Étienne Vaunac | Prendre suint (journal poétique)

Pendant dix semaines, on lira ici – à chaque livraison hebdomadaire – trois des poèmes qui composent un travail d’écriture en cours entre océan et montagne, dunes et tors, congères et branchies, vannes et laves. Chaque livraison est précédée d’une photographie empruntée à un souvenir de marche.

Prendre suint - 9

Anges, mésanges : mécompte du ciel. Les enfants jouent autour de la nappe en papier. Combien ce sachet de dragées peut-il contenir de tristesse, pour qu’on se soit donné à dix mille ans de là la mort, ou le mot ?...

Prendre suint - 8

La poésie fait la renommée des êtres. Elle ne fait même que les renommer : seul est ce qui est dit. La poire que j’écris n’est pas celle que je dis que je mange...

Prendre suint - 7

Le poète est une espèce en voix d’extinction. Bruyamment il bruisse dans les feuilles où le monde s’écrit...

Prendre suint - 6

Quelle est la forme géométrique d’une penne de pouillot, d’un regard ou des tiges ramollies par l’eau, venues s’agglomérer sur la paroi d’un vase guilloché ?...

Prendre suint - 5

Où notre corps se tient-il, sinon tout au bout de nos sensations, là où l’intelligence n’est qu’une ombre portée depuis de lourds volumes oubliés sur des escarpolettes ou des guéridons en fer forgé ?...

Prendre suint - 4

Quatrième livraison. Le poème ne fixe rien de ce que nous savons voir : il n’est que le pense-bête – de quelque manière qu’on prenne cette expression – de ce que nous ne saurons jamais ne pas avoir vu...

Prendre suint - 3

Troisième livraison. Quelque part meurt un monde. Ses plantes agonisent dans la siccité des loams et des prairies. Ses animaux hurlent dans la nuit qui les prend. Ses livres tournent aux reliques...

Prendre suint - 2

Deuxième livraison. Le soir exige la joie de la houe. C’est dans ces moments si particuliers du soir que sont l’été, les os ou les guêpes, qu’écrivent les poètes. La poésie nous tient lieu de famine...

Prendre suint - 1

Première livraison. Suint, la graisse que sécrète la peau du mouton, et qui se mélange à la laine. Le suint est le dernier territoire de la chair vive, d’emblée basculé dans l’existence technique du cérémonial humain...