile un homme caché. Comme noyé par les vagues. Comment est-il arrivé là ? Je préfère ne pas résoudre cette énigme et je savoure pleinement ce moment. Il danse encore et juste toujours. Il est accompagné puis seul et enfin il revient avec sa valise. Il la pose et en sort un livre qu’il feuillette quelques instants puis le repose dans la valise et regarde l’horizon quand tout à coup... le livre bondit de la valise ! D’abord, surprise ! Il remet le livre dans la valise et aussitôt le livre en ressort ! Ma curiosité est à son comble. Soudain, j’ai l’impression de devenir folle. C’est moi ou ?... oui, oui, c’est bien une main qui sort de cette valise, puis une tête, puis tout le corps du danseur se dévoile lorsqu’il sort de la valise. Comment a-t-il fait ? Il se met à danser au moment où des pieds se mettent à danser en rythme avec lui. Je ne comprends pas, et à ce stade je ne cherche plus à comprendre. J’en prends plein les yeux et je pense que je ne suis pas la seule. Le final est beau. Les gens applaudissent tous en rythme tandis que les danseurs pliaient les genoux sur cette musique russe. Quel beau moment de partage avec les danseurs, si beau moment !
« Il faut quand même trouver un sens » Monologue d’un spectateur (Edgar, 1B1)
Ça va, je suis à côté de Théo, je ne devrais pas m’ennuyer.
Ah, enfin ! Les lumières s’éteignent. On va voir ce que ça donne. Pourquoi je ne me suis pas renseigné ? C’est quoi, comme genre de spectacle ?
Un homme avec une valise ? Je suis sûr que cette valise va être l’intrigue de toute l’histoire. Pourquoi ils veulent lui voler la valise ? Il a rien fait ! C’est cool, c’est de la danse, ça a pas l’air ennuyeux.
Ils dansent super bien !
Et ça s’enchaîne bien.
De quoi ça peut bien parler ? Il faut quand même trouver un sens.
La musique va bien avec la danse.
Rien que la ressentir dans son corps, c’est beau.
Ça va bien avec les mouvements, les gestes qui se suivent.
Pourquoi ils rejettent toujours un membre du groupe ? Alors qu’ils marchaient tous du même pas, y’a deux minutes.
On dirait que ça parle de l’amitié. Comme quoi certaines amitiés sont superficielles et arrangées, et d’autres sont de véritables amitiés.
C’est bien pensé. La mise en scène, avec l’ombre des danseurs, et le décalage. La réalité, le superficiel, le rêve.
Ce drap, on dirait une mer de sang. C’est sûrement une métaphore pour dire que certaines personnes font des sacrifices. Mais c’est vachement joli.
Mais qu’est-ce qu’il fait là lui ? Je l’ai même pas remarqué ! C’est magique !
Ils gèrent quand même.
C’est la première fois que je suis autant attiré par de la danse. En plus il y a toute une histoire derrière.
Allegria ? Ça veut dire quoi ?
C’est déjà fini ? Il est quelle heure ?
Le coup de la valise, c’était trop drôle quand même. J’ai peut-être rien compris au spectacle mais au moins c’était cool.
J’imagine être dans la tête des danseurs pendant cette salve d’applaudissements. Ça doit être génial de faire plaisir aux gens avec l’art. Ils ont du mérite quand même. Des semaines, des mois, des années peut-être de travail pour un spectacle qui marque les gens !
De petit singe de miroir à la scène (Clémence 1B1)
A l’ouverture du rideau, une petit boule d’appréhension me vient subitement dans mon estomac « vont-ils l’aimer » « vont-ils ressentir ce qu’on veut leur transmettre » Je regarde tout autour de moi, le visage fermé de mes camarades, mes amis. Un silence insoutenable et une concentration optimale. 1, 2,3 lever de rideau, mon souffle se coupe et je me lance avec ma petite valise, bon un peu grande quand même. Je regarde droit devant moi, un public immense ayant les yeux rivés devant moi. Les scènes défilent, les applaudissements résonnent dans toute la pièce .un sourire intérieur me vient subitement en moi, voir que ça leur plait est la chose qui me fait extrêmement plaisir. Je danse, je bouge, comme je peux. Mon amour pour la danse et les chorégraphies rythmées est vu par des centaines de personnes
– à l’époque, c’était mon simple miroir qui me voyait quand je gesticulais comme un petit singe. Mon travail est enfin contemplé et je suis HEUREUX. La dernière danse, les dernières minutes se finissent « déjà fini ». Une vague d’applaudissements pendant de longues minutes, la salle se lève avec un sourire aux lèvres en fin de spectacle m’arrive droit au cœur. Merci à vous, merci d’être venu, MERCI SENART, merci.
Pas danser seul, en groupe ! (Raphaël 2 P 2)
Je suis pressé de rentrer en scène, voir le public, la sensation d’être devant beaucoup de personnes. Je suis le dernier qui rentre en scène donc je veux absolument épater le public les voir avec un grand sourire et un visage avec un air impressionné, la figure que j’ai préparée, pour moi elle est dure à réaliser, mais pour le public elle sera incroyable donc il faudra m’appliquer et me mettre à fond dedans, car je vais faire une figure très difficile à réaliser mais je veux que le public soit impressionné par ma figure, il faut que je la fasse sans la rater. Et c’est parti, je me lance je pense qu’à la figure et hop j’ai réussi et le public applaudit, ils sont impressionnés, je suis heureux, je me sens à l’aise maintenant. Maintenant il faut continuer mais maintenant pour moi c’est simple car on est tous ensemble et on va s’aider mais nous connaît cette partie déjà donc elle sera moins dure. Je me sens apaisé, heureux, content d’être là avec mes amis et danser devant un grand public et une salle merveilleuse. Depuis petit j’aime la danse, mais pas n’importe quoi, j’aime le hip hop et depuis petit j’en fais. J’adore ! mais j’aime pas danser seul, je danse que quand on est en groupe et le hip hop c’est l’idéal, donc je me suis inscrit a la danse en hip hop et j’adore, et je fais de ça mon métier.
Ode à l’allegria (Léo 1B1)
Allegria,
Toi spectacle de hip-hop,
Toi et ta lumière changeante
Avec tes couleurs si particulières
Que l’on ne peut que aimer
Allegria, toi la joie.
Avec tes danseurs qui nous
Offrent la vie et nous rendent
Joyeux.
Tu aurais dû voir,
Tous ces visages souriants a ta sortie
On t’a adoré.
Avec tes éléments,
Air ; eau ; lumière
Tout ceci nous a donné
La joie, nous a rendus heureux
Et nous a fait sourire.
Ta musique si particulière
Si belle et surtout
Si instrumentale et classique.
Toi allegria,
Et tes danses si belles.
Que l’on pourrait,
Qualifier de magiques.
Cette magie qui nous
A entraînés
Dans un autre monde,
Dans un monde magnifique.
Et ton dernier tableau,
Si beau, si joyeux,
Si tout que l’on a
Adoré.
Merci a toi,
Allegria,
Merci pour cette
Soirée inoubliable
Je m’en souviendrai.
Les voleurs (Erwan, 1 B1)
cet homme malle à la main
attend jusqu’au matin
toute cette foule qui la voulait
immensité se l’arrachait
comme désarticulé
ils bougeaient tels des dégénérés
soudain tous disparus
et deux sont revenus
un affrontement singulier
face à un vent glacé
allait soudain commencer
tournoyant comme le vent
retombant à même la terre
cela nous faisait tomber en arrière
et nous glaçait le sang
soudainement tous arrivèrent
leurs pas se synchronisèrent
l’euphorie de la danse
prenait enfin tout son sens
à chaque pas qu’ils faisaient
mon cœur semblait s’arrêter
ils gravirent deux marches
et leur ombre était pareille
ils entamèrent une démarche
jusqu’à atteindre des merveilles
deux,trois,quatre sortir de la malle
faisant voler les livres
implacables tel un maréchal
jusqu’à ce que nos cœurs s’enivrent
la noirceur les envahit
telle une nuée de papillons
nous les vîmes partir
comme des voleurs sans nom
leurs frêles genoux plièrent
sous le poids de commotion
ils nous saluèrent
car telle est leur profession.
Debout dans les vagues (Hawa 1B1)
Être debout dans les vagues
Être debout dans le tournis.
Danser sur les vagues.
Danser comme une toupie jusqu’à avoir le tournis.
Un homme laissé dans les vagues.
Tomber de tournis.
La salle qui applaudit comme une vague.
La salle qui applaudit sans s’arrêter comme le tournis.
Les danseurs continuaient de danser sous les applaudissements des vagues.
Les danseurs continuaient de danser dans le tournis.
Chacun leur tour les danseurs font leur révérence comme une vague.
C’ est la fin du tournis
Assise à les regarder (Irina 1B1)
Il est 19h05, je suis dans le théâtre, ils sont tous là. Je ne suis pas dans mon univers. 19h30, je rentre dans la salle, je m’assois, mais qu’est-ce que je fais ici ?, à cette heure ci je serais dans mon lit sur mon téléphone. Le spectacle commence d’un coup, le rideau tombe, la musique qui rentre en moi, les basses qui font trembler ma peau et les danseurs avec de grands pas et leurs mouvements de bras qui brassent l’air, c’est comme un courant d’air, j’ai l’impression d’être sur scène avec eux, de faire tous ces grands mouvements, comme s’ils ressentaient à la fois de la joie et à la fois de la colère et même de la solitude. Leurs mouvements me font penser à de grandes vagues et qu’ils m’emmènent en même temps, qu’ils m’absorbent dans leurs mouvements. Je suis là, assise à les regarder mais je ferme les yeux et j’ai l’impression de danser, comme je le veux et sans jugement. Il me manque plus que mon lit pour fermer les yeux et imaginer la suite.