Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189...

Une vingtaine de dessins de Gérard de Palézieux [1] illustrent l’édition Kaeser (Lausanne, 1947) du Grand Meaulnes.

Le site "Noces d’encre" recueille avec infiniment de ferveur nombres de ressources concernant Alain-Fournier, dont une bibliographie des éditions illustrées.

Rêvons encore, avec cet incipit [2] reconnaissable entre tous :

Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189...

Je continue à dire “chez nous”, bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n’y reviendrons certainement jamais.

Nous habitions les bâtiments du Cours Supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j’appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours Supérieur, où l’on préparait le brevet d’instituteur, et le Cours Moyen. Ma mère faisait la petite classe.

Une longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l’extrémité du bourg ; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village par un grand portail ; sur le côté nord, la route où donnait une petite grille et qui menait vers La Gare, à trois kilomètres ; au sud et par derrière, des champs, des jardins et des près qui rejoignaient les faubourgs... tel est le plan sommaire de cette demeure où s’écoulèrent les jours les plus tourmentés et les plus chers de ma vie - demeure d’où partirent et où revinrent se briser, comme des vagues sur un rocher désert, nos aventures.

24 juillet 2005
T T+

[1Les lecteurs de Conférence, ont pu souvent y admirer ses gravures

[2cf. la réflexion de François Bon dans l’une de ses "leçons" de la Villa Gillet : progresser vers une présentation du monde comme problème