Parler du harcèlement

Le harcèlement scolaire existe depuis toujours.
Il y a toujours eu des bandes, menées par des grosses brutes. Des jeunes mis à l’écart, brutalisés, ostracisés parce qu’ils ne rentraient pas dans un cadre, ou parce que simplement, leur tête ne revenait pas à quelques-uns. À l’époque de mon adolescence, on n’en parlait pas. On avait honte en silence. On pleurait loin des regards des autres. Et quand on rentrait chez soi, on pouvait enfin souffler.
Parfois, ce répit ne suffisait pas. Et on tentait de s’échapper de façon définitive…
Les téléphones portables et Internet ont changé la donne. Aujourd’hui, le harcèlement scolaire ne se limite plus au cadre strict de l’école, du collège ou du lycée. Il poursuit le.a harcelé.e jusqu’à chez luiel. C’est paradoxalement le cyberharcèlement et de ses conséquences parfois dramatiques qui a permis l’identification de ce phénomène et l’émergence d’une politique de lutte contre le harcèlement – même si elle est, en France, toujours insuffisante.
Même si, quand on cherche des supports pour en parler avec les classes, ceux-ci ne manquent pas : films, séries, romans, bandes-dessinées, etc.
Ayant été moi-même harcelée lorsque j’étais au collège, ce thème me tient à cœur et j’ai tout de suite accepté le projet de résidence que m’a proposé la médiathèque de Goussainville.
Ainsi, de janvier à juin, deux classes de CM2 (Gabriel Péri et Saint-Exupéry) ont inventé, par groupes le plus souvent, différentes histoires autour du harcèlement. Jean-Philippe Chabot, illustrateur et dessinateur de BD, a participé aux séances d’illustration. Arlette et Alice, les deux maîtresses, ont aidé leurs élèves à libérer leur parole et à prendre confiance en eux.
Le résultat ? Des textes illustrés par une autre classe. Un échange en miroir. Le procédé a permis de travailler en groupe, favoriser l’entraide plutôt que la compétition, établir une correspondance entre deux classes, permettre des échanges autour de ce thème et libérer la parole, tels étaient les objectifs de cette résidence – et je crois qu’ils ont été atteints.
De mon côté, je termine cette résidence avec de beaux souvenirs, et plus riche en expérience humaine…
À tou.te.s, je vous souhaite de belles lectures et de beaux échanges qui, j’espère, favoriseront l’entraide et la solidarité !

Charlotte Bousquet

14 juin 2022
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