Malika Wagner | À la page

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JOUER AVEC LA LITTERATURE CONTEMPORAINE

Le but de ce jeu est de permettre à un public non spécialisé de situer des auteurs connus dans une perspective critique tout en partageant un moment de forte convivialité. L’idée de base est de répondre à la question, en apparence toute bête, qu’entendent tous les jours maints libraires : qu’est-ce qu’un roman contemporain ?

En s’appuyant notamment sur les travaux de défrichage de l’équipe de chercheurs de Lionel Ruffel à St Denis, le jeu bien que rigoureux dans le fond, reste d’un abord facile.

Jeu — première partie

100 auteurs sont inscrits deux par deux sur une carte divisée par un / pour bien montrer leur différence.

En tout, le joueur possède donc 50 cartes en main.

En piochant dans les mots clés (voir à la suite) il doit établir un lien entre mot et auteurs. Le nombre de liens est déterminé par un lancé de dé. Un 3 signifie par exemple qu’il faut trouver 3 auteurs correspondant au mot clé.

Exemple : Feminisme : Beauvoir, Ernaux, Darrieusseq.

C’est une combinaison simple. Il en existe de plus ardues.

Mais le plus important pour participer à ce jeu, n’est pas d’avoir tort ou raison, mais de partager le point de vue de l’équipe adverse. Plus on a de références en commun, plus on marque de points.

AUTEURS

Louis Aragon
Simone de Beauvoir
Albert Camus
Nicolas Bouvier
Alain Robbe-Grillet
Michel Butor
Jean-Marie Le Clézio
Patrick Modiano
Louis-Ferdinand Céline
Annie Ernaux
Hervé Guibert
Marguerite Yourcenar
Marguerite Duras
Nathalie Sarraute
Charlotte Delbo
Samuel Beckett
Georges Perec
Alice Zeniter
Kamel Daoud
Boualem Sansal
Alain Mabanckou
Marie N’Dyaye
Olivier Cadiot
Christine Angot
Amélie Nothomb
Simon Liberati
Eric-Emmanuel Schmidt
Jean d’Ormesson
Patrick Chamoiseau
Dany Lafferrière
Lyonel Trouillot
Jean Echenoz
Joël Baqué
Tanguy Viel
Marie Darrieussecq
Philippe Sollers
Claude Simon
Virginie Despentes
Medhi Charef
Faïza Guene
Pierre Michon
Michel Houellebecq
Didier Daeninckx
Bernard Weber
Philippe Djian
Franz Kafka
Marcel Proust
Milan Kundera
Imre Kertesz
Elfriede Jelinek
Thomas Bernard
Peter Handke
Joël Dicker
Paul Nizon
Stieg Larsson
Louis Borges
Gabriel Garcia Marquès
Umberto Ecco
Primo Levi
Elsa Morante
Alberto Moravia
Elena Ferrante
Cesare Pavese
James Joyce
Virginia Woolf
Ernest Hemingway
William Faulkner
Toni Morrison
Flannery O’Connor
Tennesse Williams
James Ellroy
Stephen King
Jack Kerouac
William Burroughs
J.D Salinger
James Baldwin
Henry Miller
Paul Auster
Don de Lillo
Brett Easton-Ellis
Philippe Roth
Joyce Carol Oates
Tom Wolfe
Naguib Mahfouz
Salman Rushdie
Mahmouhd Darwich
Amos Oz
Edgar Kerets
Italo Svevo
Fernando Pessoa

THEMES

Absurde
Géants du modernisme
Réalisme magique
Amérique Post-atomique
Amérique rebelle
Ecrivains du Sud des Etats-Unis
Ecrivains voyageurs
Monologue intérieur
Révolte individuelle
Afro-Américains
Esclavage
Antilles
Surnaturel
Merveilleux
Ségrégation
Guerre
Mémoire
Israël
Palestine
Sensations
Burlesque
Créolité
Fantastique
La fiction comme allégorie
Littérature monde
Ecrivains engagés
Courant de conscience
Inceste
Aventuriers
Journalistes
Suicidés
Névrose
Psychanalyse
Post-freudisme
Théorie de la confédération d’âmes
Post-colonial
Métisse
Maghreb
Judéïté
Sexualité
Religion
Formalisme
Minimalisme
Maximalisme
Littérature factuelle
Nouveau roman
Verlan
Ironie
Autofiction
Genre
Mitteleuropa
Post-communisme
Goulag
Féminisme
Prix Nobel
Romans noirs
Homosexualité
Holocauste
Tourisme sexuel
Théâtre
Romans tradis
Nouvelliste
Styliste
Roman sociologique
Lutte des classes
Roman populaire
Littérature urbaine
Rock
Addiction
Société de consommation
Hédonisme
Individualisme
Médias
Futilité
Banlieue
Immigration
Ethnique
Dérision
Inquiétude
Mélancolie
Mysticisme
Identité
Désespoir
Désenchantement
Sépharade
Lyrisme
Nature

Deuxième partie

Finalement les quatre grandes catégories où il faudra ranger une œuvre ou en dégager les principales influences.

Cette partie du jeu diffère de la première : si l’équipe qui joue trouve l’adéquation optimum entre un auteur et une époque et que son choix est validé par les autres équipes, son score est doublé.

CLASSIQUE, MODERNE, POST-MODERNE, CONTEMPORAINE.

Nous choisissons comme fil conducteur, - il y en existe d’autres- , le rapport au temps, pour différencier chaque période.

POUR LES CLASSIQUES, la référence au temps est l’éternité de Dieu (ou de la nature, selon les époques ) et l’homme est régi par un ordre métaphysique qui le dépasse mais dans lequel, s’il accepte de s’y soumettre, il trouve sa place.

POUR LES MODERNES, la soumission à l’ordre « naturel » ne va plus de soi. C’est un temps de rupture. La science a remplacé la nature. Le rapport au temps n’est plus lié à l’éternité mais à l’avenir, source de progrès humain. La révolution industrielle accentue ce phénomème qui trouve son apogée en Occident avant la première guerre mondiale.

POUR LES POST-MODERNES, l’idée de progrès, déjà très ébranlée par la première guerre, est totalement discréditée après 1945 quand on découvre l’horreur dès camps de concentration. L’idée de la science comme facteur de progrès humain se trouve invalidée. La science ne permet pas de résoudre les questions ethiques, il faut la surveiller pour éviter ses dérives. C’est l’ère du soupçon. Toutes les idéologies occidentales porteuses d’un certain progrès, « bienfaiteur » pour l’humanité, s’effondrent en entraînant avec elles, la chute des empires coloniaux.

Le post-modernisme est avant tout un mouvement de protestation se définissant comme critique vigoureuse de tout ce qui l’a précédé, en particulier, le modernisme et son idolâtrie de la technologie et de la science. Son rapport au temps est donc un bilan, un moment de pause critique.

Il faut toutefois respecter une nuance entre les post-modernes, qui sont gens de cette époque, et les post-modernistes, le faisceau « militant » de la contestation anti-moderniste.

POUR LES CONTEMPORAINS, la période s’ouvre sur la chute du mur de Berlin qui remet en cause la contestation d’un modèle progressiste et économique devenu universel. La technologie fait un bond en avant, notamment en matière de défense ( missiles anti-ballistiques, drones, satellites) et d’informatique (financiarisation des marchés à l’échelle planétaire). L’humanité perd le contrôle de son espace et de son avenir. C’est le fameux NO FUTURE des punks. L’avenir est flou, incertain et pour certains pessimistes, inenvisageable. Pour d’autres, c’est au contraire, l’occasion d’une ré-invention vitale. A l’inverse de la plupart des post-modernistes, les contemporains ne sont ni dans la dénonciation, ni dans le bilan, mais dans le jeu créatif qui reprend souvent les éléments des périodes précédentes pour créer un mix neuf et sans préjugé répondant malicieusement aux attentes du public et du marché. Pour les contemporains, même si le rapport au temps et à l’avenir n’est plus toujours clair, le rapport à l’argent et au marché est, contrairement à leur prédécesseurs, d’une parfaite limpidité. La technologie n’est pas nécessairement un péril mais source de bien-être et solution ultime aux maux causés par…la technologie.

Malika Wagner

18 novembre 2018
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