Ateliers d'écriture, mode d'emploi
"L'ouvrage que publient Odile Pimet et Claire Boniface se présente
comme un guide pratique pour les animateurs d'ateliers d'écriture.
Le livre s'ouvre donc sur une série de conseils pour celles et
ceux qui souhaiteraient créer et animer un atelier d'écriture.
Mais l'essentiel de l'ouvrage est consacré à des descriptions
de séances, extrêmement variées, regroupées
autour de cinq grands thèmes : exercices de style, autobiographie,
fiction, pastiches, réécritures. Originales et diversifiées,
les situations d'écriture sont souvent ludiques (logo-rallye,
la demande d'augmentation, j'écris sur les murs, etc.) mais elles
sont aussi l'instrument de la découverte de soi et d'une réflexion
sur la relation avec l'autre (écrire l'amour, le corps, le désir
; écrire à plusieurs voix ; lettre à l'écrivain
qui a changé ma vie, etc.).
Parce que la littérature est au coeur du livre (faire des digressions
avec Marcel Proust, une méthode autobiographique avec Agota Kristof,
le sens de l'étrange avec Marcel Béalu, etc.) et que tous
les types d'écriture sont abordés, Ateliers d'écriture,
mode d'emploi est une véritable mine d'idées et de pistes
pédagogiques pour les professeurs de français, y compris
ceux qui ne sont pas familiers des ateliers d'écriture. L'ouvrage
offre en effet de quoi renouveler et rendre plus ludiques les activités
d'expression écrite." NRP.
Odile Pimet et Claire Boniface, ESF éditeur, collection "
Didactique du français ", Paris, 1999.
un entretien avec Corinne Abensour pour la Nouvelle Revue
Pédagogique, n°1, septembre 1999.
Depuis quelques années, les ateliers d'écriture qui
se sont implantés avec succès dans le secteur social et
le domaine de la formation, gagnent tous les niveaux de l'institution
scolaire : de l'école jusqu'à l'université. Au
collège aussi, vous êtes de plus en plus nombreux à
avoir recours aux ateliers d'écriture pour animer des séances
en petits groupes avec des élèves en difficulté
ou tout simplement pour mettre en oeuvre des activités différentes
de nature à donner le goût d'écrire.
Pour ceux d'entre vous qui souhaiteraient découvrir la démarche
des ateliers d'écriture ou pour ceux, plus expérimentés,
qui sont à la recherche de nouvelles idées pour animer
des séances, un livre vient de paraître qui offre des conseils
et des pistes concrètes. Nous vous présentons cet ouvrage
ainsi que le témoignage d'un de ses auteurs, Claire Boniface,
Inspectrice de l'Éducation nationale et romancière, qui
a organisé les premières " Rencontres des ateliers d'écriture
".
NRP : Pourquoi vous êtes-vous intéressée aux
ateliers d'écriture ? Votre intérêt pour cette démarche
est-il lié à vos activités professionnelles ?
Claire Boniface : Je me suis d'abord intéressée personnellement
aux ateliers d'écriture, hors de toute considération professionnelle.
Écrire en atelier d'écriture m'a passionnée, m'a
fait écrire j'ai à ce moment-là publié un
roman . Puis j'ai eu envie de participer à différents
types d'ateliers pour aborder l'écriture par d'autres angles
et enfin la fibre pédagogique l'a emporté : j'ai suivi
une formation pour animer des ateliers d'écriture, j'en ai animé
et ai créé une association , tout en réunissant
de la documentation et en cherchant un ouvrage qui fasse le point sur
le phénomène des ateliers d'écriture qui semblait
en pleine expansion. Cet ouvrage n'existait pas : nous l'avons fait,
suite à une enquête qui a mis en évidence la diversité
des ateliers d'écriture .
NRP: Comment définiriez-vous l'objectif des ateliers d'écriture
?
C. B. : À mon sens, il n'y en a pas qu'un. Ils diffèrent
selon que l'on vise le développement personnel (l'écriture
est un moyen au service de l'expression de la personne, de la relation
avec autrui, voire d'une thérapie), ou l'expérience de
la création littéraire. Il y a bien sûr des chevauchements,
et l'on peut viser la littérature, voire la publication, développer
une meilleure maîtrise de la langue, des techniques, et découvrir,
comme dit Proust, " un autre moi que celui que nous manifestions dam
nos habitudes, dans la société, dans nos vies ".
NRP : Qu'est-ce qui fait la spécificité de la démarche
des animateurs d'ateliers d'écriture ?
C. B. : En général quatre étapes : motivation,
production, communication, réaction. L'atelier d'écriture
déclenche l'écriture, crée la motivation, dans
un certain plaisir ; nombre d'ateliers se situent hors classe, hors
école, voire contre l'école, ou du moins contre certaines
pratiques scolaires (le " bien écrire ", la correction); une
autre caractéristique est la pratique de la " publication " des
textes (par la lecture orale de ceux-ci et parfois par la circulation,
voire le recueil des textes) ; enfin, l'utilisation des réactions
des autres, et pas seulement de celui qui conduit la séance,
amène dans certains ateliers à réécrire,
à reprendre les textes ; la fréquentation de la littérature,
que ce soit par la présence d'un écrivain qui anime l'atelier,
ou celle de textes littéraires, est une caractéristique
de certains ateliers.
NRP : Quelle peut être la place des ateliers d'écriture
au collège?
C. B. : Ce peut être un atelier pour volontaires, hors temps
de classe, organisé par un professeur ou une documentaliste passionnée,
qui vise une autre approche de l'écriture que celle proposée
en classe. Ou encore un atelier de pratique artistique avec un écrivain,
défini par un texte officiel qui très clairement " donne
priorité au désir d'écrire " autour d'un projet
qui " relève plus de l'énoncé d'intentions que
d'une programmation ", toujours pour des élèves volontaires.
Enfin, ce peut être la pratique d'un enseignant dans sa classe,
fondée sur des objectifs pédagogiques, visant à
initier les élèves à la fabrique du texte - comme
dans un atelier- où le rôle des interactions entre pairs
est essentiel et où le texte est un chantier et non pas une copie.
Précisons que l'appellation " atelier d'écriture " n'est
pas... déposée et peut qualifier toute pratique qu'on
décide d'appeler ainsi.
NRP : Est-il possible d'animer un atelier d'écriture si l'on
n'a pas soi-même expérimenté la démarche
en tant que simple participant ?
C. B. : Ce doit être possible puisque de nombreux animateurs
le font ! Chez les enseignants, souvent, c'est le fait d'avoir expérimenté
- en stage de formation par exemple -la participation à un atelier,
même bref, qui les amène à l'introduire.
Personnellement, je pense que pour un animateur professionnel, il est
hautement souhaitable d'avoir participé à un atelier d'écriture.
Pour un professeur, qui est un professionnel de la pédagogie,
je serais plus nuancée. Ce qui est très utile, c'est surtout
de se confronter à ses propres difficultés d'écriture
pour pouvoir mieux comprendre les difficultés des élèves
et l'investissement personnel qu'entraîne l'écriture.
NRP -. Votre ouvrage Ateliers d'écriture, mode d'emploi présente
des " séances clés en mains ". Quelle utilisation les
enseignants peuvent-ils faire de votre ouvrage ?
C. B. : Tout dépend de leurs objectifs. S'il s'agit d'expériences
ponctuelles, voire hors de la classe, ils peuvent piocher en désordre
dans nos propositions d'écriture, pour renouveler le rapport
à l'écriture et à la lecture. S'ils veulent introduire
des séances dans une progression pédagogique, alors c'est
à eux de choisir la séance qui répond à
leurs objectifs en fonction de notre catégorisation : propositions
ludiques, gammes d'écriture ou exercices de style ; propositions
centrées sur la création de fiction ; propositions stylistiques
à partir d'un écrivain ; propositions incitant à
la réécriture et à l'écriture plus longue.
L'adaptation de certaines séances est prévue, sous forme
de variantes.
NRP : Vous accordez une place primordiale à la littérature
dans votre livre. Pourquoi ? Est-ce que la participation à un
atelier peut développer, outre le goût d'écrire,
celui de la lecture ?
C. B. : L'atelier d'écriture peut dépasser la simple
recherche du désir d'écrire et du plaisir d'écrire,
tous deux essentiels. Il peut permettre à l'apprenti, quel qu'il
soit, de devenir un amateur de littérature peu à peu éclairé.
L'atelier d'écriture l'aide à devenir un familier des
écrivains qu'il fréquente, sans sacralisation, en apprenant
à les lire en rapport avec sa propre écriture, en découvrant
des techniques, les motifs des effets produits sur le lecteur, des libertés
littéraires qui encouragent l'audace, et aussi des affinités
personnelles avec des univers littéraires.
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une intervention dans AUTREMENT, n°146, juin 1994,
" Machines à écrire " : De la voix à la machine
Dans les ateliers d'écriture, les textes sont d'abord lus à
haute voix. Plus ou moins joueuses plus ou moins chargées d'émotion
les voix masquent l'écrit. La dactylographie vient, elle aussi,
faire écran au texte lui-même. Ce "passage" est cependant
une avancée décisive...
Ecrire est une activité solitaire : saisi par l'inspiration,
l'artiste, contemplant les précipices d'une nature tourmentée,
pareille aux affres du coeur humain, gratte le papier d'une plume électrisée
dans une tour battue par le vent. Ou bien, habité par une scène
sanglante mais passionnelle sur fond de terrain vague de banlieue, il
fait cliqueter sa machine à écrire dans sa chambre de
bonne. Ou encore, ayant digéré Joyce, le Nouveau Roman,
le néo-polar et le retour du sujet et du récit, il permute
deux phrases sans ponctuation sur son écran. Mais toujours SEUL
!
Et pourtant, dans les clubs de quartier, à la fac, dans les
bibliothèques, en entreprise, dans les prisons, dans des associations,
des stages de vacances, à l'école, dans des groupes informels,
se multiplient des ateliers d'écriture. Qu'est-ce qu'un atelier
d'écriture ? C'est un dispositif collectif en quatre étape
: l'animateur fait une proposition d'écriture ; les participants
écrivent ; ils communiquent leurs textes, en général
oralement, puis réagissent aux textes des autres.
Les objectifs des ateliers d'écriture varient suivant le public
et les partis pris des animateurs : déblocage, découverte
de soi, ou bien jeux d'écriture à la manière oulipienne
, ou encore exploration de "son écriture ", travail du style,
et même véritable création littéraire, voire
recherche de publication.
Même variété dans les propositions d'écriture
qui recourent à des contraintes linguistiques (écrire
sans e à la manière de Perec), à l'autobiographie
(une maison d'enfance), à l'élaboration littéraire
(faire une nouvelle pour un concours, écrire un roman).
Dans la plupart des ateliers, les textes sont lus oralement sur-le-champ.
C'est une publication. Les réactions, selon les types et les
exigences des ateliers, vont du simple enregistrement positif (" j'aime
beaucoup ton texte ") au commentaire technique ("je me demande si l'alternance
de la tentation à la troisième personne et du monologue
intérieur ne fait pas procédé "), en passant par
les commentaires de réassurance psychologique ("bravo, cette
fois-ci tu as fini ton texte"). Quoi qu'il en soit, il y a découverte
à l'audition, par le groupe et l'animateur, d'un texte inédit.
La manière de lire n'est pas anodine : on peut entendre un texte
intéressant massacré par une lecture hésitante,
un texte convenu mis en valeur par une voix théâtrale,
un texte dont on appréciera mal l'humour en raison des inflexions
de la voix, un texte plat étoffé par une voix chargée
d'émotion. Émotion : l'exposition du texte à tous
décontenance l'auteur, le thème autobiographique ranime
les fantômes d'un matériau inconscient, ou encore la lecture
orale fait du texte visuel, familier à l'auteur, un autre texte,
sonore et surprenant, provoquant le trouble d'une révélation.
Toujours est-il que l'accès au texte est brouillé par
le corps : la présence de l'auteur, la voix de l'auteur. Il ne
s'agit plus de lecture, mais de spectacle. L'attention nécessaire
au texte subit un déplacement vers la personne. On sera donc
indulgent en sentant la fragilité exprimée dans la lecture,
perplexe face à un texte mis en lambeaux par une voix qui avale
les mots, méfiant devant l'acteur qui aura par la voix exprimé
ce qui manque au texte.
De nombreux ateliers s'arrêtent à la communication d'un
premier jet oralisé Certains sollicitent la dactylographie et
la photocopie des textes.
Pour ceux qui ont déjà une pratique d'"écrivant
", la machine à écrire, l'ordinateur, sont familiers.
Pour d'autres qui accèdent à l'écriture grâce
à l'atelier, il faut faire cette acquisition, puis un apprentissage
de la frappe. La motivation se déclare à cette occasion.
On utilise d'abord une machine mécanique prêtée,
puis on s'offre la petit Canon qui permet de corriger une page et, quand
le pli de la réécriture est pris, que les textes s'allongent,
on passe au traitement de texte.
Le texte, qui avait été précédemment lu
dans l'atelier à haute voix, acquiert tout à coup une
dignité, un maintien nouveau. On ne le reconnaît pas d'emblée.
On oublie la voix qui donnait de la chair au terme pour découvrir
que ce, n'est plus le corps de l'auteur qui s'interpose, mais celui
du texte : des caractères épais et ordi-naires des vieilles
machines, avec des fautes de frappe corrigées à la main,
aux élégants caractères Times sur Macintosh, des
photo-copies noircies aux exemplaires individuels tirés sur machine
laser, l'inégalité est de mise, réglée par
les machines. Certains varient les caractères d'une séance
à l'autre. On raffine la mise en page. On fignole, on bichonne
amoureusement ses propres productions.
À l'occasion de la dactylographie des textes, même si
l'inten-tion correspond à une simple copie, l'auteur passe déjà
à la cor-rection. Un texte est rarement transcrit à l'identique.
C'est une astuce pour mener les participants au retravail du texte.
Les réactions à la lecture orale et à la lecture
visuelle sont dif-férentes. Des mises en relations s'effectuent,
les réactions subjec-tives s'affinent : pièces en main,
les commentaires deviennent plus précis, plus techniques. Tandis
que l'audition interdisait les retours en arrière et imposait
une impression d'ensemble, le travail sur le texte dactylographié
devient un travail sur la langue : les participants griffonnent des
annotations, on parle du texte avec plus de distance : il a cessé
d'être une parole pour devenir un objet.
Quand le travail du texte concerne des versions successives, le traitement
de texte s'avère indispensable. Puis, l'agrafage, au-delà
de vingt pages, ne suffit plus ; on passe à la reliure. Parfois
- c'est très rare - le manuscrit revient dans l'atelier sous
forme d'un livre publié. On compare avec le manuscrit d'origine
sur lequel chacun avait indiqué ses commentaires, ses approbations,
ses désaccords. On découvre l'objet livre, son papier,
ses caractères, sa mise en page. Le livre défait l'illusion
que le texte existe sans son enveloppe, comme une âme sans corps.
Claire Boniface
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un entretien dans la revue ECRIRE AUJOURD'HUI, n°14,
septembre-octobre 1992
Claire Boniface est Inspectrice de l'Éducation nationale. Elle
est l'auteur, notamment, d'un essai sur les ateliers d'écriture,
qui paraît ce mois-ci. Louis Timbal-Duclaux évoque avec
elle le thème de cet ouvrage.
E.A. : Pourquoi un livre sur les ateliers d'écriture ?
Claire Boniface : Parce qu'ils se multiplient. N'importe qui peut ouvrir
un atelier d'écriture. Et il s'en crée partout : à
l'école, dans les hôpitaux, dans les maisons de jeunes,
dans les formations pour chômeurs, à l'Université,
dans les associations, dans les maisons de retraite, en prison, la liste
est interminable ; j'en ai même découvert à l'armée
! Ce développement tous azimuts nécessite de faire le
point, de dresser un état des lieux, de voir qui fait quoi et
comment.
E.A. : Comment vous y êtes-vous prise pour étudier
le phénomène ?
C.B. : J'ai moi-même participé à de nombreux ateliers
d'écriture avant d'avoir l'idée d'écrire ce livre.
Leur diversité m'a donné envie de la faire connaître.
Puis j'ai procédé à une enquête en rencontrant
nombre d'animateurs, de participants et de responsables culturels. J'ai
également recensé la documentation existant sur le sujet.
E.A. : En résume, que trouve-t-on dans votre livre ?
C.B. : D'abord, je tente d'expliquer ce phénomène et
de retracer son histoire, puisqu'il existe des ateliers depuis 1969
en France. Je détaille les grandes tendances, des " psy " aux
littéraires, des formalistes aux " émotifs ", en montrant
des filiations et des différences. Ensuite, je présente
les différents milieux où l'on trouve des ateliers, pour
montrer que les pratiques correspondent à des objectifs différents
: par exemple, avec des alcooliques ou avec des étudiants en
scénario, les perspectives d'un atelier d'écriture sont
différentes. Je fais une petite virée à l'étranger,
aux USA évidemment, mais aussi en Amérique du Sud et même
au Japon, pour dégager la spécificité de notre
phénomène français. Enfin je rends compte de ce
mouvement de plus en plus net, celui des écrivains qui, sollicités
par les institutions culturelles, se mettent à animer des ateliers
d'écriture, en particulier auprès des publics en difficulté.
E.A. : Quels conseils donneriez-vous à un de nos lecteurs
désireux d'aller dans un atelier d'écriture sans savoir
lequel choisir ?
C.B. : Je lui suggère de se poser ces questions : est-ce parce
qu'il écrit déjà et souhaite améliorer ses
techniques et son "style", voire être publié, est-ce par
désir de pratiquer une activité "culturelle", est-ce pour
mieux se connaître, mieux se sentir, partager son goût de
l'écriture avec d'autres, etc. Si le désir d'écrire
avec d'autres est flou, et parfois il est trop complexe pour être
clair, je conseille d'essayer plusieurs ateliers. La plupart organise
des séances de "sensibilisation". Mais je pense que la lecture
de mon livre aidera le lecteur à aller vers un type d'atelier
plutôt qu'un autre.
E.A. : Votre livre donne-t-il des adresses ?
C.B. : Il se termine par "le bottin des ateliers", forcément
incomplet puisqu'il en naît tous les jours...
E.A. : Vous allez également organiser un colloque en 1993
: de quoi s'agit-il, et qui peut y participer ?
C.B. : Pendant trois jours seront réunis tous les grands noms
des ateliers d'écriture, de l'Oulipo à Élisabeth
Bing. Des tables rondes alterneront avec des ateliers qui permettront
aux participants d'avoir un aperçu de la diversité des
pratiques. Les participants seront aussi bien des professionnels de
l'animation (animateurs, enseignants, formateurs, écrivains)
que des "curieux" désireux d'en savoir plus.
Propos recueillis par Louis Timbal-Duclaux.
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