Thibaud Saintin / Ici tropiques

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Ici tropiques c'est dehors le temps, toujours, pour qu'on en parle autant, et dedans qu'on s'en abrite, à ne même plus se demander ce qui fera passer l'humide chaleur et la colle puante des échappements partout dans l'air. Dedans le ronflement de "l'air-con". Simplement entendu simplement raconter, et pourtant c'est une variante à peine d'autres instantanés (non, pas banals, ça serait trop facile) : sur EDSA, une nuit très tard, à l'heure où on n'a que le goût pas la vue du nuage roux au-dessus des files de voitures, deux types torses nus, les pieds (striés par l'attache bleue des tongues) reposant sur l'arrière de la cabine où il n'y avait pas de place pour eux, allongés à même l'entassement de porcs égorgés, secoués comme des morceaux de tissus sale, dorment profondément. Et le petit camion sans une lampe valide accélère dans un gros pet de fumée. Il roule vaguement au milieu, on double par la droite en faisant "pout-pout" pour prévenir. Au-dessus, la Skyway forme un toit de béton suintant sur cinq kilomètres (ces cinq-là que seuls quelques-uns peuvent payer 55 pesos). Une élève l'an dernier avait parlé d'un vieil ouvrier qu'elle avait vu dormir sur une poutre, quinze mètres au-dessus.