Benoît Artige | Figures libres, Jean-Louis Florentz

Dans un livre écrit par un vieil arpenteur des cinq continents, il avait lu cette phrase qui ne le quittait jamais : “le tamaris est l’arbre que Dieu a créé pour ombrager les anges” et, dès qu’un tamaris surgissait dans son paysage, il tentait d’apercevoir, cachés dans la ramure, les grandes ailes de brocart, la tunique pourpre et la couronne de cheveux blonds tressés sur fond or – ainsi que Fra Angelico peint les anges et ainsi qu…˜il s’imaginait qu’ils apparaissent aux Hommes. Mais ce que n’avait pas précisé le vieil arpenteur des cinq continents et ce qu’il avait compris de lui-même à force de patience, c’est que les anges se montrent seulement aux êtres capables d’attendre les signes que Dieu envoie. Alors, souvent il s’allongeait sous les frêles branchages…¯agités par l’air du soir…¯tels les lambeaux légèrement rosés…¯d’une mémoire très ancienne et il attendait : que le sommeil vienne et avec lui le songe, le silence et – parfois – le chuchotement de Dieu.

15 mars 2021
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