Commentaires des naïades

Chapitre 9 : Dans lequel on entendra des voix s’élever au bord des fleuves



Rajouter de la voix à des monuments muets, des hommes d’État datant de l’époque de l’archiduc d’Autriche, à des inconnus qui fendent une foule saccadée dans un décor 1930, ou commenter des épreuves sportives s’accomplissant désormais à l’écran dans un silence de coton, c’est tout de même une curieuse expérience. On (je veux dire, l’auteur-en-résidence avec la complicité de l’Institut national de l’audiovisuel et du Festival de l’Oh) s’est livré également à l’expérience suivante : proposer à des auteurs très jeunes (naïades et naïadons, nés au siècle dernier, mais tout juste) des images de la Bièvre et du Gange – pour qu’ils rédigent à leur tour un commentaire, puis le déclament, c’est-à-dire accompagnent ces apparitions de leurs voix plus ou moins limpides.

Le sens était à deux doigts de se perdre dans le passé (le lointain) ou pâlir avec les images elles-mêmes : heureusement, grâce aux paroles, le revoilà : le sens authentique ou un autre, tenant lieu d’authenticité à la place de l’authenticité.

Vous trouverez ci-dessous quelques photogrammes extraits de deux documentaires muets : Procession à Dehli (1949, British Paramount) et La Bièvre (1964, Journal de Paris). (Il y est question, comme toujours, d’eau, de baignade, d’assèchement et de crue.) Ci-dessous toujours, quelques commentaires audio, fraîchement sauvés du Déluge.


Bords du Gange









Bords de la Bièvre














En supplément, une variation acrostiche, ou ode en hommage à l’auteur-en-résidence (composée avec la mesure, la sagacité et le sens de l’observation caractéristiques de cette génération).

11 juin 2011
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