Dans la lune… et de fil en aiguille

Dans la lune…

Le numéro 10 de la revue Dans la lune vient de paraître ou presque. C’est une revue de poésie destinée aux enfants de cinq, six, sept à cent, cent dix-sept ans. Garantie 100 % décarêmélisée. La rédactrice en chef est Valérie Rouzeau et l’artiste invité en novembre 2007 Benoît Jacques.

Au sommaire : Valérie Rouzeau, Sandra Moussempès, Nolwenn Euzen, Laurent Grisel, Bernard Bretonnière, Christophe Lamiot Enos qui traduit Maria Jastrzebska, Jacques Demarcq pour le deuxième épisode de Gérard de Verbal, Benoît Jacques. On lira :

Nolwenn Euzen : Dimanche trois temps, travail en cours

les mouettes tournaient
au-dessus du champ
une valse de ravel
passait à la radio
huit pattes paniquées
par terre une araignée
j’entendais sur le coup
une musique atonale
je conduisais
plein ouest à l’horizon
le commentateur précisait
concerto pour piano
c’était chostakovitch

Bernard Bretonnière : Paroles de là, Paroles à la médiathèque, section adulte…

Je voudrais savoir si Léon l’Africain est rentré.

Je cherche un livre qui me dise comment s’est passée la Seconde Guerre mondiale.

Je voudrais des histoires vécues, des biologies, quoi.

Qu’est-ce que vous appelez une cote, en fait ?

On peut parler quand même c’est pas une église ici !

Laurent Grisel : Notes pour vers de terre

nonnousnetran cheronspasles vers deterre
nonnousnetr ancheronspasles versde terre
nonnon nousneRetrancheronspaslesVersde terre
NonNonNonNousNeSeronsPasDesVersDeTerre
nousne trancheronspas lesversdeterre
nousnenous RetrancheronsPas desversdeterre

La revue Dans la lune n’est pas vendue en kiosque. Seulement au Centre de créations pour l’enfance de Tinqueux et surtout par abonnement.
8, rue Kléber
51430 Tinqueux.

…et de fil en aiguille

puisqu’il est question de Valérie Rouzeau, les éditions Wigwam [1] viennent de publier le doux et allant Apothicaria :

Je me redeux
M’aperçois passante et m’arrête dans la vitrine d’une pharmacie ancienne avenue des Batignolles
J’ai mis mon cœur aux encombrants dessous un bouquet d’anémones
Mais je n’ai pas jeté ma vie

et TraumfabriK a réédité Ce n’est pas le printemps, poèmes écrits pour des tableaux d’Edvard Munch :
Nuit d’été (Inger au bord de l’eau), 1889
Homme et femme, 1893
La Voix, 1893
Mélancolie, 1894-1895
Le Baiser, 1897
Les Solitaires, 1906-1907
Le Printemps, 1889

de Mélancolie Valérie Rouzeau écrit :

La mélancolie du jeune homme allume un ciel couchant au bord de la mer bleue, au bord de la mer grise, en plein cœur de l’été.

et dans un autre livre, Gérard Titus-Carmel :

Dans ce tableau fiévreux, on voit au premier plan, à droite, un personnage encore jeune – Jappe Nilssen, dit-on, mais, à nouveau dans son ombre, Munch lui-même – le « semblable seul » -, la joue appuyée contre la main et perdu, semble-t-il, dans une morne rêverie. Derrière lui se tord un paysage de grève, dont les lignes sinueuses découpent le rivage en flaques vertes, ocrées par endroits, qui vont s’épuiser dans la lointaine silhouette d’un couple debout sur un embarcadère où est amarrée une barque jaune.

c’est un passage de Edvard Munch, entre chambre et ciel de Gérard Titus-Carmel, récemment paru aux éditions Virgile dans la belle collection Carnet d’Ateliers. Cette « rêverie critique » nous conduit à travers l’œuvre et la vie du peintre norvégien sur le thème de la chambre considérée à la fois comme le lieu de la vie intérieure et l’espace pictural par excellence d’Edvard Munch. La description et la lecture des tableaux que donne Gérard Titus-Carmel sont une méditation de peintre et d’écrivain sur l’acte de voir

ici on entendra le débat « La littérature en peinture (et réciproquement) » qui avait réuni Gérard Titus-Carmel, Guy Goffette, Hubert Lucot et Yves Peyré autour de Dominique Viart afin d’évoquer Bram van Velde, Henri Michaux, Pierre Bonnard, Paul Cézanne et Edvard Munch

et puisqu’il est question d’Edvard Munch, le projet Le Cri du photographe Sylvain Bouillard repose sur un dispositif très simple : se promener avec un appareil photo numérique et demander aux personnes croisées de « faire Le Cri de Munch ». Suite à l’invitation lancée sur le blog des éditions TerreNoire, plus d’une dizaine de photographes anonymes ont envoyé des centaines d’images de leurs proches en train de crier

et maintenant qu’il a été question du Cri, Edvard Munch. L’enfant terrible de la peinture d’Arnaud Cathrine est une « biographie romancée » parue dans la collection Belles Vies des éditions L’école des loisirs. Le texte, scandé par le vol des tableaux de Munch dans les musées norvégiens, s’attache particulièrement, comme son titre l’indique et selon la version cinématographique qu’en a donnée Peter Watkins en 1974, à célébrer la jeunesse plutôt que la peinture, le récit prenant fin à sa sortie de la clinique du Dr Jacobson en 1908.
Cependant Munch continuera de peindre jusqu’en 1944, année de sa mort. Dans son atelier d’Ekely il réalisera ses plus beaux tableaux, ceux qui avancent vers vous à la vitesse d’un cheval blanc au galop et dont la force renverse votre regard.

24 décembre 2007
T T+

[1Lecture et rencontre autour des éditions Wigwam avec Jacques Josse, Valérie Rouzeau et un invité encore surprise, le dimanche 16 mars à 19 heures au Centre Cerise, 46, rue Mortorgueil, Paris 2e.